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Situation sécuritaire du Mali: Le député Moussa Diarra charge l’Etat à prendre ses responsabilités face à la France
Publié le mardi 26 novembre 2019  |  Le Témoin
3eme
© aBamako.com par MS
3eme Assise de l`Ensemble Pour le Mali (EPM)
Bamako, le 14 juillet 2019 Le premier ministre Dr Boubou Cissé a présidé la troisième assise de l Ensemble Pour le Mali (EPM) au crèche de Badalabougou .
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C’était, le 20 novembre 2019, à la faveur de l’interpellation du ministre de la Défense et des Anciens combattants, Ibrahim Dahirou Dembélé. Le député élu en commune IV, Moussa Diarra, a exigé de l’Etat du Mali qu’il assume ses responsabilités face à l’ancienne métropole. En effet, le ministre interpelé a apporté des réponses aux questions sur la situation sécuritaire devenue plus préoccupante depuis les attaques de Mondoro, Boulkessy, Indelimane et Tabankort dans lesquelles plus d’une centaine de militaires ont trouvé la mort en deux mois. On s’attendait donc à un débat houleux après qu’un premier rendez-vous a été ajourné.

Au terme de l’exercice, on peut dire que le débat a tenu toutes ses promesses. Et pour cause, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, appuyé par son homologue de la Sécurité et de la Protection civile, le général de division Salif Traoré, a reçu une kyrielle de questions de la part du député de la commune IV, Moussa Diarra qui brûlait de s’imprégner des moyens mis en place par le Gouvernement du Mali pour venir à bout de l’insécurité. Les questions de l’élu ont aussi porté sur le statut de Kidal et le lien entre le Mali et la France. Il a directement chargé le gouvernement à revoir sa copie avec la France.

Car, juge-t-il, le mode d’intervention de cette dernière est sélectif et inopportun. En effet, selon Moussa Diarra, «cinq ans après la signature du traité de coopération avec la France, l’insécurité au Mali, marquée par des crimes de guerre et des tentatives de démembrement du pays ne fait que se perpétuer». Jugeant par ailleurs la défaillance sécuritaire sans commune mesure, le député a également demandé au ministre de Défense et des Anciens combattants de faire l’évaluation de la loi de programmation militaire qui a affecté 25% du budget national aux secteurs de la Défense et de la Sécurité. Il a enfin demandé au ministre Dahirou ce qu’il sait des bases de Gossi et Tessalit et les raisons d’une coopération avec la Russie alors que le Mali est déjà lié à la France.

Dans la même veine, la curiosité du député a porté sur la différence entre une coopération militaire et un accord de défense, ainsi que si l’intérêt réel qu’à le Mali à cheminer avec la France, à sous-traiter par un accord le Mali sa sécurité, comme l’estiment certains observateurs. Jugé comme une force occupante, le départ de la France est fortement réclamé par la rue, qui réclame par la même occasion une intervention russe au Mali, selon le jeune député Diarra aux yeux «90000 FCFA sont coupés du salaire des militaires sur le front. Des militaires décédés ou déjà à la retraite continuent d’être payés». Le député Moussa Diarra se dit également convaincu qu’avec la France, les Famas n’atteindront jamais leurs objectifs. En effet, pour attribuer la fuite des informations ayant abouti aux massacres à répétition, le député RPM a déploré le fait que le chef d’état-major de la Minusma, le chef de bureau de la Minusma à Kidal, le GGA de la police de la Minusma, le conseiller spécial de la Minusma sont tous français. A ses yeux, c’est pire d’avoir un officier français comme conseiller à l’Etat-major général des Famas où toutes les opérations secrètes sont détenues.
En réplique, le ministre de Défense et des Anciens combattants, dira qu’il vient de faire presque le tour du front pour s’enquérir des conditions de ses hommes sur le terrain. A en croire le ministre Dembélé, de Gao à Bourem en passant par Ménaka jusqu’à Ansogo, les hommes sur le terrain n’ont jamais parlé de salaire. A cet effet, il invite les députés maliens, à l’instar des députés européens, de se rendre sur le terrain pour s’entretenir avec les militaires engagés au front. Cela va non seulement réconforter le moral des hommes sur le terrain, mais également permettra aux élus de disposer de toutes les informations les concernant.
Et comme pour assurer de la bonne utilisation des 25% du budget alloués à la défense et la sécurité du pays, le ministre de la Défense et des Anciens combattants a précisé que la mise en œuvre de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire a réellement permis d’améliorer les conditions des soldats sur le terrain et de renforcer la capacité opérationnelle des Famas. «Chaque section et compagnie ont leurs dotations en armement et en véhicule sur le terrain. Ce qui n’était pas le cas auparavant», a-t-il expliqué, en prenant l’exemple sur son passage à Taoudéni où il n’y avait aucun véhicule. Et de se réjouir du fait que les militaires engagés sur le front soient pris en charge en intégralité par l’Etat. Le ministre de la Défense et des Anciens combattants a également invité les députés à ne pas se focaliser sur la manne allouée à l’armée à travers cette loi. Et pour cause, dans ce budget, ajoute-t-il, est inclus aussi le salaire des Famas.
Après avoir rendu un hommage appuyé aux forces étrangères engagées aux côtés du Mali pour le retour de la paix et de la sécurité, le ministre Dembélé a laissé entendre que ces braves hommes et femmes méritent la reconnaissance et le soutien du peuple malien. Selon lui, c’est au prix de leur vie qu’ils mènent cette mission. Pour répondre aux questions du député, le ministre dira qu’une coopération militaire est différente d’un accord de défense. En effet, explique-t-il, le premier est technique notamment dans le cadre de la formation et du renseignement. Quant à l’accord de défense, «c’est un texte intergouvernemental signé pour sous-traiter sa défense en cas d’attaque ». Le Mali, a-t-il martelé avec insistance, n’a pas sous-traité sa sécurité. Il affirmera que le Mali n’est pas lié à la France par un accord de défense. A l’endroit de ceux qui attendent une intervention pour venir au secours des Famas, il les invite de se détromper. Et d’informer Moussa Diarra que des forces internationales sont venues pour nous soutenir. « Une fois que le Mali sera en position de prendre en charge sa sécurité, nous allons demander à la France de rentrer. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, grâce à Barkhane les blessés des Famas arrivent à être évacués à temps », a-t-il précisé en se réjouissant de l’intervention in extremis de la France à travers « serval », sans laquelle la perdition du Mali était dessinée.
Pour Dahirou Dembélé, l’esprit de la coopération avec la Russie n’est aucunement de mettre en cause celle signée avec la France. Comme en diplomatie, il faut nouer l’amitié avec beaucoup de pays. A la date d’aujourd’hui, a-t-il dévoilé, le Mali a signé une coopération militaire avec le Burkina-Faso, l’Algérie, la France et la Russie. Il dira que le Mali a signé une coopération avec la Russie dans le cadre d’une assistance militaire pour renforcer sa capacité, comme dans le temps. « Cependant, la Russie ne nous fera pas de cadeau, il faut toujours payer », a-t-il martelé, ajoutant qu’un avion de combat malien n’a pas encore été livré par la Russie. Et pour cause, explique-t-il, la moitié du montant demandé n’a pas encore été payée.
Concernant les bases françaises installées à Gossi et Tessalit, le ministre de la Défense et des Anciens combattants dira qu’elles sont temporaires afin d’empêcher la libre circulation des djihadistes.
Sur la question du Statut très particulier de Kidal, le général Dahirou pense qu’il faut qu’on se donne les moyens de peser dans la balance.
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