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Mahi Ouattara, Imam de la Mosquée Arrahmane de Sebenikoro : « Aux puissances étrangères de revoir leur copie; leur présence n’a fait qu’empirer la situation »
Publié le lundi 25 novembre 2019  |  La Preuve
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Ces derniers temps, les voix s’élèvent contre l’intervention française au Mali. Après les dénonciations de la presse, des élus de la nation, des activistes et des artistes, les leaders religieux entrent dans la danse. C’est le cas de l’Imam d’une mosquée de Sébénikoro, Mohamed Mahi Ouattara, communément appelé Mahi.

La propagation de l’insécurité au Mali crée une frustration généralisée. L’allié d’hier (La France) est perçu aujourd’hui comme un diable. Dans l’opinion populaire, la force française est assimilée à une force d’occupation. Car, plus de 6 ans après son intervention, non seulement l’insécurité est grandissante, mais aussi le Mali est privé de sa 8ème région, Kidal, au nom d’un accord qu’aucune partie ne respecte. Ce sentiment anti-français répandu a même affecté la représentation nationale qui a initié une séance d’interpellation du ministre de la Défense sur le statut de Kidal.

Dans cette foulée, des leaders d’opinion se déchaînent. Après le député Moussa Diarra, le guide spirituel Chérif Ousmane Madani Haïdara, l’artiste Salif Keïta, l’autre célèbre Imam et prédicateur, Mohamed Mahi Ouattara fait taire les quelques activistes qui tentent de dédouaner la France dans cette affaire.

Dans un message audio sur les réseaux sociaux, Mohamed Mahi Ouattara affirme que certaines dénonciations contre la France sont fondées. « Si la France n’est pas complice des tueries au Mali, qu’on nous apporte aussi les preuves. S’il n’y a pas de preuve de sa complicité dans l’exacerbation de l’insécurité, il y a quand même la preuve que l’intervention française au Mali a lamentablement échoué. Les massacres quotidiens prouvent à suffisance que la présence des militaires français n’a rien servi pour le Mali», a-t-il déclaré. Avant d’argumenter que de la crise au nord du pays, le centre est embrasé et c’est tout le pays qui est menacé. Dans cette inquiétude béante, les gens cherchent à situer les responsabilités. « Si la population dit que c’est X et que quelqu’un trouve que cela n’est pas fondé, que celui-ci nous explique alors qui c’est. Que ce soit un Président de la République ou un journaliste, celui qui tente de défendre un groupe doit donner des preuves. Preuve, preuve, on ne va pas passer tout notre temps à apporter éternellement des preuves. Certes nous n’avons de preuve que c’est la France, mais as-tu aussi la preuve que ce n’est pas la France ? Apportes-nous la preuve et on avance. Qu’on laisse les gens défendre leurs convictions. Car personne ne maîtrise la situation actuelle du pays. Même, le Chef de l’Etat n’en sait rien », s’est défoulé le prêcheur Ouattara.

A ceux qui demandent de coller la paix aux partenaires pour compter sur nos propres forces, Mahi Ouattara indique que si le Mali existait encore, on n’aurait pas fait recours aux autres. « C’est à la suite de notre incapacité à résoudre le problème que nous avons appelé les autres puissances à l’aide. Si ces soutiens se montrent inefficaces, soit on en parle, où on les interpelle », a-t-il argumenté.

Pour lui, une force de maintien de la paix qui ne se bat pas n’est que de la poudre aux yeux. Pourquoi autant d’armements uniquement pour s’interposer alors même que vous êtes plus équipés que notre outil de défense, s’est-t-il interrogé. Avant de poursuivre que les barrages et les pare-balles suffiraient pour imposer une paix. Mais avec des armes sophistiquées, (avions de chasse, des chars et des véhicules blindés), le projet doit être tout autre. Au même moment, l’autre partie, l’Etat, subit de lourdes pertes en longueur de journée. Je crois que cette force ressemble beaucoup plus à une unité combattante contre le Mali, laissera entendre l’orateur.

Pour lui, nous ne devons pas être incapables de dénoncer chez nous ce que les autres pays dénoncent déjà. Aujourd’hui, estime-t-il, sa solution est devenue le problème. En clair, la France qui est censée apporter des solutions est devenue un casse-tête. Du coup, l’affaire se complique davantage. « Kidal qui est la source de cette insécurité se trouve plus sécurisée que le reste du Mali. Il n’y a plus de mort dans cette partie du Mali. Excepté les communautés de cette région, tout le reste de notre pays est exposé à des tueries sauvages. Non seulement ces forces étrangères ne combattent pas, mais, elles n’arrivent pas à s’interposer entre nous et nos ennemis», dénonce Mahi Ouattara. Les maudis qui refusent de voir et de dire la vérité doivent se taire à jamais. Car, la plupart des politiques qui continuent de garder le sourire n’ont pas un parent victime de cette crise, s’indigne l’imam. A l’en croire, si la présence des forces étrangères au Mali a un sens aujourd’hui, c’est la sauvegarde de la place de certains politiques. Si ce que nos autorités qualifient de rumeur ne s’est pas fondé, de grâce, qu’elles nous livrent la vraie information. Toute personne qui s’agite sans dénoncer l’inefficacité et le manque de sincérité des puissances étrangères au Mali a un autre agenda différent de celui du Mali, soutient l’imam Mahi Ouattara. « A ces puissances étrangères de revoir leur copie, sinon, leur présence n’a fait qu’empirer la situation. Certains préfèrent jeter leur dignité aux chiens, vendre leur patrie pourvu qu’ils gardent de bons rapports avec l’Occident. De toute façon, je ne peux pas prouver que ces puissances nous tue, mais, j’ai les preuves qu’elles ont échoué et n’ont rien apporté au peuple du Mali», a conclu l’imam Ouattara.

Oumar KONATE

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