Le Mali fait face, depuis 2012, à la plus grave crise sécuritaire de son histoire, exacerbée par des attaques d’ennemis sans visage, ayant coûté la vie à plusieurs centaines de personnes civiles et militaires. Face recrudescence des attaques avec leur cortège de pertes humaines et matérielles, ils sont de plus en plus nombreux les Maliens à solliciter l’intervention de la Russie de Vladimir Poutine. Mais, au regard des expériences en matière de lutte contre les narco islamistes, les analystes restent prudents et conseillent plutôt l’union sacrée des Maliens autour du Mali. Car, « la meilleure aide est celle qu’on se donne soi-même ».
Le Mali, longtemps présenté comme « le bon élève de la sous-région sahélienne », a vu son « État détruit depuis 30 ans, mis en faillite », victime des anciennes puissances coloniales et d’une « économie mondialisée ». Il est curieux de rencontrer encore dans ce pays, des citoyens qui ont de la peine à comprendre la citation de l’homme politique selon laquelle les « États n’ont pas d’amis, mais n’ont que des intérêts ». Ces Maliens, par naïveté ou par manipulation, continuent de réclamer l’intervention de la Russie de Poutine pour délivrer le Mali.
« Nous demandons le départ des troupes de l’ONU et de la France. Si elles ne peuvent pas intervenir contre les terroristes, elles n’ont pas leur place ici. Nous demandons aux Russes de venir », lançait encore ce vendredi un manifestant, au Boulevard de l’indépendance lors de la manifestation de la société civile pour soutenir les FAMa. Pourtant, à la différence de la France, de la Chine et d’autres puissances étrangères, la Russie n’a pas encore un seul Casque bleu sur notre sol, depuis le déclenchement de la guerre en 2013 contre les terroristes. Les raisons de cette absence peuvent expliquer en grande partie, la réticence de la Russie à apporter son soutien à un ami en difficulté, malgré les multiples sollicitations de la société civile et du gouvernement du Mali.
On se rappelle, dans ce cadre, de la pétition lancée par des organisations de la société civile du Mali, en 2017, et envoyée aux autorités russes ; de l’accord de coopération militaire, signé ce 25 juin 2019, entre la Russie et le Mali. Un accord conclu entre les ministres de la Défense respectifs, Sergueï Choigou et Ibrahim Dahirou DEMBELE, en marge du forum Armée 2019, près de Moscou.
Aujourd’hui, les relations entre la Russie, un pays sous embargo depuis plusieurs années, et les autres États du monde entier, se mesurent à l’aune du partenariat gagnant-gagnant. À ce titre, elle entretient de bonnes relations avec le Nigéria, par exemple, qui a signé avec elle un contrat de livraison de 12 hélicoptères Mi-35M, a-t-on annoncé, le mardi 23 octobre 2018. Le Nigeria a également a manifesté de l’intérêt pour des avions de combat russes Sukhoi Su-57, des chars et de l’équipement militaire naval.
Cette phrase du ministre conseiller de l’ambassadeur de Russie en France, Artem Studennikov, en date du 18 octobre 2019, est révélatrice quant aux bonnes relations entre la Russie et la Turquie : ‘’la Turquie a acheté du matériel de guerre russe sophistiqué». L’accord militaire russo-malien du 26 juin 2019 va-t-il permettre au groupe Wagner de s’implanter au Mali comme il l’a fait en Centrafrique ? Les richesses minérales, notamment aurifères du pays, la forte demande en armement de toutes parts, les trafics en tous genres et les campagnes anti-françaises dans l’air du temps à Bamako vont-ils permettre de fléchir la position du Kremlin ?
En tout cas, mieux qu’en Syrie où elle garantit la survie du régime de Bachar, la Russie ne manque pas de moyens (matériel et ressources humaines) pour délivrer le Mali des narcoterroristes. Mais, il y a encore lieu de s’interroger sur les intérêts qui peuvent l’inciter à intervenir pour notre délivrance.