Lancée en octobre dernier, la 1ere phase du Désarmement, la démobilisation et réinsertion (DDR) spécial pour le Centre a pris fin le lundi dernier à Soufroulaye où les 352 ex-combattants étaient cantonnés. L’objectif de ce processus est de mettre fin aux conflits dans le Centre du pays. Les réalités sur le terrain, pendant cette 1ere phase, ne plaident pas en faveur de son efficacité.
352 ex-combattants désarmés volontairement qui appartenaient aux groupes armés parmi lesquels figurent 17 femmes viennent de boucler la 1ere étape du DDR spécial pour le Centre. C’était le lundi dernier sous la présidence du Premier ministre, Boubou CISSE.
Ce processus spécial a été envisagé par le pouvoir afin de contenir les agressions dans cette région devenue l’épicentre de la violence. Il visait également à assurer la quiétude dans cette zone où la population vit la peur au ventre. En effet, les régions du Centre ont enregistré plus de violences comparativement à celles du Nord, selon le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le Mali.
Alors pendant le cantonnement des ex-combats, les objectifs étaient-ils atteints ? Non, disent des habitants de la zone. Pour eux, la situation sécuritaire s’est dégradée depuis la tournée du Premier ministre, Boubou CISSE. Selon eux, ils continuent de subir les violences physiques et morales des groupes armés qui veulent imposer leur influence sur la population.
Malgré le DDR spécial volontaire censé réduire les problèmes de violences et de conflits, des localités continuent d’être attaquées, à l’image du village de Dinguébéré.
En outre, dans le même sillage, des habitants de hameaux, de villages sont contraints de quitter leur terroir abandonnant ainsi la terre de leur souvenir, de leur identité…
Malgré le DDR spécial aussi, la population continue d’être tuée. La mort est devenue une banalité à force de la côtoyer tous les jours, nous confie, Aramata GUINDO, ressortissante d’un village de Bangass.
« Il ne se passe pas de jour où l’on n’apprend pas la nouvelle de la mort d’un proche, d’une connaissance, d’un membre de la famille assassiné. Tel est la triste réalité qui n’est pas connue », a-t-elle affirmé, lors de la manifestation du Mouvement Baguine Sô tenue le vendredi dernier au monument de l’Indépendance de Bamako. Ce mouvement s’indignait justement de la dégradation de la sécurité en dépit du programme du DDR spécial qui était en cours.
Au-delà de ces faits, des villages sont incendiés. Depuis quelques semaines, c’est la pratique à la mode des groupes armés. Des dizaines de villages en ont été victimes. Ainsi, des récoltes de centaines de paysans sont volontairement détruites. Conséquence : les habitants peinent à se nourrir. C’est une véritable catastrophe alimentaire, décrient des manifestants.
« Que reste à un paysan quand on brûle sa récolte ? Rien. Il faut que l’Etat assume sa responsabilité », a déploré le Président, Mouvement Baguine Sô, Hamidou DJIMDE.
Ainsi, à l’analyse, il y a un véritable effort à consentir afin de permettre au DDR spécial d’atteindre ses objectifs.