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Dans le centre du Mali, la naissance d’un jihad paysan
Publié le mardi 5 novembre 2019  |  la-croix.com
Mali:
© AP par DR
Mali: Le groupe islamiste Ansar Dine libère l`otage suisse Béatrice Stockly
24 avril 2012.Tombouctou.Mali. A un point de rendez-vous dans le désert de Tombouctou,les combattants de Ansar Dine montent la garde au moment de la libération de Béatrice Stockly enlevée le 15 avril dernier dans le nord du Mali
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Le visage dissimulé sous un épais turban, il sillonne les rues de Mopti avec sa charrette à deux roues. Anonyme, il se fond dans la foule de commerçants et de badauds. Même sa femme ne connaît pas son secret.

Durant les quatre années qu'a duré son absence, Ibrahim (prénom d'emprunt) est officiellement parti «en aventure», comme on désigne en Afrique de l'Ouest le fait d'émigrer.

En réalité, il a rejoint le jihad.

L'épicentre des violences qui déchirent le Mali depuis 2012 a glissé, en quelques années, de Kidal et Tombouctou, dans le nord, vers le centre du pays. Entre attaques jihadistes, conflits intercommunautaires et banditisme de grand chemin, la situation est devenue incontrôlable et s'aggrave de jour en jour.

Ibrahim fut l'un des hommes d'Amadou Koufa, le chef de la katiba Macina, qui sème l'effroi dans la région au nom du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda.

Prédicateur issu d'une famille pauvre de la région de Mopti, Koufa a donné un visage et un ancrage local au jihad international, en s'appuyant sur les frustrations propres à la région et en recrutant d'abord au sein de la communauté peule, dont il se pose en défenseur.

Un jour, alors qu'Ibrahim fait paître ses moutons près du campement familial, des émissaires enturbannés viennent à sa rencontre. «Tu seras bien payé et tu te battras pour appliquer la charia de Dieu», lui promettent-ils.

Le berger, qui peine alors à nourrir ses six enfants, se laisse convaincre. «J'étais dans une telle pauvreté, je ne pouvais pas refuser», lâche le repenti dans un murmure, les yeux fixés vers le sol.

Son revenu est multiplié par vingt: 300.000 francs CFA par mois (environ 450 euros), une fortune pour cet homme qui n'a connu que la brousse. Mais la fortune a un prix.

Il lui faudra devenir un exécuteur. Quatre années durant, il sera combattant, attaquera des villages et tuera «beaucoup de gens».

- Regards fuyants -

Après avoir déserté, il y a trois ans, Ibrahim n'a pas pu rentrer chez lui. Il a changé de nom et, à 45 ans, vit dans la clandestinité. Avec une peur, celle d'être un jour retrouvé par ses anciens compagnons d'armes.

A Mopti, où il n'a pas d'attache, cet homme aux traits déjà usés n'est qu'un «pousse-pousse» anonyme qui livre des paquets pour gagner quelques francs, parmi des centaines d'autres dans la ville de quelque 150.000 habitants.

La «Venise du Mali» a souffert. Pendant longtemps, les touristes s'y arrêtaient avant de poursuivre leur route vers la majestueuse falaise troglodyte du Pays dogon ou d'aller visiter les mosquées en terre crue du XIXe siècle, nombreuses dans la région.

Désormais, ceux qui échouent dans la grande ville du centre sont des déplacés fuyant leurs villages brûlés, d'anciens guides désœuvrés à la recherche de petits boulots ou d'ex-combattants désireux de se faire oublier.

Les femmes continuent à laver leur linge dans l'eau saumâtre du fleuve Niger en compagnie de

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