A 79 ans, le professeur Abdoulaye Sokhna Diop, archéologue et muséologue continue toujours de réfuter la thèse du sabre ayant appartenu à El hadji Cheikh Oumar Tall, faisant le débat au Sénégal. A en croire cet historien, le souverain, chef de guerre, érudit musulman, n’a jamais eu d’arme.
Apportant sa contribution à ce débat, loin des polémiques populistes, le Pr Diop affirme dans un entretien avec L’Obs : « En arrivant à Ségou (ville du Mali, située à 240 km de la capitale Bamako), El hadji Oumar avait déjà parcouru la vallée du fleuve Sénégal jusqu’aux rives du Niger.Il a combattu et soumis des peuples à l’islam. Il est prouvé que ses soldats étaient armés, mais lui n’avait pas d’arme entre des mains. Il n’a jamais eu.Tout porte à croire qu’en arrivant à Ségou pour mettre fin au règne de Ali Diarra, le roi Bambara de la ville, il n’avait pas de sabre. D’ailleurs, lorsqu’il a fallu exécuter Ali, c’est un de ses soldats qui a fait le travail ».
Pour lui, Elhadji Oumar usait de l’arme mystique. « Un des mes contradicteurs, Samba Dieng, reconnaissait que l’arme dont usait Cheikh Oumar était plus efficace que l’arme matérielle. C’est l’arme mystique. Mystiquement, il a toujours compté sur ses dons, les rapports particuliers qu’il avait avec les forces invisibles. Mais une arme qu’il a détenue entre ses mains, et dont il s’est servi ? Non! ».
A question de savoir, quels étaient des objets, l’historien de répondre que c’est sa bouilloire, sa canne et son chapelet. Jamais il n’y a eu de sabre. Donc, cette histoire de sabre de Bandiagara est fausse, a-t-il insisté.
Dimanche dernier, le Premier ministre français Edouard Philippe a symboliquement remis au président sénégalais, Macky Sall un sabre supposé appartenir à El Hadj Omar Tall. Un geste qui s’inscrit dans l’engagement du président Emmanuel Macron à commencer la restitution à l’Afrique de son patrimoine culturel.