Avec un directoire irrespectueux des décisions de justice et n’ayant que mépris pour la hiérarchie, l’Agence de Cessions Immobilières ne peut que s’éloigner chaque jour un peu plus de l’orthodoxie et de la rigueur qui ont jadis construit sa notoriété. Considérées comme une singularité et même des avantages comparatifs, ces caractéristiques enviables sont subitement devenues si périssables que l’inaliénabilité des propriétés. Depuis l’arrivée de Mamadou Tiéni Konaté, en tout cas, les retraits drastiques de parcelles sont légion et ne se comptent plus sur les doigts d’une main. Ils se ramassent à la pelle au point que la tendance rappelle à nombre d’observateurs une époque relativement ancienne où une meute impitoyable était lancée aux trousses de chaque lopin inoccupé de la capitale. Si les labels ACI étaient les seuls épargnés dans le District, en son temps, on constate qu’ils ne représentent désormais aucune garantie et que le mercenariat domanial y est même plus intense que dans les mairies. A la différence que la société immobilière en fait plus les frais, à travers de coûteuses condamnations judiciaires en passe de l’entraîner davantage vers les précipices en plus des effets de la gestion calamiteuse sur ses indicateurs financiers. La chaîne risque de s’allonger puisqu’à la panoplie de procédures judiciaires déjà abouties ou en cours – tous aux dépens de l’ACI – pourraient se greffer très prochainement un cas typique du grand grabuge qui a pignon sur rue à l’Agence de Cessions Immobilières. Il s’agit d’extorsion de titre à ciel ouvert dont une Malienne résidant en Italie est victime. La parcelle en question, apprend-on, se trouve à Souleymanebougou et, tenez bien !, au bord de la voie principale. Elle est donc assez bien située pour aiguiser les convoitises. À en croire notre source, le joyau est revenu à Dame Bikini Sidibé par le biais de la compensation d’une propriété domaniale précédemment détenue à Sotuba et qu’elle a perdue, selon toute vraisemblance, dans le cadre d’un lotissement. Et pour jouir pleinement de son nouveau domaine, la bénéficiaire n’a guère lésiné sur les moyens. Une bonne partie de ses économies d’expatriée était consacrée au paiement des frais d’acquisition qu’elle versait périodiquement par tranches dans les comptes publics avant de les rédomiciliés à l’ACI. Elle avait toutes les raisons, en définitive, d’espérer qu’elle dispose d’un précieux investissement gagé pour le futur et la descendance. Toutes les assurances lui auraient été d’ailleurs données. En plus d’avoir obtenu une prorogation de son échéance de paiement par les prédécesseurs de Mamadou Tiéni Konaté, ce dernier lui aurait personnellement fait la promesse de préserver son acquis. Mais elle tombera à la renverse en apprenant que le domaine n’est plus immatriculé à son nom et que le principal décideur de l’ACI s’est engagé en ignorant que le terrain n’avait déjà pas résisté à certains appétits spéculatifs. Retiré sans aucune forme de procès, le joyau, à en croire notre confidence, est réattribué au fils de Djibi Yatassaye et probablement au nom de leur société SOMAYAF. Et malin qui peut dire au prix de quelle fortune il est tombé dans son escarcelle. On sait en revanche, de source bien introduite, qu’à la différence du commun des clients constamment trimballés pour l’obtention de leur titre, le nouvel acquéreur appartient au lot des privilégiés. Il a pu décrocher le sésame à la vitesse d’une étoile filante, sauf que la victime de ce retrait ne paraît point du genre à lâcher facilement prise. Elle se serait d’ailleurs rendue en Italie pour réunir toutes les preuves de sa propriété, indique notre source indique, preuve de sa détermination à aller jusqu’au-bout pour tirer au clair l’affaire. En tout cas, elle ne semble guère se suffire des dérobades du directoire actuel ayant consisté à charger l’ancien directeur, Kalifa Sissoko, auquel le forfait a été imputé. Or toutes les vérifications démontrent que la revente de la parcelle 001 sis à ACI Souleymanebougou est une opération beaucoup plus récente, qui s’est bel et bien déroulée sous l’actuel PDG. Tous les actes de vente et documents afférents à la délivrance du titre attestent d’un retrait effectué depuis deux mois à peine.
Quelle autre explication l’ACI pourra-t-elle évoquer pour justifier une telle grossièreté après la découverte de la supercherie ? Elle pourrait se retrancher éventuellement derrière l’irrégularité des paiements par la propriétaire initial car le nouvel acquéreur ne veut pas entendre parler non plus d’annulation de la nouvelle transaction. Approchée par nos soins, la victime dit avoir l’intention de recourir à d’autres moyens pour récupérer son dû et n’a point souhaité se prononcer publiquement là-dessus. Des proches du dossier confirment, toutefois, qu’un préavis de retrait ne lui est jamais parvenu alors qu’il est de rigueur en la matière selon les textes en vigueur.
La procédure a été de la même façon piétinée pour d’autres retraits de même acabit que le directoire a effectués avec beaucoup moins de gêne. C’est le cas d’une parcelle ré-attribuée à Soumaré, un neveu du PDG, au détriment de Kara Niara, ainsi que des annulations de nombreuses attributions à la hussarde sur la Bande 140 sise à Sabalibougou. La plupart de ces abus ont été corrigés par des décisions de justice aux dépens de l’Agence, mais leur exécution se heurte à un refus catégorique du PDG. Lequel, au mépris de toutes les instructions de la tutelle pour prendre en compte les implications sociales desdites décisions sur la société, ne veut rien entendre ou n’entend que la voix des expropriations hasardeuses qui lui attirent constamment des condamnations. La résistance qu’il oppose tant aux lois de la République qu’à sa hiérarchie n’arrête pas d’intriguer et toutes les interrogations débouchent sur une désobéissance cautionnée par une autorité au dessus de la justice et de la tutelle.