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L’OCRS (1957): les illusions d’un État touareg postcolonial
Publié le lundi 25 novembre 2019  |  L’Inter de Bamako
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Si la culture et ses représentants ont été un élément important dans la mobilisation et dans la construction de l’identité rebelle, la référence à l’OCRS (Organisation commune des régions sahariennes) constitue pour les insurgés, un repère dans le processus de la reterritorialisation d’un espace touareg.

À travers cette organisation, s’est construite une «chimère politique» (surtout au moment de l’indépendance du Soudan devenu le Mali, en 1960, en souvenir de l’empire du Mali) dont l’échec marque toujours les représentants politiques des rebelles touaregs.
On parle d’illusion parce qu’il semble que les projets d’unification politique de territoires sahariens contrôlés par la France, élaborés dans l’urgence de la décolonisation, aient suscité des espoirs d’indépendance chez les Touaregs (chez certains de leurs chefs de fédérations).
Pourtant, très largement, au-dessus des réalités du terrain et des promesses politiques qui y étaient liées, l’histoire de ce projet, qui affecte aussi bien les Touaregs au Mali que dans les autres États concernés (surtout le Niger), a été faite ailleurs (par la France). On s’y intéresse ici pour ses effets sur les constructions politiques modernes du monde touareg, notamment, les représentations qu’ils ont aidées à construire, le rapport à l’indépendance de l’État malien et les relations avec la France.
L’effet politique de l’OCRS est d’autant plus interessant, qu’il a donné lieu à un débat vif au sein du monde politique, alimentant notamment, les querelles sur les limites légitimes d’un territoire pour les Touaregs. Comment l’idée de l’OCRS est née en France ? Pourquoi resurgit-elle à chaque rébellion touarègue ?


COMPRENDRE
Sortir de l’état de guerre et du terrorisme est-ce encore possible ?
Les conflits en Afrique
Alors que la situation du Moyen-Orient s’est progressivement déstabilisée (Irak, Syrie, Yémen, Afghanistan), causant à nouveau des centaines de milliers de victimes, les guerres civiles africaines se sont réduites régulièrement, depuis les années 1990.
Contrairement au Moyen-Orient, l’Afrique subsaharienne a peu connu récemment d’affrontements violents entre une population excédée et un pouvoir répressif, ni subi les grands séismes géopolitiques et religieux causés par des ambitions impériales et rivales.
Ainsi, les conflits graves (plus de 1.000 morts par an) qui affectaient trois (03) pays africains en moyenne pour chaque année précédant 2.00 sont passés à un ou deux (02) par an au plus par la suite, avec cependant un regain, à partir de 2013: Centrafrique et Soudan du Sud s’ajoutent alors au conflit du Darfour, la Somalie étant classée soit en «terrorisme», soit en «guerre civile».
En revanche, le terrorisme d’inspiration religieuse, inconnu sous la forme islamiste jusqu’aux années 2.000, a fait son apparition, par une contagion venue des mondes arabes et asiatiques, mais envenimant des plaies locales.

Une forme de terrorisme religieux préexistant néanmoins plus au Sud, mais sous une inspiration chrétienne extrémiste, depuis 1986, en Ouganda, avec l’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army ou LRA), considérée comme «terroriste» à partir de 2001 et aujourd’hui en fort déclin (en 2017, l’armée américaine a mis fin à sa traque contre la LRA en Ouganda et en RCA). Il subsiste d’autres milices de «chrétiens terroristes» (oxymore seulement en théorie) dans l’est du Congo-RDC, tels les Mai-Mai Corps du Christ et Armée de Jésus-Christ.
Selon un rapport du secrétaire général des Nations unies de 2013, la LRA avait, en vingt-cinq (25) ans, tué plus de 100.000 personnes et enlevé entre 60.000 et 100.000 enfants, un bilan quatre (04) fois pire que celui de tous les djihadistes réunis au Sud du Sahara, car ces derniers ont tué, de 2000 à 2016, environ 25.000 personnes: près de 20.000 pour Boko Haram et près de 5.000 pour les Chebabs, selon le Global Terrorism Index.

Environ 30 pays subsahariens, soit les deux tiers des États de cette région, ont connu des conflits armés, depuis les indépendances, sans compter les guerres anticoloniales. Mais la proportion de pays ayant été affectés par des guerres est plus importante en Asie qu’en Afrique: 1,88 guerre par pays à comparer avec 1,65 en Afrique. La durée des guerres est également, en moyenne, un peu plus longue en Asie qu’en Afrique.
Les transformations des guerres africaines ont fait l’objet d’une importante étude par un chercheur américain qui montre, de manière difficilement contestable et en s’appuyant sur la base de données de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (PRIO), que les guerres diminuent effectivement en nombre et en intensité en Afrique subsaharienne. Elles ont également changé de modalités.

