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Forces françaises au Mali : A quoi sert Barkhane ?
Publié le mercredi 6 novembre 2019  |  Le Soft
Arrivée
© AFP par CHRISTOPHE PETIT TESSON
Arrivée du Président Français, Emmanuel Macron à Gao
Le Président de la République Française, Emmanuel Macron est arrivé à Gao le 19 Mai 2017 pour une visite à la force Barkhane.
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Applaudie au départ par les populations, l’armée française n’est plus en odeur de sainteté au Mali. La stratégie de communication de Barkhane ainsi que son apport dans la stabilisation du Mali laissent à désirer dans une zone où les hostilités à son encontre vont au-delà du Mali.
L’armée Française s’était fait remarquer dans les années 2000 avec la crise ivoirienne. Appelée Licorne du côté d’Abidjan, elle avait du mal à se faire accepter par la jeunesse conduite alors par un certain Charles Blé Goudé. Ce dernier fut célèbre avec son fameux matelas qu’il déposait devant le camp militaire situé au quartier de Port-Bouet. En cause la passivité de l’armée de l’hexagone entre forces nationales et rebelles.

Début 2013, ces mêmes éléments se retrouvent déployés au Mali avec ceux du Sénégal ainsi que du Gabon. C’est la naissance de la force Serval qui sera applaudie des Maliens, après un appel du Président de la Transition Dioncounda Traoré, cet appareil militaire sophistiqué met à mal les ennemis du Mali. Même la visite de son homologue François Hollande sera symbolique et applaudie de tous. Sauf que la force qui finira par s’appeler Barkhane commettra un seul péché : libérer que Gao et Tombouctou laissant Kidal au nom du droit des minorités. Les Famas auront du Mali à y accéder pour finalement s’y trouver cantonnées.

Les hostilités prennent forme et la France est vue d’un mauvais œil. Le peuple la reproche de soutenir implicitement les rebelles du Nord. Du déjà vu comme avec les Jeunes Patriotes de Côte d’Ivoire conduits par Charles Blé Goudé à qui le temps finira par donner raison : L’intervention française en terre malienne perd de sa saveur et les populations manifestent. L’ancienne puissance coloniale aura donné l’impression d’être dans des calculs géopolitiques.

« Recoloniser » le Mali’’

D’ailleurs deux figures du pays l’avaient dénoncé : le député Oumar Mariko et la ministre Aminata Dramane Traoré. Cette dernière désormais au pilotage de Dialogue Politique national affirmait haut et fort dans un passé récent lors d’un forum économique sur le Mali, que la France voulait revenir et que le sauvetage du pays par la force Serval en Janvier 2013 n’est pas fortuit. ‘’Le sous-sol de Tessalit et pas mal d’autres intérêts l’ont motivée à « recoloniser » le Mali’’ avouait-elle. Du refus de Visa envers sa personne à l’occupation actuelle du Nord par la rébellion, celle qui se fait appeler « la dame au foulard » estime que c’est un complot de l’hexagone.

Même sanction pour l’élu de Kolondieba qui sera sevré de visa plus de 2 ans. L’impression qui se dégage semble être que l’Azawad aurait été promis aux mouvements armés. Une analyse collective s’impose donc en allant au-delà des renseignements pour une contribution concrète de la population aux défis sécuritaires. Mais les faits sont têtus car multiples grognes à l’endroit de Serval désormais Barkhane ont été nombreux. En plus d’être effacée depuis l’arrivée de la MINUSMA, l’armée française communique peu. Au moins avec MIKADO FM, les casques bleus sont mis en avant et malgré sa difficile acceptation par une partie de l’opinion, la représentation onusienne a une certaine visibilité.

Lisibilité très floue de ses actions

Par contre, la communication de Barkhane reste fermée en plus d’avoir une lisibilité très floue de ses actions. Ce qui se confirmera avec le Burkina Faso qui a fini par céder au début du mois d’Octobre. Les populations sont sorties à Ouagadougou pour une dénonciation au vitriol des impérialistes accusant les militaires français d’être de connivence avec les forces du mal à l’effet de faire main basse sur les richesses du Sahel africain. Et dire qu’une manifestation de la même nature avait eu lieu au Niger. Les arguments brandis pour exiger le départ de ces troupes, sont les même dans ces 3 pays non moins membres du G5 Sahel.

L’on peut logiquement donc adhérer à la thèse des organisateurs des manifestations, selon laquelle les impérialistes sont de connivence avec les groupes armés dans le dessein de fragiliser davantage nos Etats pour mieux justifier leur présence. D’ailleurs, ce sentiment, au-delà des organisateurs des journées anti-impérialistes, est en train de gagner les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer subissant au quotidien la folie meurtrière des terroristes. Il revient donc aux forces françaises d’apporter la preuve qu’elles sont aussi au Sahel pour faire tomber le joug terroristes autour de populations meurtries et innocentes. Et si elles s’inscrivent dans cette logique, il ne fait pas de doute qu’elles gagneront le cœur de ces populations.



Néanmoins l’on peut se poser la question de savoir ce que seraient le Mali, le Niger et le Burkina, sans la présence de ces troupes étrangères. A cette question, l’on peut répondre de manière nette et catégorique : ils seraient totalement sous l’emprise des terroristes. Ces derniers n’auraient eu aucune difficulté à en faire des califats où ils les libertés individuelles et collectives seraient réprimandées voire abolies. Et tous ceux qui développent aujourd’hui des tirades contre la présence des troupes étrangères au Sahel, n’auraient aucune possibilité de se déverser dans la rue pour signifier leur mécontentement, encore moins d’accéder à la Bourse du travail pour y tenir des meetings de protestation. Parfois, la rue sert de tribune d’expression avec des humeurs populaires non des moindres.

Le tissu social mis-en mal par des conflits communautaires

Concernant le Nord du Mali, on ne peut plus se féliciter de l’Accord de paix obtenu en Alger. Sa caducité a été effective et la crise s’est étendue au Centre. Zone de Mopti où conflits communautaires ont mis à mal le tissu social du Mali désormais à la recherche de la paix, à l’image de la Côte d’Ivoire, 15 ans plus tôt. Surtout qu’on décèle plusieurs caches d’armes dans le Septentrion malien étant donné que la Lybie sert de base arrière aux mouvements armés. Même l’Algérie et la Mauritanie font pareil du fait que les ennemis du Mai y circulent sans être inquiétés.

La vérité est que les rebelles ont profité du ralentissement des activités de la force Serval lors de la fameuse libération du Nord. L’abandon de Kidal a permis de reconstituer les éléments dissipes dans la nature pour donner c e que nous avons aujourd’hui. Ce qui a conféré un statut spécial que dénonce à longueur de temps le Président du Niger Mahamadou Yssoufou.

L’Etat malien se retrouve avec une pléiades d’interlocuteurs qui se font une guerre de leadership en plus de snober la nation en célébrant l’anniversaire de la république fantoche d’Azawad chaque mois d’Avril … depuis 7 ans. C’est parce qu’il y a eu réduction d’effectifs durant la libération du Nord que les bandits armés ont eu le temps de se réorganiser et reprendre le terrain d’où les attaques répétées contre les forces étrangères et camp de l’armée malienne. La défaite de Kidal en 2014 a aussi compliqué la donne suite à une « fanfaronnade politique ».

Finalement, les agissements mitigés de Barkhane ne peuvent que conduire à cette conclusion : la crise au Mali n’est autre que des « dessous de cartes qui rentabilisent le commerce des armes. Une industrie lucrative à l’occident notamment le pays d’origine de l’armée auparavant appelée Serval.

D. KEITA

Source : Le Soft
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