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Armée malienne : seule la victoire sera belle
Publié le vendredi 15 juin 2012   |  Info Matin


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© Autre presse par DR
Armée malienne


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L’assistance militaire étrangère est la bienvenue, mais certaines précautions sont nécessaires. Pour la bonne lecture de la crise du nord, il faut savoir qu’il y a plusieurs groupes armés pouvant être classés en deux entités face aux populations locales et à l’autorité malienne.

La première entité représentée par le MNLA a des visées sécessionnistes, sa principale revendication étant la création d’un état dit de l’AZAWAD. La seconde entité dirigée par Ançar Dine est une nébuleuse islamico-mafieuse, véritable fourre tout recevant des illuminés de tout bord d’origine malienne et étrangère qui a pour principale revendication l’instauration de la charia au Mali et certainement dans certains autres pays de la sous région.

Comme tout le monde est d’accord sur la nécessité d’engager le dialogue avec la rébellion avant d’envisager une solution militaire, il faut s’apprêter à affronter deux types d’interlocuteurs dont chacun pense pouvoir se servir de l’autre pour arriver à ses fins. Dès lors, il apparaît opportun dans la perspective de l’action militaire future, de faire l’état des lieux de notre armée afin de procéder à son réarmement moral et matériel, en attendant l’appui de la communauté internationale.

Réarmement moral
L’histoire de la rébellion est ancienne, mais l’armée était toujours restée sur le qui-vive en maintenant dans le septentrion des positions stratégiques lui assurant une capacité de riposte à toute forme de velléité. Avec l’avènement de l’ère démocratique, les nouvelles autorités ont privilégié une approche axée sur l’intégration de certaines élites dans l’administration et la mise en place de programmes de développement des régions du nord. Cependant, à l’exception de Taoudénit dont le seul nom évoque un vrai cauchemar pour la plupart des combattants de la liberté, les autres bases militaires ont été maintenues.
La signature du Pacte National avait fini par rassurer nombre de Maliens malgré la persistance d’un banditisme résiduel dans le septentrion, jusqu’à l’apparition de certains faits inquiétants : prises d’otages, trafics d’armes et de drogue. La signature de l’Accord d’Alger en 2006 constitue un tournant décisif. Au contraire du Pacte National qui avait une base plus consensuelle, cet accord consacre le tribalisme et une partition de fait du territoire. Le retour des supplétifs de l’armée libyenne avec armes et bagages dans la zone sonnera la fin de la récréation.

Quand la crise éclate, les militaires maliens ne sont pas bien armés, ni moralement, ni matériellement et, alors que la guerre lui était imposée, ATT a fait des choix militaires incompréhensibles pour le commun des mortels.
En fait, il n’avait pas préparé la guerre. On se rappellera qu’avant l’éclatement de la dernière rébellion, les Occidentaux dont les ressortissants sont régulièrement pris en otage avaient demandé aux autorités maliennes une collaboration franche pour lutter contre les terroristes. Plutôt que d’impliquer l’armée malienne avec l’assistance des Occidentaux, on a concédé que des troupes militaires étrangères interviennent au Mali pour libérer leurs ressortissants. C’est ainsi que Français et Mauritaniens ont pu pénétrer en territoire malien à la poursuite de preneurs d’otages, souvent à l’insu des autorités maliennes qui n’ont, du reste jamais protesté.

Voilà comment on a sapé progressivement le moral de nos soldats en leur donnant le sentiment de ne pas servir à grand-chose. Aujourd’hui que la réhabilitation du pays est à l’ordre du jour, sont-ils prêts à payer le prix du sang ? Nous devons tous, gouvernement, partis politiques, société civile leur montrer notre profond désir de les voir reconquérir les positions perdues et faire flotter le drapeau national sur l’ensemble du territoire. Pour cela, la paix entre les acteurs politiques est indispensable.

