Blocage de l’accord d’Alger, l’insécurité grandissante, la crise au sein de la plateforme, le secrétaire général du GATIA dit tout.
Dans un entretien à bâton rompu, Fahad Ag Almahamoud, secrétaire général du GATIA, non moins, président de la plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger, nous parle de la question sécuritaire du pays ; le blocage de l’accord de paix issu du processus d’Alger : et la crise qui secoue la plateforme.
S’exprimant sur l’accord de paix issu du processus d’Alger, Fahad Ag Almahamoud dira que ce dossier connait des difficultés d’avancement depuis sa signature, le 15 mai 2015 ; et son parachèvement le 20 juin 2015. Il a rappelé que l’accord en question a été signé sous la pression de la communauté internationale ; qui, dans un premier temps, a empêché le gouvernement malien de négocier avec Iyad Ag Aghaly.
Il ajoute que cette même communauté a obligé le Mali a signé l’accord avec les subordonnés d’Iyad. C’est pourquoi, dit-il, lesdites subordonnés ont pour mission essentielle d’empêcher toute normalisation du Mali tant que leur mentor Iyad Ag Aghaly n’est pas au-devant des affaires, tout intérêt préservé. Et que la communauté internationale et qui a d’ailleurs fait ce choix en toute connaissance de cause. Du coup, il dit que l’Etat du Mali a signé l’accord de paix avec les personnes pas du tout indiquées pour cela.
Fahad avance qu’avant tout redémarrage de la mise en œuvre de l’accord, le gouvernement du Mali doit poser cette problématique sur la table, afin que les partenaires et la communauté internationale en fassent une condition préalable à la reprise du processus.
Le gouvernement doit demander à ce que les parties signataires de l’accord dégagent leurs agendas et qu’elles choisissent leur camp. Cela veut dire que ceux qui veulent la paix, choisissent le camp de la paix ; et pour ceux qui décident de rester du côté des obscurantistes, se positionnent à cet effet.
« Le gouvernement malien doit faire comprendre à la communauté internationale qu’il ne peut rien entreprendre avec des groupes armés, dont la seule mission est de torpiller le processus de paix, faire en sorte que rien n’avance ; afin qu’Iyad et alliés puissent intégrer et se positionner en force dans le processus de négociation. De deux choses, une ; soit le gouvernement négocie avec Iyad. Soit le gouvernement décide de sortir ses représentants du processus», martèle Fahad.
Parlant des malentendus au sein de la plateforme, depuis fin 2018, Fahad dira qu’il n’est un secret pour personne que depuis la naissance du Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans le 1er mars 2017, des dissensions ont commencé au sein de plateforme car les mouvements affiliés aux groupes terroristes ont reçus l’ordre d’unir leurs efforts.
« Nous de la Plateforme, nous ne sommes affiliés à aucun mouvement terroriste ce qui a fait que nous sommes devenus des cibles à abattre, tant pour les groupes terroristes que pour leurs représentants dans le processus. Voilà tout le problème au niveau de la plateforme », a-t-il reconnu.
Cela est d’autant clair que l’orateur argumente en disant que le HCUA vient d’Ansar Dine ; la branche MAA de Tabamcort vient du MUJAO, qui s’est ensuite transformé à Mourabitoun.
Se prononçant spécifiquement sur sa propre organisation, le secrétaire général du GATIA, dira que ces derniers temps, l’opinion nationale et internationale ont assisté à des communiqués portant sur l’exclusion de 5 de ses membres, jugés indélicats, en collision avec des organisations terroristes. Ces personnes ont été exclues du GATIA et remplacées depuis le 03 octobre au niveau des structures en charge de l’accord.
Par la suite, nous avons appris que les personnes exclues du GATIA, après le congrès du HCUA à Kidal, tout le monde s’est déplacé à Adjeulhock et prétend organiser un autre congrès au nom du GATIA à travers ces mêmes exclus. « Je considère cela comme une tentative ratée de récupération, nous ne serons jamais sous les ordres d’organisations terroristes, encore moins de leurs répondants. Si nous devrions négocier avec les organisations terroristes, nous allons directement négocier avec Iyad et non avec des intermédiaires. On ne négociera pas avec ces larrons au 4ème degré » a craché le secrétaire général du GATIA.
Se prononçant sur la situation sécuritaire du Mali, il dira que certains mouvements signataires de l’accord, ont mis leur arsenal et leurs combattants au service des mouvements terroristes. De même, ajoute notre interlocuteur, le statut de mouvement signataire a beaucoup favorisé les mouvements terroristes ; car cela leur a permis le déplacement de leurs hommes avec les emblèmes des mouvements signataires. La situation s’est détériorée depuis que l’armée malienne a été cantonnée par endroits.
Dans la foulée, Fahad dit : « Ces derniers temps nous avons remarqué que l’armée malienne a pris le modèle de la MINUSMA, qui consiste à placer des sacs de sable autour des casernes, sans savoir ce qui se passe à un kilomètre de là. Cela a beaucoup fragilisé l’armée car l’armée, c’est le contrôle du territoire, l’armée c’est la patrouille. Une armée qui ne fait pas de patrouille se fera toujours surprendre par quelques individus en motos. Cet effet de surprise a marché jusque-là. La situation sécuritaire s’est donc détériorée de Kidal, pour regagner la région de Ségou ».
Comme solution à la crise sécuritaire, Il propose au gouvernement d’exiger afin que les groupes signataires de l’accord et en même temps affiliés aux terroristes, quittent le cadre des discussions sur l’accord c’est à dire établir une liste noire des personnes et même de mouvements terroristes. Il estime que ces répondants des terroristes dans l’Accord sont bien connus.
Autre chose, Fahad demande à l’armée de passer à l’offensive, avec des hommes aguerris sur le terrain. Cela passe par la mise en place des unités spéciales mobiles, composées par les mouvements volontaires, conformément aux recommandations de l’atelier de haut niveau sur les questions de défense et de sécurité, tenu du 12 au 14 décembre 2018.
Le Président doit appeler tous les fils volontaires du Mali à venir se battre pour le Mali, a conclu Fahad Ag Almahamoud.