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Choguel sur la crise politico-sécuritaire: ‘’les dirigeants sont ceux à qui les Maliens doivent s’en prendre’’
Publié le mardi 26 novembre 2019  |  Info Matin
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© aBamako.com par AS
Lancement du Livre de Dr Choguel Maiga
Dr Choguel Maiga a procédé au lancement de son livre le Jeudi 28 Juin 2018 à la Maison de la Presse.
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Dans différentes tribunes, Choguel Kokalla MAIGA jette une lumière crue sur les intrigues de ceux qu’il qualifie ‘’d’auteurs du complot’’ visant la partition du Mali. Il défend que rien n’est gravé dans le marbre sur l’Accord, qui 4 ans après sa signature, ne tient toujours ses pas promesses de paix. Il pointe du doigt la faillite d’une classe politique apathique quand il fallait donner de la répartie à des officiels Français, particulièrement, il cloue au pilori les dirigeants qui ont trahi l’Armée et le peuple. Ce qui nous vaut d’être dans la situation où nous nous trouvons actuellement. « S’il y a la volonté aujourd’hui d’aller de l’avant, il faut qu’on s’asseye et qu’on s’interroge », prône-t-il et que les dirigeants tiennent le langage de la vérité. Lisez plutôt le réquisitoire enflammé de ce soldat de la souveraineté nationale réconforté par des personnalités françaises.

Le plan de partition du Mali
Ceux qui ont imposé au Mali cette situation, les acteurs du complot. J’ai vu récemment un général à la retraite français qui a parlé. Tout le monde au Mali s’est ému ; il y a des politiciens qui se sont mis à le critiquer ; mais ces politiciens, pourquoi ils n’ont pas parlé lorsque les officiels Français ont parlé ? Alain JUPPÉ était le ministre des Affaires étrangères de Nicolas SARKOZY ; nous on a été fouillé dans les archives. Sa dernière mission en Afrique, c’était en 2012. Il a dit qu’il est venu pour dire à ATT qu’il faut donner l’autonomie aux Touareg. Ce que je vous dis est documenté ; moi je ne fais pas de la propagande ou de la diffamation. Il est venu dire à ATT de donner l’autonomie aux Touareg. Quels Touareg ? Les gens qu’ils ont amenés de Libye. Quand le ministre des Affaires étrangères lui a dit, il a dit à Laurent FABUIUS après, mais les gens qui terrorisent les Maliens, ce sont ceux que vous avez amenés de Libye après avoir cassé la Libye. Il dit, vous savez c’est la vie. Ça c’est documenté. C’est la vie ? Vous amenez le malheur des autres pays et vous dites que c’est la vie. C’est Élisabeth GUIGOU, la Présidente de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, elle est socialiste, elle n’est pas de droite, elle a une citation que j’ai dans mon livre ; elle dit qu’il faut mettre en place un plan d’autonomie du nord du Mali. Jean-Yves Le Drian était ministre de la Défense quand on a signé l’Accord d’Alger, le 15 mai, le lendemain, il a donné une interview sur RFI. Il dit que les gens du Nord et du Sud ont tout fait pour vivre ensemble ; ils ne peuvent pas vivre ensemble. Ça, c’est des officiels. Donc, la stratégie de préparer l’opinion nationale et internationale à la partition du Mali est orchestrée. Qu’est-ce que nos dirigeants disent ? Ils se taisent. Pendant ce moment, on est les flatte, le Mali c’est l’exemple de la démocratie, on parle le latin, le grec pour impressionner pour nous dire que l’onconnaît l’histoire de la France. C’est là qu’il faut protester.
On dit que le Mali, c’est la grande croissance économique. On mange la croissance ?
Au nom du Pacte avec les Ifoghas
La Résolution des Nations-Unies 2085 qui a été votée le 12 décembre 2012, à la demande du Gouvernement malien qui a introduit une demande, en septembre 2012, à l’ONU, à travers l’Union africaine, pour demander une intervention étrangère. Ils ont créé la MISMA, avec une force d’attente de 3 000 hommes où les Africains devaient se donner la main pour libérer le Mali. Qui les empêché ? Le premier qui a protesté, c’est le ministre français des Affaires étrangères. Il dit que 3 000 hommes, c’est trop par rapport à 500 indépendantistes. On a saboté la MISMA, on a saboté la force d’attente.
