La ministre française des Armées, Florence Parly, est annoncée à Bamako aujourd’hui. En provenance de Ndjamena, au Tchad, où elle a entamé une visite de deux jours dans les deux pays, hier lundi 4 novembre. Selon les médias français, cette visite intervient dans un contexte de crise sécuritaire extrême, notamment la mort au Mali d’un soldat de l’opération Barkhane et l’attaque meurtrière contre la base des Forces armées maliennes à Indelimane, dans le secteur de Ménaka. Qui a fait plus de cinquante morts dans les rangs des FAMa.
Dans certaines circonstances, les autorités maliennes pouvaient réserver un accueil princier à « l’hôte de marque ». Mais, dans un contexte de forte émotion et d’indignation des Maliens et des Maliennes, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, doit refuser la main « ensanglantée » tendue de la ministre française des Armées. La raison est toute simple. Ils sont nombreux les Maliens qui croient de plus en plus que le pays dit des droits de l’Homme est très impliqué dans ces attaques barbares contre les FAMa. C’est toujours le statuquo : Un petit pas en avant et deux de géant en arrière depuis l’intervention des forces françaises au Mali. De Serval en janvier 2013 à Barkhane aujourd’hui. Pour cela, il convient que les autorités maliennes prennent toute leur responsabilité pour faire honneur à leur engagement de pacification du pays. Un engagement contracté depuis la campagne électorale de 2013. Tous les candidats en son temps avaient étalé au peuple souverain du Mali leur plan de sortie de la crise. Et, par le coup du sort, c’est celui proposé par Ibrahim Boubacar Keïta que les Maliens, dans leur majorité, ont choisi. Six ans après, on est toujours à la case de départ, nonobstant la signature en deux temps d’un accord pour la paix et la réconciliation, en mai et juin 2015, avec les groupes armés, en particulier la métastase du Mnla, qu’est la CMA.
Est-il besoin de rappeler qu’à la signature de ces documents, beaucoup de Maliens avaient rejeté les conditions dans lesquelles cet accord a été négocié. De même, les termes de l’accord avaient été dénoncés par les mêmes gens. Rien que pour cela, la France et les Nations unies, qui ont parrainé cet accord bidon, devraient faire pression sur leurs alliés (le Mnla et les supplétifs présumés djihadistes) pour faire honneur à IBK qui a bravé la volonté de son peuple pour leur plaisir, au nom de la paix et de la réconciliation. Mais, la montagne d’espoir a accouché d’une petite souris, humiliant IBK face à ses adversaires politiques.
La France peut jurer devant l’Eternel, mais elle ne pourra convaincre aucun esprit averti de son innocence dans ces expéditions meurtrières contre les Forces armées maliennes. Le professionnalisme des attaques, les matériels lourds utilisés sur les champs de bataille et la précision des tirs des obus qui pilonnent les positions de l’armée malienne prouvent à suffisance que les quelques hommes squelettiques qu’on montre dans les images sur les réseaux sociaux ne sont pas les vrais auteurs des attaques. Tous les spécialistes en armements conviennent que l’artillerie n’est pas une unité faite pour non professionnels. Nul n’ignore que le sérieux avec lequel les casernes sont tenues ne permet pas au tout venant de s’y infiltrer pour analyser le dispositif déployé à l’intérieur. Or, l’analyse de la situation oblige à croire que c’est quelqu’un de l’intérieur qui donne la position des FAMa en temps de repos.
Par ailleurs, il est connu que l’artillerie travaille avec des cordonnées précises, prises soit par des techniques modernes, notamment le GPS, soit par les satellites ou les drones. Même pour prélever des cordonnées GPS, l’opérateur est obligé d’être dans la zone. Donc, il faut un travail en amont. La question est de savoir comment l’ennemi peut-il s’infiltrer au cœur du dispositif des militaires maliens pour prendre ces cordonnées à leur insu ? A l’évidence, cette hypothèse est à écarter d’un revers de main. Les seules forces autorisées à s’infiltrer dans les dispositifs des FAMa sont Barkhane et la Minusma. Entre les deux forces, il y a forcément une qui joue à la taupe et à la complicité avec les assaillants. C’est dans ce cadre que Barkhane est pointée d’un doigt accusateur. Parce que c’est la France de Nicolas Sarkozy qui a armé le Mnla contre le Mali en 2012. Et en 2013, lors des opérations de libération du septentrion malien des griffes de la horde de barbares à la solde d’Iyad Ag Ghaly, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Sarkozy, Alain Jupé, le mentor de l’actuel Premier ministre français, Edouard Philippe, a donné de la voix. Rappelant à François Hollande le devoir de respecter les clauses du contrat secret que l’Etat français a signé avec le Mnla pour déstabiliser le Mali, afin d’obtenir des autorités maliennes l’exclusivité de l’exploitation des ressources minières et pétrolières du pays, à défaut de l’Indépendance de cette partie de son territoire. Et François Hollande et son ministre des Affaires étrangères, Jean Yve Le Drian, ont obéit au doigt. Depuis, c’est le statuquo. C’est pourquoi on est dans cette situation de ni paix ni guerre. Aussi, les Maliens sont-ils convaincus que la France tire cette guerre en longueur pour qu’elle obtienne la partition du Mali à l’usure. Pour cela, les Maliens doivent se mobiliser et faire obstacle à cette démarche.
Le ton de cette nouvelle approche doit commencer par cette visite de Parly. Un comité d’accueil spécial doit être mis en place pour la circonstance. Celui-ci organisera les hommes et des femmes vêtus de noir avec une bandelette rouge portée sur la tête ou sous forme de brassard avec une pancarte portant le drapeau français et un grand point d’interrogation planqué au front, le long de son parcours, de l’Aéroport Modibo Keïta au Palais du peuple, à Koulouba. Cela, dans le cas où IBK ne réussissait pas à la dissuader de se rendre dans la capitale malienne.