C’est au cours d’une opération de nettoyage dans le Liptako-Gourma, théâtre, ces dernières semaines, d’attaques terroristes singulièrement meurtrières contre les forces de défense et de sécurité du Mali et du Burkina Faso, à un moindre degré celles du Niger, que treize militaires de Barkhane ont perdu la vie dans une collision d’hélicoptères.
Les media français relèvent que cette nouvelle perte porte à 41 le nombre de soldats de l’hexagone tués dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, dont la majeure partie au Mali.
Les Maliens avertis et responsables, sans doute les plus nombreux, ne peuvent que partager l’immense douleur de l’armée française, des familles des victimes, de la France entière. Ces hommes sont morts en mission pour leur pays. Ils sont morts aussi pour le Mali, pour préserver le système républicain, démocratique, laïc qu’il s’est librement donné, au prix du sacrifice ultime.
Ils méritent notre reconnaissance et leurs noms sont déjà gravés dans le livre d’or de l’histoire millénaire du Mali.
Nos compatriotes, avertis et responsables, ne redoutent pas moins les conséquences qui pourraient découler de ce drame supplémentaire. Il survient, en effet, dans un contexte où de plus en plus de voix s’élèvent, de rassemblements sont organisés pour réclamer le départ du Mali des forces françaises, au motif qu’elles ne font pas assez pour combattre les terroristes, pire qu’elles fabriquent, alimentent et orchestrent les attaques terroristes contre le Mali.
Si la France officielle ne s’émeut guère outre mesure de ce discours, gardant le cap dans sa longue et complexe tâche d’anéantir l’hydre terroriste à travers des actions isolées de Barkhane ou coordonnées avec les armées de la sous-région ou des unités du G5 Sahel, il peut, à la longue, être dévastateur pour le Mali.
En témoigne cette réaction de la France insoumise (opposition) après la mort des 13 soldats français : « Il est temps d’ouvrir une discussion sérieuse et rationnelle pour envisager les voies d’une sortie de guerre dont le sens échappe désormais à nombre de nos compatriotes et de Maliens eux-mêmes « .
A la lassitude d’une guerre interminable au coût humain chaque jour plus élevé vient donc s’ajouter, chez les Français, le sentiment insupportable que leurs efforts, voire sacrifices sont incompris des Maliens. Alors autant arrêter les frais.
Une telle perspective serait désastreuse pour le Mali. Et ceux qui font commerce de l’hostilité à la France, faisant le jeu consciemment ou inconsciemment des groupes djihadistes, en porteraient la lourde responsabilité historique.