Hier, mardi 19 novembre 2019, la Cour d’assises de Bamako a condamné l’ouvrier Moussa Guindo à la peine de mort pour l’assassinat de l’imam Abdoul Aziz Yattabaré, le 19 janvier 2019, tôt le matin. A cet effet, les proches de feu l’imam Abdoul Aziz Yattabaré qui étaient présents au tribunal dont Mohamed Kimbiri du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) ont exigé l’exécution de la sentence.
La Cour d’appel de Bamako était pleine comme un œuf hier dans la matinée. Et pour cause, l’affaire concernant Ministère public contre Moussa Guindo (né vers 1993 à Bio en Côte d’Ivoire, ouvrier domicilié à Medina-coura de Bamako) inculpé pour «Assassinat, crime de torture, outrages envers dépositaires de l'autorité ou de la force publique» était en train d’être jugée par la Cour d’assises de Bamako. Plusieurs fidèles musulmans étaient visibles dans l’enceinte de la Cour d’appel de Bamako pour non seulement apporter leur soutien à la famille du défunt Abdoul Aziz Yattabaré, mais aussi, que justice soit rendue. Parmi ces fidèles musulmans, on peut citer, l’ancien président du Haut conseil Islamique du Mali, l’Imam Mahmoud Dicko, Mohamed Kimbiri du HCIM. Il ressort de l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako des faits suivants : Dans la mosquée dite « de Yattabaré » sis à Médina Coura en face du stade omnisport Modibo Keita, Moussa Guindo avait pris l’habitude d’y effectuer ses 5 prières quotidiennes. Moussa Guindo fera la connaissance de l’imam Abdoul Aziz Yattabaré avec les autres fidèles musulmans de ladite Mosquée. La victime Abdoul YATTABARY était l'imam qui dirigeait fréquemment les heures de prière en tant qu'imam second. L'inculpé Moussa GUINDO connu dans la Mosquée pendant des années avant de penser à nourrir un projet malveillant contre l’imam Yattabary. Cette idée lui vint au moment où des informations sur l'enseignement d'un manuel scolaire comportant des pratiques contraires aux mœurs, circulaient dans les milieux religieux, à Bamako et ailleurs, notamment l'homosexualité. « Ce jour, 19 Janvier 2019 vers 05 heures du matin, Moussa GUINDO quitta son dortoir dans un magasin contigu à la Mosquée, muni d'un objet contondant, un gourdin, un couteau, pour faire un guet-apens dans la rue où passe quotidiennement l'Imam YATTABARY pour accéder à la Mosquée ; Abdoul Aziz YATTABARY, comme d'habitude, quitta chez lui à cette heure pour diriger la prière du Fadjr, étant dans la rue, à mi-chemin du domicile de la Mosquée, il fut abordé par Moussa GUINDO dans une certaine obscurité, qui lui posa deux fois la question « Qu'est-ce que je t'ai fait ». L'Imam ne sachant pas quoi répondre, continua son chemin. Moussa GUINDO d'abord le terrassa avant de lui assener plusieurs coups avec son gourdin à la nuque et d'autres parties de son corps. La victime, surprise par ces gestes, n'a pas eu le temps de crier au secours et son bourreau, lui donna plusieurs coups de poignard avec un couteau qu'il détenait. L'Imam mortellement atteint, s'est efforcé de rejoindre la Mosquée avant d'être identifié par le muezzin qui avait observé la scène et entendu les propos de l'inculpé à YATTABARY, mais pensait plutôt à une altercation entre délinquants. Lorsqu'il l'identifia, le muezzin cria au secours pour alerter les fidèles qui étaient dans la Mosquée ; Ils transportèrent la victime YATTABARY à la clinique Pasteur où il rendit l'âme », révèle l’arrêt de renvoi. Toujours, selon l’arrêt de renvoi, après son forfait macabre, Moussa GUINDO alla se déclarer au Commissariat du 3ème Arrondissement qui ouvrit immédiatement une enquête sur instruction du Procureur de la République. « Interrogé, Moussa GUINDO a clairement reconnu les faits à l'enquête préliminaire et devant le Magistrat Instructeur. A ces deux niveaux, il soutint qu'il avait pris l'initiative d'assassiner l'imam Abdoul Aziz YATTABARY, les leaders religieux HAIDARA et Mahmoud DICKO ainsi que le Président de la République. Que pour l'imam assassiné, il aurait pris la décision une semaine avant son passage à l'acte ; Que seulement, son projet aurait un peu tardé parce que l'Imam ne venait pas, un moment à la Mosquée. C'est dire que l'inculpé a mûri son projet, bien préparé de passer à l'acte », indique le document. Au cours de son interrogation hier à la barre, Moussa Guindo a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Le procureur a demandé à la Cour d’assises de condamner Moussa Guindo pour « assassinat » et d’abandonner les autres chefs d’inculpation. Ce qui fut fait par la Cour d’assises de Bamako qui a condamné Moussa Guindo à la peine de mort pour assassinat. L’accusé a trois jours pour faire appel. Les proches de feu l’imam Abdoul Aziz Yattabaré qui étaient présents au tribunal dont Mohamed Kimbiri du HCIM ont exigé l’exécution de la sentence. Vont-ils avoir gain de cause dans la mesure où le Mali est dans l’optique d’abolir la peine de mort ? L’avenir nous le dira.