Les combattants Français de Barkhane sont seuls sur le terrain. Les quelques alliés présents assurent avant tout le soutien logistique et Paris voudrait une vraie armée européenne.
Le drame survenu lundi soir, avec la mort de 13 militaires, souligne la solitude des soldats français au Mali. Il y a certes des contingents d'autres pays européens présents au Sahel (notamment Allemands, Britanniques, Italiens, Danois…), mais aucun ne mène des opérations de combat contre les djihadistes.
« Le statut militaire de la France en Europe est très singulier, explique Arnaud Danjean, eurodéputé LR-PPE et spécialiste des questions de défense. Aucun autre membre de l'Union Européenne ne possède à la fois les capacités matérielles et humaines, le système institutionnel et le soutien public qui permettent d'être militairement si actif. D'où cette solitude dès qu'il s'agit d'opérations de combat. Nos partenaires s'engagent de plus en plus en Afrique, mais leur apport reste surtout logistique ».
Cela peut-il évoluer ? « On peut l'espérer, mais il faut être réaliste sur les contraintes politiques et historiques qu'ont la plupart des 27. À nous d'essayer de les convaincre de la nécessité d'une solidarité plus forte. »
« Nous sommes loin d'être seuls », insiste pourtant sa collègue Nathalie Loiseau, ex-tête de liste Renaissance aux dernières européennes. Et de souligner la « présence méconnue de troupes combattantes de l'Estonie » ! « N'oublions pas que 22 Etats-membres participent à la mission de conseil et de formation de l'UE auprès de l'armée malienne », poursuit-elle.
Pour l'ancienne ministre des Affaires européennes, qui a été marquée par les cérémonies d'hommages aux militaires morts en Opex auxquelles elle a assisté, « ce drame est celui de tous ceux qui perdent la vie dans le combat contre les terroristes au Sahel, qu'ils soient Africains, casques bleus de l'Onu ou soldats de Barkhane. »
«Nous avons besoin d'une Europe plus forte»
Une ébauche d'armée européenne, comme en rêve tout haut Emmanuel Macron, est-elle envisageable ? « Ni les incantations du président ni ces événements dramatiques ne vont bouleverser la donne », tempère Arnaud Danjean. L'expert voit cependant d'un bon œil la tentative actuelle de Paris de monter « une coalition européenne avec des forces spéciales. C'est l'initiative Takuba, qui aboutirait à une vraie contribution de combat de nos alliés : ce serait un signal politiquement intéressant et militairement utile ».