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Mali: «Repli ne veut pas dire abandon», affirme Ibrahim Maïga, chercheur à l’ISS
Publié le mardi 12 novembre 2019  |  RFI
Cérémonie
© aBamako.com par A.S
Cérémonie de remise officielle et de présentation des aéronefs acquis dans le cadre de la LOPM
Bamako, le 04 octobre 2017 à la base aérienne de Sénou. Le Président de la République a, en compagnie de son ministre de la défense, réceptionné deux avions de transport de troupes et deux hélicoptères de combat qui s`inscrivent dans le cadre de la Loi d`Orientation et de Programmation Militaire (LOPM) 2015-2019.
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L'armée malienne se retire de ses positions les plus avancées face aux groupes jihadistes, en conséquence directe des deux attaques qui ont coûté la vie à près de 100 soldats maliens, le 30 septembre et le 1er novembre. Est-ce un simple repli tactique ou un véritable abandon de terrain ? Ibrahim Maïga est chercheur à l'Institut d'études de sécurité (ISS). En ligne de Bamako, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Ibrahim Maïga, après les attaques de Boulkessi, le 30 septembre, et d’Indelimane, le 1er novembre, l’armée malienne déplore la perte de près de cent soldats. Pourquoi deux revers si meurtriers en si peu de temps ?

Ibrahim Maïga : D’abord, l’armée malienne se trouvait dans un état de grande désorganisation, après le coup d’État en 2012. Ensuite, je pense qu’il est aussi indéniable que les groupes armés terroristes ont gagné en sophistication et sont rentrés dans une forme de guerre asymétrique, en attaquant ou en s’attaquant principalement à des camps isolés, des unités mal protégées de l’armée.

Je pense que beaucoup, au-delà de l’état-major malien, ont sous-estimé la capacité de résilience de ces groupes. On le voit très bien, cette capacité de résilience ne s’observe pas uniquement au Sahel. Elle s’observe également du côté du bassin du lac Tchad. Ces forces ont une capacité à se régénérer, à rebondir, qui est impressionnante et qui montre qu’ils ont appris à se jouer des États, mais surtout à exploiter les failles de l’État. Et je pense que cette résilience pose aussi plus largement la question de la gouvernance, qui est souvent effleurée dans les discours politiques, insuffisamment prise en compte dans les stratégies et pas du tout traitée dans les réponses à apporter à l’insécurité dans le Sahel.

Aujourd’hui, l’état-major malien décide d’abandonner ses positions les plus exposées, dont justement la base d’Indelimane, et de se replier sur des places fortes. Est-ce que ce n’est pas une victoire pour les groupes jihadistes ?

Au moins sur le plan de la communication, cela apparaît comme une victoire symbolique pour ces groupes armés terroristes, parce qu’il faut le rappeler, l’un des objectifs affirmés et affichés de ces groupes, c’est d’effacer, d’éliminer toute trace ou toute forme d’État dans ces espaces frontaliers, en chassant les enseignants, les administrateurs civils… Mais aussi les forces de défense et de sécurité et tous les symboles de l’État, finalement.

Mais je pense qu’il faut aussi insister sur le fait que ce repli que vous venez d’évoquer n’est pas forcément un abandon du terrain : c’est un choix stratégique, qui intervient après des revers importants et surtout de lourdes pertes contre des camps, encore une fois, isolés et mal protégés. Et donc, renoncer à l’installation de ces petits camps peut dans un premier temps s’avérer utile, avant bien entendu de passer à une phase offensive. Je pense qu’il faut espérer que cette phase de consolidation, de fortification des camps ne sera qu’une étape.
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