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Le Mali sous IBK : La République profanée
Publié le lundi 25 novembre 2019  |  L’aube
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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C’est au coup d’Etat stupide de 2012 qu’IBK, vieux politicien usé à l’époque, doit son recyclage politique. Pour le malheur de la République et le bonheur de sa famille et affidés. Les Maliens ne tarderont pas à l’apprendre à leurs dépens. Une fois posé sur le fauteuil haut perché de la République, IBK trahi par sa vraie face propulsée au-devant en pleine lumière puisque n’en pouvant plus d’être étouffée dans l’ombre, s’est mis à profaner les codes républicains. A la surprise générale, on découvre en lui, à la fois le pseudo démocrate dans l’âme et le vrai démocrate dans le verbe, en la manière d’un champion toute catégorie des concours acrobatiques, capable d’afficher les postures politiques les plus invraisemblables.

D’essence divine, sa conception du pouvoir qu’il tient pourtant des urnes et non du ciel, rampe sur un discours politique qui divague entre le surnaturel et le providentiel. Au grand dam de la laïcité républicaine dont il n’a cure. C’est lui l’élu de Dieu ! Son électorat vit dans les cieux. Voilà pourquoi IBK ne se considère nullement redevable du peuple malien et de son plébiscite de 2013. Il perçoit son fauteuil comme un cadeau divin. Même s’il ne cracha pas pour autant sur les choses plus terre à terre, les délices de la vie.

Aux anges dans le fauteuil présidentiel enfin retrouvé qu’il convoitait jusqu’au bout du désespoir, il jubile, logé, nourri, soigné, repassé, coiffé, chaussé, aux frais du contribuable qu’il regarde à la dérobée et toujours d’en haut, voire avec dédain. Entre son patrimoine personnel et le patrimoine de l’Etat, il a démantelé les frontières éthiques habituelles pour mieux assouvir ses rêves de lux. C’est l’osmose totale entre sa famille et la République, entre les biens publics et son patrimoine personnel. IBK a toujours disposé comme bon lui semble des moyens de l’Etat qu’il confond avec son patrimoine personnel ou familial. Cette confusion des genres a gangréné y compris tous ses attelages gouvernementaux et l’ensemble des hautes sphères de la fonction publique d’Etat où le critère privilégié de choix est demeuré le droit du sang. A tout point de vue, y compris au plan du logement, IBK assimile la République à sa famille. La surface de sa pépinière de ressources humaines a rarement dépassé les bornes de la cour de son domicile familial de Sébénicoro. Cette même demeure familiale réhabilitée à grand frais par l’argent de la République ! Ce n’est pas tout et il y a plus grave. A part le faux-semblant des postures respectueuses du droit qui semblent parfois lui échapper comme par inadvertance, dans sa pratique quotidienne du pouvoir, IBK n’a de la légalité républicaine et de l’Etat de droit, que la sensation du poids insupportable d’une contrainte inutile qui ne sied pas à la noblesse de sa charge. Il éprouve presque du mépris pour le droit auquel il rechigne à se soumettre, lui le tout-puissant. Un peu comme ce tyran d’un autre âge disant « l’Etat, c’est moi ! », disons que le droit, c’est IBK.

Jusqu’au crépuscule de son pouvoir qui s’annonce avec le scrutin de dimanche prochain, la République sous IBK restera une République profanée à jamais. La dernière estocade assénée par les manipulations opérées dans le fichier électoral audité qui viennent d’être éventrées par les experts du candidat Soumaila CISSE, ne dira pas le contraire. Fait incroyablement inédit : on apprend par les lamentables justifications avancées pour éteindre le feu de cette grossière tentative manifeste de fraudes massives organisées, que la copie originale du fichier électoral de notre pays élaboré ici à Bamako sur les ordinateurs de la DGE, se promène plutôt à l’Imprimerie de France à Paris ! Il n’y a que les demeurés pour se laisser distraire par des balivernes pareilles. Ils n’ont même pas eu l’intelligence de préserver une copie originale intègre du fichier audité, sans doute suffisamment naïfs pour croire au crime parfait. Une fois de plus, une fois de trop, la République est profanée. Derrière le mensonge officiel de l’inversion qui traite de copie, le fichier original tripatouillé par le pouvoir, et d’original la copie CD Rom envoyée à Paris, apparaît au grand jour malgré le crépuscule de son règne, la marque de fabrique terrifiante du régime du Président IBK qui n’aura eu que du mépris pour les codes de la République. Une République profanée 5 ans durant. C’est assez ! Ça suffit !

C H Sylla

(L’Aube 1000 du vendredi 27 juillet 2018)

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