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A Kidal, on a voté "pour le Mali" ou manifesté "pour l’indépendance"
Publié le dimanche 28 juillet 2013  |  AFP


© AFP par FRED DUFOUR
Début du vote pour le 1er tour de la présidentielle à Kidal
Dimanche 28 juillet 2013. Kidal. Les Maliens ont commencé à voter dimanche matin au premier tour de l’élection présidentielle, scrutin déterminant pour sortir le Mali de 18 mois de crise politique et militaire.


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Insanatan Ag Rousmane renverse l'urne du
bureau de vote qu'il dirige, une maigre récolte de six bulletins: "La
participation a été très faible", dit-il, alors que le scrutin présidentiel
s'est déroulé dimanche sans incident dans ce bastion touareg du nord du Mali.
La région de Kidal, à 1.500 km de Bamako, ne compte que 35.000 électeurs
recensés, dont moins de la moitié ont retiré leur carte d'électeur, mais elle
est symbolique de la tenue du scrutin sur l'ensemble du territoire malien, six
mois après la reconquête du Nord du pays occupé par des groupes islamistes
armés.
Des Casques bleus togolais assurent la sécurité du centre de vote numéro
un, l'un des trois que compte Kidal, fouillant les électeurs un à un, alors
qu'un véhicule blindé de l'armée française est stationné à cent mètres de là.
"Tout est foutu par le vent": trois hommes en boubou sont agenouillés
autour d'une liste électorale déchirée, calée par une grosse pierre pour
éviter qu'elle ne s'envole.
"C'est important de voter pour le Mali, la liberté, le travail et en finir
avec la crise", explique l'un d'eux, Bou Amine, militaire à la retraite, qui
tient à la main sa carte et cherche son nom sur l'un des bureaux du centre,
qui en contient une dizaine, d'anciennes salles de classe.
Devant chacun est affiché une liste électorale, souvent déjà en mauvais
état. L'une d'elle s'envole dans l'indifférence. Plus loin, un observateur de
l'ONU demande des volontaires pour remplacer au pied levé plusieurs présidents
de bureaux de vote et assesseurs, absents.
"Ces présidents de bureau qui ne sont pas venus, ce sont des gens du MNLA
qui tentent de saboter l'élection. Ils ont aussi tenté d'intimider les
électeurs pour qu'ils ne viennent pas voter", assure un homme, même si les
rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA)
affirment qu'ils n'empêcheront personne de voter librement.
"Le gouverneur nous a fait part de la manière dont les jeunes du MNLA ont
pratiqué l'intimidation et nous en prenons acte, mais on peut quand même se
réjouir que le processus (ait) offert aux citoyens la possibilité de voter", a
jugé Louis Michel, chef des observateurs de l'Union européenne, lors d'une
visite éclair en milieu de journée... alors qu'aucun électeur n'était en vue.

"S'il n'y a pas de fraude, il n'y a pas d'élection"
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Face à ce vide, des responsables de bureaux de vote font état de pressions
politiques et même de tentatives d'achat des voix.
"Un représentant de l'Etat est venu voir le bureau, il a regardé l'urne,
quand il a vu qu'il n'y avait aucun bulletin dedans, il s'est fâché et m'a
demande d'en rajouter dix", témoigne l'un d'eux, où devaient venir voter les
habitants d'une commune située à près de 50 km de Kidal. "Mais j'ai refusé",
affirme-t-il.
Un autre responsable de bureau évoque la venue d'un partisan d'un candidat
venu lui proposer d'acheter des voix.
"C'est la coutume, s'il n'y a pas de fraude, il n'y a pas d'élection",
commente, blasé, un habitant.
La très faible participation s'explique aussi parce que de nombreux membres
de la communauté touareg, majoritaire à Kidal, sont favorables à
l'indépendance de l'Azawad (nord du Mali) et se sentent pas concernés par
l'élection.
"Ce scrutin est juste une formalité pour nous, le peuple de l'Azawad, pour
que le Mali élise son président et qu'on puisse aller aux négociations, c'est
tout", juge ainsi Abal Ag Mohamed Ali.
Si comme lui certains Touareg voient l'élection présidentielle comme un mal
nécessaire qui leur donnera un interlocuteur légitime pour des négociations,
d'autres la rejettent.
Plus de soixante personnes, des femmes, des enfants, des jeunes, ont
manifesté dimanche en brandissant les drapeaux des rebelles touareg.
"On ne veut plus du Mali, on n'en a jamais voulu. Les élections, ce n'est
pas notre problème, c'est seulement les pro-maliens qui vont voter, aucun de
nous ne va voter pour le Mali", assure parmi la foule Bakdi Walet Ibrahim, une
militante du MNLA.
"Notre seul désir, c'est l'indépendance de l'Azawad. Le Mali a tué nos
parents, nos enfants, nos frères, même nos troupeaux. On veut en être
délivrés", ajoute-t-elle.

thm/stb/plh

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