Pour les Maliens, Kati, plus qu'une ville, est un camp militaire. Dans ce berceau du putsch qui a, en 2012, renversé le président Amadou Toumani Touré, beaucoup de membres de l'armée ont voté dimanche.
Assana Gunta erre son téléphone mobile à la main. Elle s'agace un peu. Dimanche, en ce jour d'élection à Kati, une petite ville à une vingtaine de kilomètres de Bamako, elle ne trouve pas son bureau de vote. Elle rôde d'un centre de vote à l'autre, en vain. La solution serait d'envoyer un SMS à la commission électorale pour connaître le bon site. «Mais cela coûte cher. Je ne veux pas. En plus, souvent, ils ne répondent pas», glisse Assana. Elle finira par trouver son bureau et par remplir son devoir. Gratuitement.
Au Mali, l'un des pays les plus pauvres du monde, classé 182e sur 187 sur l'indice de développement humain de l'ONU, Assana n'est pas une exception. L'argent est une obsession quotidienne, une question de survie, pour beaucoup. Devant son petit étal du marché, Yacouba Doumouya fait la liste de ses dépenses mensuelles dans un flot de paroles. «Il faut acheter le riz, les condiments, tous les jours. Et puis l'électricité, l'eau C'est au moins 40.000 francs (60 euros).» Son petit commerce lui permet tout juste de ramasser la somme. Un mauvais mois, une maladie et il lui faut s'endetter. Il y a aussi l'école. «C'est 7500 francs (11 euros) le mois pour les trois enfants.» Pour le collège, les prix doubleront. Beaucoup de petites filles font les frais de ces tarifs et quittent l'école prématurément. Cette lutte quotidienne, que connaît une grande majorité des Maliens, explique en partie la crise qui a secoué le pays. «C'est dur. Tout est cher. Tout augmente», assure Binta.... suite de l'article sur Autre presse