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Lutte contre le terrorisme au Mali: les aveux du Général Dahirou
Publié le vendredi 22 novembre 2019  |  Info Matin
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© aBamako.com par AS
Questions orales à l`Assemblée Nationale du Mali
le Jeudi 21 Novembre 2019, les Ministres Ibrahima Dahirou Dembélé et Salif Traoré répondaient aux questions orales des députés.
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Sans les autres forces comme Barkhane, le Mali ne peut pas réussir sa mission contre les terroristes, a affirmé le ministre de la Défense et des anciens combattants, Ibrahim Dahirou DEMBELE interpelé hier jeudi à l’Assemblée nationale. Selon lui, le Mali n’a pas les capacités matérielles nécessaires et l’effectif suffisant pour relever les défis.

« Tant qu’on n’a pas les moyens de nous prendre en charge, ça sera très difficile, là où nous sommes aujourd’hui », avoue le ministre de la Défense, Ibrahim Dahirou DEMBELE devant la représentation nationale. Ce jour, il répondait à l’interpellation de l’honorable Moussa DIARRA, élu en commune IV, sur les récentes attaques contre les forces armées maliennes. Avant Tabankort, la plus récente, il y a eu l’Indélimane, Mondoro, Boulkessy, Dioura où les soldats maliens ont été tués par des groupes terroristes. Ces attaques s’intensifient curieusement, selon l’honorable Moussa DIARRA, en dépit d’une forte présence de l’Opération Barkhane censée combattre les groupes terroristes.
L’honorable DIARRA, en phase avec l’opinion nationale, doute de la sincérité de la France, à travers sa mission militaire, d’aider le Mali dans cette guerre. En effet, pour de nombreux Maliens, la France est en train d’orchestrer l’impasse et entretenir le chaos sécuritaire au Mali, en dépit des déclarations de l’Ambassadeur français au Mali pour tenter de blanchir son pays.
D’emblée, le ministre la Défense et des anciens combattants résume la situation : « le péril terroriste au Mali et dans la sous-région constitue la menace la plus dangereuse de notre histoire, l’environnement sécuritaire et de bien-être de la population malienne sont très fragilisés et l’ampleur des défis exige une réadaptation des instruments de la lutte contre ce fléau et l’union sacrée de tous les fils du pays ».
Face à cette situation, la présence des forces étrangères justifie cette union, car aucun pays ne peut à lui seul faire à ce fléau, admet l’officier général, alors que ces éléments sont décriés par une partie de la population, à l’image du député interpellateur qui se pose même de la nécessité de la coopération militaire entre le Mali et la France. Dans sa réponse, le ministre Dahirou DEMBELE souligne : « nos deux pays ont des relations de coopération militaire et non d’accord de défense. Le Mali n’a pas d’accord de défense avec la France». La France, dans le cadre de cette coopération, appuie les troupes maliennes sur le terrain, reconnaît le ministre de la Défense et de déplorer que ce pays est souvent accusé à tort et à travers. La preuve: à maintes reprises les troupes françaises sont intervenues pour appuyer les FAMa. La plus récente aide a été le soutien apporté aux soldats blessés après l’embuscade contre les soldats maliens à Tabankort, a rappelé le ministre DEMBELE.
«J’attends beaucoup de nos compatriotes qui accusent la France de ne pas intervenir lorsque les soldats sont attaqués. Les troupes françaises ne peuvent pas intervenir, car la défense du territoire national repose en premier sur les militaires maliens. C’est à nous Maliens de créer les conditions nécessaires à notre appareil de défense. Ce n’est pas quelqu’un qui va le faire. Et je ne serai pas d’accord», défend le général DEMBELE.
Selon lui, à cause de la faiblesse de ses moyens de défense, le Mali n’a pas le choix de collaborer avec les troupes françaises, la MINUSMA et d’autres. « Je suis obligé d’accepter l’autre», assume l’officier, soutenant que s’il avait les mêmes moyens que les Français, il allait réussir l’exploit de Konna.
Sur le terrain, il affirme qu’il y a de nombreux défis à relever. Des militaires manquent de certains moyens pour faire la guerre et même de vivre, cite-t-il pêle-mêle. Au même moment, les groupes terroristes se renforcent. Donc, la situation est délicate, avoue le ministre DEMBELE.
« Aujourd’hui encore ça ne va pas, nous traversons une période très critique de notre histoire », a-t-il déclaré. Dans ce contexte, inutile de demander le départ de la France, pense-t-il, contrairement à l’opinion de milliers d’individus qui manifestent dans les rues de la capitale exigeant leur départ. « Ce serait le jour où l’on aura les moyens de nous prendre en charge. Tant qu’on n’a pas les moyens de nous prendre en charge, ce serait très difficile», a-t-il tranché.
En outre, la souveraineté ou la défense du pays n’est pas sous-traitée, a-t-il rassuré.
Cependant, ces défis ne doivent pas cacher les efforts qui sont en train d’être consentis par les autorités en faveur des FAMa, à travers la Loi d’orientation et de programmation militaire. « Les primes d’opération sont passées de 6 000 à 50 000 FCFA par mois et par personne », a loué l’officier, même s’il reconnaît parfois des difficultés dans la prise en charge des militaires à cause de la crise de trésorerie.
Alors qu’une partie du peuple malien réclame l’intervention russe pour venir à bout des terroristes, le général DEMBELE est sceptique : « ce n’est pas en signant une coopération avec la Russie que les Russes vont nous amener des appareils. Il faut payer. On a commandé quatre hélicoptères. Ils ont donné deux et le 3e est bloqué parce que l’État n’a pas payé le reste de l’argent. Si tu ne paies rien, on ne te donne rien. Rien n’est gratuit aujourd’hui ».
Après cette interpellation d’une heure, le ministre DEMBELE, soutenu cette fois-ci par les ministres Salif TRAORE et Lacine BOUARE, se sont également prêté aux questions d’actualité de l’Assemblée nationale. Tout naturellement, cet exercice se rapportait à la sécurité et à la question de la Carte NINA.
Lors de ce 2e acte, en tant qu’ancien membre des Missions des Nations unies, Ibrahim Dahirou DEMBELE invite les autorités à plus de vigilance sur la finalité de la MINUSMA. Il redoute une indépendance au profit d’une partie du territoire national, en s’appuyant sur l’exemple du Sud-Soudan, l’Erythrée-Ethiopie. « On doit faire attention à ces forces. Mais là où nous sommes, c’est à nous de nous donner les moyens de nous relever. Ces forces sont là pour compléter ce que nous devons faire. Si l’État même se retire de son travail, ils vont faire ce qui est leur agenda. Chacun a son agenda, mais c’est à nous d’anticiper, nous mettre dans les conditions pour relever », a déclaré le ministre DEMBELE.

Par Sikou BAH
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