Lorsque l’échec était devenu patent, on a créé la MINUSMA avec la Résolution 2100 d’avril 2013. Ce qu’on a refusé de donner à la MISMA, on l’a transféré à la MINUSMA. À la place de la force d’attente, on a amené les forces étrangères sur notre territoire.
La lettre que le Gouvernement malien a adressée aux Français ou qu’ils ont fait écrire au Gouvernement malien pour demander l’intervention ; le Gouvernement malien a demandé une intervention aérienne et en informations ; pas de forces au sol. Ce sont des soldats maliens qu’on fait passer pour des fuyards qui ont libéré Konna, qui ont fait le corps-à-corps à Tombouctou ; ils l’ont fait à Gao. Ils étaient en train de rentrer à Kidal quand on les a arrêtés à Anéfis. On a interdit à notre armée de rentrer à Kidal. Pour faire quoi ? Pour retourner à une Convention qui a été signée entre la France et les Ifoghas le 15 septembre 1907, la Convention de Bourem qui dit quoi ? L’Adrar des Ifoghas appartient désormais aux Ifoghas et ceux qu’il plaira aux Français d’y installer, pendant la pénétration coloniale. Donc, à partir d’Anéfis, on a interdit à l’armée malienne d’aller à Kidal. On a amené quoi ? Les Français ont envoyé 3 à 4 000 personnes dans le cadre de l’Opération Serval. Ils sont venus à Kidal, avec un budget d’un milliard de francs CFA par jour. On a fait venir les Tchadiens, on a fait venir les autres forces de la CEDEAO ; l’armée malienne non.
inoritaire au sein même des touareg ».
Nicolas Normand atteste
L’analyse de l’ancien ministre, Choguel MAIGA, est affermie par Nicolas NORMAND, ancien ambassadeur de France au Mali, à la question de RFI pourquoi rater l’occasion ‘’pourquoi dites-vous que la France a manqué l’occasion en 2013 de neutraliser, de désarmer tous les groupes armés du nord Mali ?’’ Il répond : « effectivement, je suis assez critique sur cette opération. Sur le principe, l’Opération Serval de janvier 2013 était une excellente opération. C’est-à-dire, il fallait empêcher les différents groupes djihadistes réunis de déferler vers le Sud et éventuellement vers Bamako. Le problème, c’est que la France a cru ensuite distinguer des bons et des mauvais groupes armés. Certains qui étaient perçus comme politiques et d’autres qui étaient perçus comme terroristes. Et l’Armée française est allée rechercher ce groupe. C’était le MNLA et, là à l’époque, ces séparatistes touareg d’une tribu particulière qui était m
Le mauvais diagnostic
Le problème de gouvernance que les séparatistes ont toujours avancé, c’est le seul argument qui est recevable. Mais, la mauvaise gouvernance, ce n’est pas seulement les Maliens du Sud. C’est les Maliens du Nord. L’argent qui a été investi par milliards au Nord, où sont les centres de santé, où sont les forages ? C’est des ressortissants du Nord qui dirigeaient ces institutions. Donc, on a refusé de tenir le discours de la vérité ; on a refusé de faire le bon diagnostic, on a pris les arguments des séparatistes et de leurs alliés pour essayer de construire la pax. Mais, vous ne pouvez pas construire la paix comme ça ! C’est pourquoi je dis qu’aujourd’hui ce que le Gouvernement doit faire, c’est de dire toute la vérité aux Maliens.
Deuxièmement, il faut s’assumer. Il faut que les séparatistes abandonnent leur projet de partition du Mali, parce qu’ils n’ont pas un autre pays. S’ils divisent le Mali, Dieu nous en garde, ça va être comme le Soudan du Sud. Ils vont commencer à se tuer, parce qu’en vérité, il y a une aristocratie au Nord qui ne veut pas du jeu démocratique, qui veut continuer, une minorité, à s’imposer aux autres Touareg. L’actuel ministre de l’Artisanat, Nina Walett INTALLOU, elle a été élue maire à Kidal, en 2004. Ils ont refusé qu’elle s’installe et le pouvoir a accepté ; mais les Maliens n’en parlent pas. On veut qu’on parle de démocratie ? Donc, il faut qu’on dise la vérité aux Maliens ; il faut dire la vérité à la communauté internationale. On est en train d’organiser la partition du Mali et les dirigeants maliens sont ceux à qui les Maliens doivent s’en prendre.
