Le plan de sortie de crise au Mali, avec en toile de fond le dialogue national inclusif, est-ils en train de partir à l’eau ? En tout cas, les signes ne sont pas tellement positifs, tant le casting fut mal élaboré, avec de sérieuses dissonances dans la façon de s’y prendre entre les acteurs impliqués. Si le dialogue est perçu comme l’épine dorsale de ce plan de sortie de crise, le fait que ni les organisateurs, ni les autres acteurs n’aient pu empêcher le boycott dudit dialogue par l’opposition et une frange importante des Organisations de la société civile (OSC) vient heurter les optimismes affichés au départ.
Peut-on dire aujourd’hui que ceux qui ne veulent pas prendre part au dialogue national ont tort ? Difficile de répondre à cette question, tant les arguments qu’ils ont avancés sont plausibles. En effet, c’est pour ne pas subir le même sort réservé aux conclusions de la Conférence d’Entente nationale (CEN) de 2017, que les frondeurs ont fondamentalement souhaité que les conclusions et les recommandations issues du dialogue national aient un caractère exécutoire et contraignant pour le pouvoir et dont le suivi devrait être fait par un Comité paritaire indépendant.
À l’image de l’opposition et de la société civile, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) aussi s’oppose à la relecture de l’accord d’Alger au cours de ces débats, estimant qu’il y a des mécanismes dans l’accord à cette fin qu’il faudra préalablement déclencher avant toute autre discussion.
Le Triumvirat et le comité d’organisation ont eux aussi leur part de responsabilité, du moment qu’ils n’ont pas pu amener autour de la table ceux qui boycottent aujourd’hui le dialogue, donnant l’occasion aux frondeurs de douter de leur intégrité et de leur indépendance.
Et nous l’avons souvent écrit ici, si tant est que les personnalités qui composent le triumvirat tenaient vraiment au caractère inclusif du dialogue, celles-ci devraient se donner le moyen de contraindre, et le gouvernement, et la majorité présidentielle, et le Président Ibrahim Boubacar Kéita lui-même à accepter toutes les conditions posées par les partis de l’opposition et les regroupements de la société civile qui menacent de ne pas participer au dialogue, tel qu’il se déroule. Ce, d’autant que le Triumvirat est supposé être indépendant.
Or, sans l’adhésion de tous les partis politiques et de l’ensemble des organisations de la société civile, le Dialogue national inclusif (DNI) est voué à l’échec ! Si le Dialogue national est voué à l’échec, comment alors réviser, et l’accord d’Alger, et la Constitution du 25 Février 1992 ? À cette hantise vient s’ajouter une autre.
En effet, le Président de la République lui-même a fait savoir que nous sommes en guerre… Peut-on réellement parler de révision constitutionnelle alors que nous sommes en guerre ?
K.S