«Être de son temps c’est vivre à la pointe de l’histoire, mais en se souvenant qu’il ya derrière nous un passé prodigieux et infini.» (Seydou Badian).
Une fois encore, il convient de rappeler que notre pays a traversé des périodes sombres de l’histoire de l’humanité. Nous ne ferons pas ici un point d’histoire. Mais nous ne pouvons pas nous empêcher de rappeler que notre peuple a souffert de l’ignoble traite négrière qui a englouti l’essentiel des bras valides de notre pays. Cette traite négrière a affamé nos masses travailleuses et extraverti nos valeurs de civilisation.
La colonisation française est venue assassiner le grain d’espoir que l’odieuse traite a laissé chez nous. La décolonisation était la preuve parlante que notre peuple laborieux (comme d’ailleurs tous les peuples d’Afrique) avait marre du pouvoir colonial français du fait qu’il traitait de sous-hommes tous les noirs. C’est à la fin de la Seconde Guerre mondiale et s’inspirant de la grande œuvre accomplie par les Noirs pour la libération de la France de l’occupation allemande que Paul Valery avait compris qu’il n’y avait et qu’il n’y a pas d’hommes inférieurs ou supérieurs.
Il avait écrit avec juste raison: «Nous autres civilisations savons maintenant que nous sommes mortelles.». C’était là la preuve que le colonisateur blanc avait une haine viscérale contre notre dignité d’homme. La tourmente des indépendances a emporté le colonisateur français dans le creux de la vague. Cela a été possible grâce au soutien indéfectible de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Joseph Staline ne manquait pas de jeter à la face des cyniques colonisateurs ‘’blancs’’: «Une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre.»
Pour mieux rester, le colonisateur français n’avait ménagé aucun effort pour se faire remplacer par des apatrides. Les manœuvres françaises contre la Fédération du Mali n’étaient pas pour consolider l’union. La suite, on la connaît: la Fédération a éclaté, le Mali a accédé à l’indépendance.
La rébellion touarègue forgée de toutes pièces contre notre peuple travailleur a été matée sans pitié par le régime nationaliste de Modibo Keïta. C’était en 1963. Le projet français de s’installer à Tessalit est classé dans les calendes grecques. Notre peuple travailleur avait pris en main son destin, d’où les actes patriotiques engrangés dans tous les secteurs de la vie nationale.
Mais nous avons coutume de dire que notre bonheur réside dans le malheur du colonisateur blanc et donc vice versa. La France avait donc horreur de ce travail patriotique enclenché au Mali.
Le 19 novembre 1968, des officiers apatrides ont porté un coup dur au régime de Modibo Keïta et à son peuple. La suite n’échappe à personne: pendant vingt- trois longues années de diversion réactionnaire de Moussa Traoré, la France a eu l’occasion de continuer son travail de sape de notre dignité d’homme.
Moussa a été chassé de Koulouba à la faveur du mouvement démocratique. Les démocrates se sont empressés de s’appuyer sur notre ennemie historique en l’occurrence la France coloniale pour gérer nos affaires. Une nouvelle page venait de s’ouvrir chez nous: le travail de sape de notre système de défense par le régime Alpha. Tout s’est passé comme s’il y avait une clause entre la France et Alpha Oumar Konaré.
En tout cas, celui-ci a tout simplement brûlé nos armes, véhiculant du coup la fallacieuse idée selon laquelle ‘’le Mali n’a pas besoin des armes mais du matériel agricole’’. Amadou Toumani Touré (ATT) a continué le même travail de sape en se livrant à cœur joie aux nominations de la pléiade de généraux au sein de notre armée nationale pour corrompre dans les rangs de cette armée. ATT a été chassé à son tour de Koulouba. Un président illégitime s’est retrouvé à la tête de la transition de 2012. Mais comme on le dit souvent, les oiseaux du même plumage font toujours le même ramage. Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré (ATT), Dioncounda Traoré, sont une seule et même personne.
En n’exigeant pas de la Guinée Conakry et de la France de remettre nos armes à notre armée pour entamer la reconquête du Nord, Dioncounda a fini par prouver à ceux des Maliens qui ne le connaissaient pas que son gage est de permettre le retour de l’armée française sur notre sol. Ce qui fut fait sous prétexte que les djihadistes étaient proches de prendre la capitale malienne. Il n’y avait là que mensonge politique grossier.
Par le truchement de Dioncounda Traoré, la France venait de remettre pied sur notre sol. Mais malgré les bluffs politiques, le constat reste patent: Kidal est pratiquement coupé du Mali par le soutien à peine voilé de la France à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Depuis que la France s’est installée dans le nord, les tueries se sont transportées dans la région de Mopti, c’est-à-dire dans le Centre du Mali. Pourquoi donc ? Même les myopes ont vu que la force Barkhane fait partie du problème à résoudre. La solution que les Maliens exigent chaque jour davantage c’est le départ de toutes les troupes étrangères de notre territoire.
Sachant que les Maliens ne gobent plus la présence des troupes françaises sur notre sol, la France veut changer de fusil d’épaule en sollicitant le concours de troupes de l’Europe occidentale. Une sorte de poudre aux yeux de ceux qui ne veulent rien voir. Ce que le peuple malien exige aujourd’hui, c’est le départ des troupes d’occupation (Barkhane et la MINUSMA) et l’arrivée incessante des soldats russes, turcs, chinois et cubains en lieu et place des soldats français et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Cela est aujourd’hui indispensable et incontournable car autant l’épervier ne peut sécuriser les poussins de la basse-cour, autant il est invraisemblable que la France contribue sincèrement à la sécurisation de notre pays. Ainsi donc, il faut sans délai, que la France quitte le Mali. Notre peuple et son armée peuvent assurer la reconquête de Kidal pour la réunification de notre territoire national et cela avec le soutien franc et amical de la Russie, de la Turquie, de la Chine et de Cuba.
En attendant de voir la suite, l’on rappelle que l’opération que la France veut monter au compte de l’Europe serait baptisée «Takuta». Mais qu’est-ce à dire ? Takuta n’est rien d’autre que le long sabre de guerre des Tamashek célébrant leur victoire. Pourquoi donc Takuba ? La France doit ne rendre à l’évidence que notre peuple l’a bien comprise et que la formation d’Europe occidentale pour le Mali est une couverture pour divertir les aveugles. Le président Ibrahim Boubacar Kéita doit enfin entendre le cri de cœur de son peuple.
Seydou Badian disait que celui qui ne sait pas d’où il vient ne saura jamais, où il va. Il a écrit: «Être de son temps, c’est vivre à la pointe de l’histoire ; mais en se souvenant qu’il y a derrière nous un passé prodigieux et infini.»
Le Mali a toujours des hommes pour sauver l’avenir.