Des pourparlers biaisés
Vous savez, il y a eu des erreurs dès le départ. Dans le processus de négociation d’Alger, on a confondu souvent, du côté du Gouvernement, la quantité et la qualité. Il faut les jeunes, il faut les femmes, il faut ceci, il faut cela. Mais une négociation, c’est une question de spécialistes ; ce n’est pas une question de représentation de la société. Vous avez des hauts cadres, des historiens, des administrateurs, ce sont eux qui vont négocier. Il ne s’agit pas remplir les avions pour dire qu’on va représenter toutes les populations là-bas.
Mais ce qui s’est passé, c’est qu’il n’y a pas eu d’entente sur les concepts et les définitions dès le départ. Or, un accord politique comme celui-là, il faut que dès le départ on s’entende sur tous les concepts et les définitions. C’est parce que cela n’a pas été fait que c’est maintenant qu’on est en train de discuter ‘’l’Azawad’’, est-ce qu’on est d’accord, est-ce qu’on n’est pas d’accord ; il fallait le clarifier dès le départ.
Maintenant, vous savez, l’Accord au début, c’est effectivement un Accord pour la paix. Donc, c’est un outil de construction de la paix. Ce n’est pas quelque chose de figé. Les Maliens ont adhéré dans leur grande majorité, la majorité silencieuse des Maliens y avait adhéré dans l’espoir que ça va ramener la paix. Le problème, c’est que cinq ans après, la paix n’est pas revenue. Mais vous avez un malade, vous lui prescrivez une ordonnance, vous commencez à le traiter, c’est prévu qu’il guérisse dans deux semaines, dans le cas d’espèce, on a dit dans deux ans, quatre semaines après le mal s’aggrave, d’autres maladies se développent dans son corps. Mais vous arrêtez le traitement ou le médecin le modifie. Depuis quatre ans on est en train d’appliquer l’Accord… Au moment où on signait l’Accord, la crise était à Kidal. Elle est venue à Gao, à Tombouctou, aujourd’hui, c’est au Centre qu’on est en train de se tuer. En 2014, moi j’ai pris ma voiture ici, j’ai été chez moi au Nord. J’ai traversé tout le pays ; mais aujourd’hui on ne peut pas le faire. Mais on continue toujours à dire l’Accord, l’Accord. Il faut sortir du fétichisme de l’Accord. Le Coran et la Bible sont les livres saints qu’on ne modifie pas ; il n’y a rien d’autre qu’on ne puisse pas modifier. Même la Charte des Nations-Unies, on la modifie souvent ; les constitutions des États, on les modifie. Donc, pour moi, s’il y a la volonté aujourd’hui d’aller de l’avant, il faut qu’on s’asseye et qu’on s’interroge. C’est là où je vous rejoins ; on n’a pas besoin de la communauté internationale. Entre nous frères, nous pouvons nous asseoir et nous dire un certain nombre de choses.
Le trio infernal
Mais, je vous dis, il y a des insuffisances souvent qui viennent des trois acteurs. Les trois acteurs dans cette affaire ? Vous avez les mouvements armés, la communauté internationale, le Gouvernement. La réalité, c’est que la plupart de ces acteurs n’ont pas joué le rôle que le peuple malien attendait d’eux.
Par exemple, au moment de la préparation de la Conférence d’entente nationale, c’est dans les TDR élaborés par le Gouvernement qu’on a clissé les termes ‘’politique’’ et ‘’historique’’ concernant l’Azawad. Dans l’Accord, ça n’existe pas ; on a parlé de mémoriel, de culturel, ainsi de suite. Donc, on a glissé le ver dans le fruit. ‘’Historique’’ et ‘’politique’’, c’est le Gouvernement qui a ajouté ça aux TDR de la Conférence d’entente nationale. C’est le Gouvernement qui a fait des combinaisons souvent avec les mouvements pour faire des choses, souvent, en interprétant de façon abusive l’Accord.
Vous avez les mouvements aussi dont certains ne jouent pas franc jeu. Je suis très heureux que mon frère Acharatoumane affirme aujourd’hui, vous avez vu les applaudissements qu’il a eus dans la salle. Vous savez, dans la vie, se tromper, ce n’est pas ce qui est grave ; c’est persister dans l’erreur qui est grave. Aujourd’hui, nous devons comprendre tous que nous avons tous une part de responsabilité dans ce qui nous est arrivé. Retrouvons-nous pour que ces populations qui sont dans les camps de réfugiés quittent au nom desquels tout le monde dit qu’il parle, alors que personne ne l’a mandaté, pour qu’ils aspirent à la paix finalement. Pour que ces populations puissent revenir ; c’est cela mon avis. Il faut aujourd’hui que les Maliens aient le courage de s’asseoir et de se parler et de nous donner la main pour avancer ; mais que chacun joue le jeu.
