La décision de la MINUMA de construire un nouvel aéroport à Kidal déchaine désormais les passions au Mali. Occasion pour des plus capricieux de jeter l’opprobre sur l’État malien l’accusant de ne rien faire pour cette région, depuis 1960. Ces intrépides aventuriers oublient certains faits qu’il est important de rappeler au nom de la vérité pour un nouveau départ du Mali. En effet, de 1992 à nos jours, les différents régimes ont orienté des projets de milliards de FCFA pour le développement de cette zone contrairement à d’autres pour tout simplement son statut de « ville rebelle ». Peut-on accuser le seul État d’être la cause du retard de Kidal ?
Dans huit mois, Kidal devrait avoir son aéroport opérationnel qui permettra de désenclaver cette ville désertique du Mali. C’est la nouvelle qui fait le buzz sur les réseaux au Mali, depuis les 48 dernières heures. La future infrastructure sera financée par la MINUSMA pour un montant de plus de 2 milliards de FCFA.
Aussitôt annoncées, les vieilles rancœurs ont refait surface au détriment de la paix et la réconciliation nationale. « Kidal est abandonnée par le Mali » ; « Depuis des années, le gouvernement du Mali a pris la promesse de construire un aéroport à Kidal, il n’y a rien à Kidal »… Tutti quanti. Ces propos contrastent avec l’engagement de l’État dans la région même si tout n’est pas rose, à l’image des autres régions du pays.
Contrairement à ces allégations, les mêmes tristes réalités rencontrées et dénoncées à Kidal sont le quotidien des Bamakois, à savoir l’absence de service de santé de qualité, le manque d’eau potable, les coupures d’électricité, le chômage…
Qui n’a pas vu les bidons dans les charrettes et les pousse-pousse à Sabalibougou, Nimakoro Banconi…Quels sont les quartiers de Bamako qui échappent au délestage même en pleine période du froid ? Donc, si Kidal se plaint, à Bamako également la situation est loin d’être fameuse. De Kayes à Kidal, on peut en vouloir à l’État de ne pas assez fait en termes d’infrastructures pour les régions. Et la région de Kidal a eu ses infrastructures sans compter les projets et programmes de développement même si beaucoup ont été détournés à d’autres fins par des ressortissants.
Ainsi, beaucoup d’initiatives ont été orientées vers la région, à l’image du Programme Intégré de Développement Rural de la région de Kidal (PIDRK). Ce programme de sept ans était cofinancé à des dizaines de milliards de FCFA par l’État et de nombreux partenaires. Cette initiative était exclusivement destinée à la région avec comme objectif de contribuer à réduire la pauvreté et à l’insécurité alimentaire des communautés.
En outre, sur financement du budget national, le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement du Nord initié par le président Amadou Toumani TOURE a fait la part belle à Kidal avec 6,5 milliards de FCFA. À l’heure du bilan, le résultat de ces projets reste mitigé.
Que dire de l’électricité et des efforts déployés par l’État pour donner de l’eau aux populations de Kidal ? En plus, en matière de désenclavement, Kidal est loin d’être le parent pauvre. Ainsi, le gouvernement malien a récemment signé une convention de construction de la route Transsaharienne section Bourem-Kidal Bourem-Kidal à plusieurs milliards de FCFA. Là, également, cette initiative est fortement menacée par l’insécurité qui sévit dans la zone. Bref, l’État a fait de nombreuses réalisations dans la zone, mais les velléités séparatistes ont détruit beaucoup d’entre elles. C’était devenu finalement l’éternel recommencement : l’Etat construit, les rebelles détruisent et après l’on accuse les autorités. Aujourd’hui, Kidal est plus victime de sa rébellion que d’un manque d’investissement de la part de l’État.
Au-delà des projets et des programmes financés à coût des milliards pour son développement, on rappelle que la commune de Kidal a bénéficié de plusieurs privilèges de l’Etat pour être érigée en région. Sinon, en 1991, année à laquelle elle est devenue la 8e région administrative du Mali, Kidal ne répondait à aucun critère pour ce faire, ni démographiquement, ni économiquement encore moins sur le plan infrastructure. Par complaisance et par raccourci, elle est devenue une région sans aucune infrastructure.
Au regard de tout cela, Kidal est loin d’être mal considéré. Alors, dépassionnons le débat.