Susciter une prise de conscience au niveau mondial et attirer l’attention des partenaires industriels ; inciter les pays à s’engager davantage dans le processus industriel ; faire des plaidoyers auprès des autorités locales et mobiliser l’appui international en faveur du développement industriel de l’Afrique ; sensibiliser à l’importance de l’industrialisation de l’Afrique et aux défis auxquels le continent est confronté, tel est l’objectif de la journée internationale de l’industrialisation (JIA) placée cette année sous le thème : ‘’positionner l’industrie africaine pour approvisionner le marché de l’Accord de Libre-Echange Continental Africain (ZLECAF)’’.
À l’instar de la Communauté internationale, notre pays a célébré hier l’événement, à travers une conférence-débat organisée au siège du Conseil national du patronat du Mali (CNPM).
Intervenant au nom de l’Organisation patronale des industriels du Mali (OPI) le 2e vice-président, Boubacar Badian SANGARE, a remercié les plus hautes autorités pour la volonté politique de promouvoir l’industrie.
Pour autant, il n’a pas manqué de déplorer que si les premières années de l’indépendance du Mali ont été marquées par un boom industriel, de 1982 à nos jours, il y ait plus d’usines qui ferment qu’il y en a qui ouvrent.
M. SANGARE a soulevé un certain nombre de contraintes pour le secteur industriel du pays : la fraude, l’enclavement, le coût élevé de l’électricité, l’accès difficile au crédit bancaire, l’accès difficile aux institutions de financement complémentaire, l’accompagnement insuffisant de l’État, la faiblesse du niveau d’intégration des entreprises, la mauvaise gouvernance privée, les contre-performances des politiques de l’UEMOA et de la CEDEAO. À ces contraintes, le porte-parole de l’OPI ajoute que moins de 2% des ressources de l’État sont alloués à l’industrie, contre 15% pour le secteur agricole.
Une situation qui amène M. SANGAGRE à énoncer deux vérités :
La première est que l’industrialisation est le seul chemin qui mène au développement. L’agriculture ne sera un facteur de développement qu’à travers les industries.
La seconde est que le développement socio-économique d’un pays dépend en grande partie de l’épargne nationale.
Le Représentant Résident de la CEDEAO au Mali, Hamidou BOLY, a saisi l’occasion pour souligner que cela fait 44 ans que l’organisation régionale court derrière le libre-échange, à travers nos pères, les premiers chefs d’État. Il note avec satisfaction qu’il s’agit d’une réalité avec la libre circulation des personnes et des biens, malgré des difficultés par endroit. Pour lui, il s’agit d’une réelle avancée qui sera confortée bientôt avec la monnaie unique.
Dans un tel espace, a fait savoir M. BOLY, l’industrialisation devrait occuper une place prépondérante. Il a ajouté que le Code du marché commun de la CEDEAO en préparation permettra de rendre les produits de la Région plus compétitifs. Et de mettre en exergue que la CEDEAO, c’est un esprit régional face auquel les priorités nationales s’effacent. Les pays doivent se mettre dans cette disposition, a-t-il alerté.
Mme TRAORE Haby SOW, Chef des opérations de l’ONUDI, est convaincue que le succès de l’Accord de libre-échange est fortement tributaire de la transformation des biens qui s’accompagne du renforcement des capacités et du développement énergétique.
La représentante du ministre de l’Industrie et du commerce, MAIGA Mariam MAIGA, a souligné qu’en 1989, dans le cadre de la deuxième Décennie du développement industriel de l’Afrique (1991-2000), l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 20 novembre « Journée de l’industrialisation de l’Afrique », à travers sa résolution (A/RES/44/237).
Tous les 20 novembre, la communauté internationale et plus particulièrement les pays africains célèbrent la journée de l’industrialisation de l’Afrique. Une journée pour inciter les pays à s’engager davantage dans le processus industriel pour susciter une prise de conscience au niveau mondial et mobiliser l’appui international en faveur du développement industriel de l’Afrique.
Pour rappel, le 21 mars 2018 à Kigali, au Rwanda, l’Accord établissant une Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) a été signé, créant ainsi un marché unique africain des biens et des services et la plus grande zone de libre-échange du monde par nombre de pays signataires. Dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’accord est entré en vigueur le 30 mai et est devenu opérationnel le 7 juillet 2019.
La Zone de libre-échange continentale africaine éliminera progressivement les droits de douane sur le commerce intra-africain, ce qui permettra aux entreprises africaines de commercer plus facilement sur le continent et de tirer pleinement parti du marché africain, tout en contribuant à sa croissance. L’AfCFTA pourrait ainsi offrir de nouvelles opportunités commerciales et constituer un tournant décisif pour l’Afrique en termes d’accélération du commerce, de l’investissement et de l’industrialisation.
Ce marché unique continental de plus de 1,3 milliard de consommateurs pourrait cumuler une production annuelle de 2 220 milliards de dollars d’après le rapport sur le développement économique de l’Afrique, publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).