Presque sept ans après son arrivée au Mali, l'armée française a essuyé lundi soir ses plus grosses pertes sur place (13 victimes). Voici pourquoi la France est toujours engagée dans la région.
Treize soldats français de l'opération Barkhane ont trouvé la mort lundi soir au Mali dans la collision de deux hélicoptères engagés dans une "opération de combat" contre des djihadistes. Il s'agit là du plus lourd bilan humain essuyé par l'armée française depuis le début de leur déploiement au Sahel en 2013. Cet accident porte à 41 le nombre de militaires français tués dans la région depuis le début de l'intervention française, sous l'impulsion de François Hollande. Quasiment sept ans après, voici pourquoi des soldats français combattent encore au Mali.
Une intervention en urgence en 2013
Le 11 janvier 2013, la France lance l'opération Serval avec 1.700 soldats sur place, des avions et des hélicoptères. Objectif : arrêter la progression de colonnes djihadistes qui contrôlent le Nord du Mali, et soutenir les armées locales, et notamment malienne, face à la menace d'une offensive vers Bamako.
L'opération est un succès et en trois mois, ces groupes armés sont mis en déroute. En août 2013, Serval est remplacée par l'opération Barkhane, qui s'étend à l'ensemble du Sahel, une zone vaste comme l'Europe. Plus de 4.500 hommes y sont déployés.
L'enlisement ces dernières années
Malgré cette présence, les violences djihadistes persistent dans le Nord du Mali. Elles se sont même propagées au centre du pays ainsi qu'au Burkina Faso et au Niger, deux pays voisins.
Les efforts de formation déployés par l'Union européenne, la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et Barkhane depuis plusieurs années n'ont pas suffi à renforcer les armées locales, pas plus que la création du "G5 Sahel" (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad). Ces forces armées sont incapables de contrôler les violences et ont subi, elles aussi, de très lourdes pertes. Dans le même temps, la situation économique de ces pays reste extrêmement fragile.
Profitant de la situation et de l'immensité du territoire, de nombreux groupes armés prolifèrent, notamment le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda, et l'Etat islamique au Grand Sahara. Aux violences perpétrées par ces groupes s'ajoutent des violences intercommunautaires.
La France à l'aune d'"un très long combat"
Devant cette situation, la France ne renonce pas. "La situation sécuritaire est évidemment difficile", a récemment admis, au cours d'une visite au Sahel, la ministre des Armées Florence Parly, mais "le combat contre le terrorisme est un combat de longue haleine. Nous sommes armés de patience, de volonté et d'idées nouvelles".
"C'est un très long combat" et "la seule dimension militaire ne permet pas d'obtenir la victoire définitive, mais elle est indispensable", a ajouté mardi Edouard Philippe. "Car sans une présence militaire, sans une capacité à confronter l'ennemi, sans une capacité à déstabiliser ses routes, ses caches d'armes, ses regroupements, nous ne pouvons pas garantir le travail par ailleurs indispensable de stabilisation politique et de développement économique", a-t-il souligné.
La plupart des experts s'accordent à dire que la présence militaire française dans la région va encore durer des années.