Dans le cadre de l’ouverture de ses activités, une année après sa création officielle, l’Association ‘’Boszo Kabou’’ a organisé, ce 16 novembre 2019, au Musée national, une conférence-débat sur le thème « Quelle peut être la contribution de l’association Bozo Kabou dans la résolution de la crise au Mali » ? Avec la présence de nombreuses associations culturelles dont IRGANDA, Tapital Pulakou, N’Ko, les Soninké, la Coordination des associations de la région de Mopti à Bamako, Faso Dembé-Ton…, ce rendez-vous a tenu toutes ses promesses
La conférence était animée par le vice-président de l’Association, Soumana KALAPO, en présence du président Almamy KOUREICHI et de M. Aboubacar DIENTA, comme modérateur.
Le Président de l’Association qui a souhaité la bienvenue aux participants a indiqué que personne ne fera le Mali à notre place. Ce qui oblige chacun de nous à se mettre dans la posture de responsabilité quand et où il se trouve. C’est dans ce cadre que ‘’Bozo Kabou’’, convaincue que la solution passe par nos valeurs culturelles, a décidé de faire appel aux différentes organisations œuvrant dans ce domaine, des personnes-ressources et des ressortissants de la zone pour réfléchir et proposer une alternative pérenne à la crise qui affecte dangereusement notre pays avec comme slogan : « la résolution de la crise passe par le dialogue basé sur la sincérité et la vérité en utilisant les relations fraternelles séculaires entre les communautés ».
Derrière les apparences qui mettent en avant d’autres couches socioprofessionnelles, Soumana KALAPO a expliqué que la crise sécuritaire au centre et au nord du Mali touche également les Bozo. En effet, à cause de ses occupations quotidiennes, la pêche, et ses différentes positions géographiques dans le Delta central du Niger et partout au bord de ce grand fleuve, les Bozo sont victimes autant que n’importe quelle communauté de la barbarie des narco djihadistes. Ainsi, leurs outils de travail, les pirogues et les filets sont quotidiennement confisqués et brûlés, des zones de passage sur le fleuve interdites et des villageois enlevés, séquestrés et souvent tués. M. KALAPO a expliqué que la liste des Bozos, des Somono enlevés et tués par les terroristes est longue.
Toutefois, de par leur passivité et leur patience, les Bozos peuvent être d’un apport très important pour la paix au Mali. Le conférencier reste également convaincu que la résolution de la crise passe inéluctablement par le langage de la vérité entre nous. En effet, mettre sur le dos des étrangers toutes les barbaries dont sont actuellement victimes les populations du Centre, c’est mal comprendre le problème malien, a-t-il soutenu. Selon le conférencier, l’État doit s’assumer en assurant la sécurité des personnes et leurs biens. À défaut de pouvoir calmer la tension par la force, il préconise le dialogue avec tout le monde. Le gouvernement doit également se ressaisir et revoir sa copie et la confiance doit être restaurée entre l’État (à travers ses représentations locales) et les populations.
Pour le conférencier KALAPO, la crise est certes récurrente, mais il n’est jamais trop tard pour redresser la barre. Car, d’autres nations ont connu pire que ce que le Mali vit actuellement, mais ont pu se ressaisir pour faire un bond spectaculaire. Il a cité en exemple, le Japon touché par les deux bombes atomiques lors de la Deuxième Guerre mondiale ; l’Allemagne vaincue lors de la même guerre et partagée entre les puissances victorieuses ; le Rwanda avec son génocide et même, dans une moindre mesure, la Côte d’Ivoire avec sa guerre civile. Actuellement, toutes ces nations ont pu mettre leur crise derrière pour amorcer leur processus de développement.
Selon l’enseignant-chercheur, Boureima Ely DICKO, la crise sécuritaire au Mali va au-delà de la question jihadiste. C’est un problème complexe dans lequel la gouvernance a une part importante, de confiance entre gouvernants et gouvernés. Il urge, selon lui, de trouver rapidement une solution à la prise en charge des déplacés (nourriture, logement et scolarisation des enfants). Ensuite, il y a lieu de faire face au dilemme des milices (désarmer les milices, mais trouver une alternative à la sécurité des populations qui ne doivent pas être abandonnées à la merci des jihadistes).
Enfin, les leaders communautaires doivent engager le dialogue avec les jihadistes si l’État traîne les pieds pour des raisons inavouées. En tout état de cause, ce sont ces communautés et non le gouvernement qui sont victimes tous les jours des tueries, a souligné M. DICKO.