Que faut-il pour sauver le Mali ?
André BOURGEOT : on ne peut pas sauver le Mali s’il n’y a pas un grand mouvement populaire de la société civile, avec les partis politiques, avec les religieux. Ce n’est pas une utopie ; il y a possibilité de fédérer sur l’objet, sur quelque chose de bien concret. L’objet c’est quoi ? C’est le contenu des accords de paix. Le contenu des accords n’est pas approprié par le peuple malien, ni par la classe politique, ni par personne, sauf par certains signataires…
Je dis souvent que le Gouvernement fait des erreurs. La communauté internationale, on la remercie pour ce qu’elle a fait. Mais souvent, elle ne joue pas le jeu. Tout le monde dit aujourd’hui qu’il y a un sanctuaire, qu’il y a un lieu d’où partent les problèmes aujourd’hui ; mais pourquoi ne pas aller là-bas ? C’est Kidal. Les mouvements armés, ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Président du Niger qui l’a dit hier. Avant lui, le Commandant en chef de Barkhane, le 17 novembre 2017, l’a dit à la Maison de la presse dans une conférence de presse. Il a dit qu’il y a des mouvements signataires qui sont le jour dans l’Accord, la nuit ils sont avec les mouvements terroristes. Ça aussi, il faut qu’on se le dise et qu’on arrête. Voilà pourquoi on n’avance pas. Au finish, les grands perdants, ce sont nos populations, les grands perdants, c’est certains d’entre nous. C’est un combat qui n’en vaut pas la peine. En réalité, l’objectif stratégique, c’est la déstabilisation de notre pays. Chaque fois ces projets sont venus de l’extérieur. Il y a l’ancien responsable des relations extérieures du MNLA, Mahmoud qui a dit clairement que c’est la France qui les a instrumentalisés pour déclencher la guerre de 2012. La population doit s’en prendre à nous les politiques et non pas à la société civile, non les Peulh, non les Dogons, particulièrement à ceux qui ont la responsabilité à un moment donné de l’histoire de diriger le Mali. C’est eux les responsables ; ce n’est pas les Maliens ; ce n’est pas le peuple malien.
La trahison de l’armée et du peuple
L’opération Serval a chassé ici les terroristes avec 4 avions : 2 venus du Tchad, 2 venus de France. Dans les années 80, le Mali avait plus de 30, sinon 40 avions. Aucun pays de la sous-région n’en avait autant si ce n’est le Nigéria. Où sont-ils partis ? Il faut demander des comptes aux dirigeants. On avait les meilleurs pilotes de chasse, des milliers de chars d’assaut, les orgues de Staline. C’est parti où ? C’est pourquoi je dis que notre armée a été trahie, notre peuple a été trahi. C’est ce que nous payons aujourd’hui. Tous les peuples qui ont été trahis par les dirigeants ont payé. La seule façon de nous redresser, c’est que notre peuple se lève pour exiger la vérité et la bonne gouvernance. On n’incite pas à des coups d’État, mais on ne peut pas continuer à accepter ce qui se fait aujourd’hui. On fête, on distribue des médailles, on fait des cérémonies, des cérémonials, en fait les gens continuent de mourir. On parle du Centre, mais au Nord il n’y a plus d’État. Les populations sont obligées de payer des impôts, des taxes, on vole leur bétail. Si tu protestes, on te tue. Il y a des maires qu’on prend qu’on tue ; il n’y a rien. Ceux qui ont officié pendant l’occupation, les chefs des tribunaux islamistes, c’est eux qui officient aujourd’hui, qui ont des salles de jugement, ils tranchent, ils ont des prisons. Tout ça se fait, les Préfets sont dans leur bureau, les Gouverneurs le savent. Ils viennent à Bamako, on fait de bons discours, on les montre à la télé et chacun retourne chez lui. À Kidal, le drapeau du Mali est interdit sur le bureau du Gouverneur, c’est interdit que ce soient des Maliens qui assurent sa sécurité. Ce sont les gens des mouvements armés qui assurent sa sécurité. Il est là-bas cloîtré ; il n’a le nom de Gouverneur que quand il vient à Bamako.
Transcription libre:

PAR BERTIN DAKOUO

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