Les guerres interétatiques, encore plus rares, depuis quinze ans
On principalement citer: Somalie contre Ethiopie (1977-1978 et 2006), Kenya contre Somalie (2011), Ethiopie contre Érythrée (1998-2000 avec entre 35 et 70.000 morts), Érythrée contre Djibouti (2008), le bref et petit conflit entre le Mali et le Burkina Faso (1985) ou l’escarmouche entre le Sénégal et la Mauritanie (1989-1991). Le principal conflit, qualifié de «Grande Guerre africaine», causant 4 à 5 millions de morts, surtout de famine et de maladies, a concerné le Rwanda et l’Ouganda contre le Congo-RDC (1998- 2003).
Dans ce dernier cas, appelé aussi deuxième guerre du Congo, neuf pays africains sont intervenus. L’Angola, le Zimbabwe, la Namibie et le Tchad étaient en appui du Congo-RDC de Laurent-Désiré Kabila contre ses anciens alliés rwandais et ougandais qui l’avaient porté au pouvoir (lors de la première guerre du Congo) et dont il avait fini par trouver la tutelle trop pesante, ne supportait plus d’être «la marionnette du Rwanda.


Les guerres civiles
Leur nombre est, jusqu’à 2013, de deux à trois (03) fois moindre qu’au cours des années 1990. On observe une nette accumulation des guerres civiles dans les trois premières décennies des indépendances, culminant au début des années 1990, puis diminuant de manière significative, avec la pacification de l’Afrique australe et des États côtiers de l’Afrique occidentale et centrale.
Leur intensité a diminué également. Ce sont aujourd’hui, pour l’essentiel et de manière typique, des conflits à la périphérie des États, et les combattants tendent à être des groupes militairement assez faibles et divisés en factions. Il y a de moins en moins de guerres entre forces significatives et comparables, ayant le pouvoir de s’emparer éventuellement de la capitale, de contrôler une large part du territoire ou de créer une sécession.
C’était le modèle des guerres passées du Biafra (menaçant de sécession le Nigeria, en 1967-1992), des rebelles de l’Unita en Angola (1967-2002) de la Renamo au Mozambique (1975-1992), du FPLT en Ethiopie (1974-1991) du SPLM au Soudan (1983-2005), de la NRM en Ouganda (1973- 1994).

Le raid djihadiste provenant du Nord-Mali, en janvier 2013 parait l’une des exceptions à cette tendance à rester périphérique, l’autre étant dans la descente des rebelles de la Séléka vers Bangui (Centrafrique), en mars 2013. Sans l’intervention de l’armée française (Serval), les groupes armés «djihadiste» pouvaient menacer Bamako.
En Centrafrique, contrairement au cas malien, la France a décidé de ne pas arrêter la colonne de rebelles venus du Nord-Est (descendant du Tchad) qui a pu ainsi s’emparer de Bangui et créer une situation qualifiée de «pré-génocidaire».

Ce qui parait assez caractéristique des conflits armés, depuis la fin des années 2000, c’est leur relative basse intensité, tels que ceux de Casamance au sud du Sénégal (une insurrection très ancienne qui était attisée, jusqu’en fin 2016, par l’ancien dictateur gambien Jammeh), de l’Ogaden en Ethiopie (conflit intermittent), de la bande de Caprivi en Namibie, de 1994 à 1999, du Nord de l’Ouganda (LRA), de Cabinda en Angola (officiellement terminé, en 2006, il subsiste néanmoins), du Nigeria (Boko Haram) ou «live interdit» au Nord), du Tchad (apaisé actuellement), de la RCA, du Soudan (Darfour), du Soudan du Sud (conflit qui s’est intensifié, en 2017, créant 1 million de réfugiés et de déplacés), de l’est du Congo-RDC (malgré la signature d’un accord de paix, en 2002), du Nord du Mali (après la signature de l’accord de paix de 2015).
Ces petits groupes armés sont certes capables de semer la terreur et la désolation, mais ils ne disposent pas d’armes lourdes, sauf exception (essentiellement des armes prises à l’Armée régulière, notamment au Mali et au Nigeria.
Source: Le Grand livre de l’Afrique (Nicolas Normand)


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