C’est pourquoi, après le sage avis de la Cour Constitutionnelle sur le problème de la vacance de la présidence de l’Assemblée Nationale qui, espérons-le va calmer certains appétits, il faut se réjouir de l’amorce de dialogue entre le FDR et la COPAM.
Si tu veux la paix, prépare la guerre
« Si vis pacem para bellum ». Une bonne politique militaire consiste à savoir montrer suffisamment sa force pour ne pas avoir besoin de s’en servir. Cela s’appelle capacité de dissuasion. En effet, l’ennemi doit toujours comprendre clairement que l’entreprise n’est pas sans risque pour lui. Comment comprendre l’état de dénuement de nos soldats face à des rebelles puissamment armés ? Comment comprendre qu’on ait maintenu des familles de militaires dans des camps qui ont fini par être encerclés, compliquant davantage la mission des soldats ? Où se trouvait l’arsenal militaire fièrement présenté aux populations lors des fêtes nationales et pendant la dernière manœuvre militaire à Kati ? Que représente le budget de notre armée dans le budget national ? Que représente la part en équipement et en entretien du matériel dans le budget de notre armée ? En attendant de comprendre tout cela, il faut équiper notre armée à hauteur de souhait, notamment lui assurer la suprématie aérienne dans le désert.

Nous étions nombreux à penser, avec la kyrielle de généraux dont dispose notre armée, que nous pouvions dormir tranquille dans nos maisons et villages. Qu’a-t-on fait de notre armée ? Quoiqu’on puisse reprocher à Modibo Kéita et à Moussa Traoré, il faut reconnaître que de leur temps, le Mali disposait d’une armée nationale fière, combative et patriote.
Elle ne comptait pas autant d’officiers supérieurs que maintenant mais tout le monde était d’accord sur la valeur des hommes qui la composait. La puissance militaire du Mali était reconnue. L’évocation du seul nom de certains militaires maliens donnait des insomnies à l’ennemi. Il est vrai que l’armée était vraiment ouverte puisque des responsables militaires passaient dans les établissements scolaires pour susciter des vocations, au contraire du système de recrutement fermé et hautement sélectif de ces dernières années.
L’assistance internationale en question

Notre plus grande inquiétude est le maintien de notre intégrité territoriale alors que la communauté internationale est plutôt effrayée par l’islamisme et le terrorisme. En réalité, ceux qui veulent imposer la charia ne sont dangereux que parce qu’ils veulent le faire par la violence. Beaucoup de nos compatriotes et pas seulement dans le nord pensent que la charia est la solution pour sortir le pays de la grave crise morale qu’il traverse.
A supposer que les islamistes décident d’abandonner les armes pour s’inscrire dans une logique démocratique en créant un parti politique par exemple, la question trouverait une solution sans que ce mode de règlement satisfasse ceux qui veulent nous aider à les combattre. S’ils continuent d’affirmer qu’ils ne veulent pas la partition du Mali et s’ils acceptent d’entrer dans un cadre légal pour faire valoir leurs prétentions, la guerre qui se fera au nord ne les concernera pas au premier chef.

Le vote d’une résolution des Nations Unies, notamment la mise en œuvre du chapitre 7, doit faire l’objet de la plus grande vigilance et c’est en cela que la prise de position du gouvernement doit être soutenue. En effet, le Mali doit pouvoir évaluer, demander et suivre l’exécution des opérations. Ceux qui interviennent sur le terrain ont tendance à outrepasser leur mandat, à faire une interprétation partisane des résolutions de l’ONU pour régler d’autres types de problèmes.

On se rappelle que la mission de sécurisation des populations civiles libyennes a fini par se muer en opération d’élimination physique de Kadafi. La sécurisation des institutions de la transition ne doit pas être un prétexte pour faire débarquer des militaires étrangers à Bamako. Il appartient au premier ministre qui dispose des pleins pouvoirs de prendre ses responsabilités avec le ministre de la sécurité pour assurer la protection des organes de la transition.

Si l’on n’y prend garde, même l’organisation des élections risquerait d’échapper aux autorités maliennes. Le gouvernement doit se montrer ferme sur la question et ne faire aucun compromis sur la souveraineté du Mali. Le problème est connu, c’est remettre de l’ordre dans le nord avant d’organiser des élections auxquelles ne participeront pas ceux qui gèrent la transition, pour que les Maliens élisent enfin un président.

Mahamadou Camara
BPE 3312 Bamako
Camara_m200-@yahoo.fr

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