A l’annonce de la mort, samedi, du 28e soldat français engagé au Mali dans un attentat à l’explosif aussitôt revendiqué par l’EI, Emmanuel Macron a salué le « sacrifice » du brigadier Ronan Pointeau dans « la lutte contre le terrorisme ». La ministre de la Défense Florence Parly y voit la confirmation que « le combat n’est pas terminé au Sahel dans un contexte sécuritaire dégradé ». Un euphémisme pour reconnaître les angoisses suscitées par la recrudescence des attaques jihadistes et des violences intercommunataires menaçant au-delà du Mali l’ensemble du Sahel.
Six ans après le déclenchement de l’opération militaire Serval pour barrer la route de Bamako aux groupes jihadistes, l’intervention française « Barkhane » est dans l’impasse face à la multiplication des attaques et la faiblesse de ses alliés du G5 Sahel. L’armée malienne encaisse coup sur coup, comme vendredi dernier lors d’un raid dévastateur à motos et pick-up contre un de ses camps du nord du pays. Bilan: plus de 50 morts qui s’ajoutent à ceux d’attaques similaires aux confins du Niger et du Burkina Faso. Les revendications formelles et opportunes de l’EI après la mort de son « calife » Baghdadi ne doivent pourtant pas tromper. Au Sahel, pas de califat mais un terrorisme qui prolifère sur une variable infinie de « franchises », de l’ancêtre Al-Qaïda aux groupes récents prospérant sur l’abandon des états centraux, les trafics, la misère et les conflits intercommunautaires.
L’équation est d’autant plus complexe pour la France que la reconstruction de l’État malien et la sécurité du pays sont restées des vœux pieux. Au point que ses alliés locaux du Sahel, européens et américains, doutent de la pertinence d’un engagement militaire plus conséquent et que l’accueil enthousiaste initial réservé à Serval vire localement à l’hostilité. Sans solution clé en main à court terme, la France et ses 4.500 militaires sur le terrain (dont de récents renforts de forces spéciales) parent au plus pressé. Plus encore qu’au nord du Mali, l’urgence se déplace vers ses frontières. Singulièrement au Burkina Faso, verrou du golfe de Guinée et où l’armée est en pleine déroute face à la multiplication d’attaques jihadistes dans le nord du pays.