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Considérées comme des « esclaves » : des dizaines de familles fuient Kérouané pour Diéma
Publié le jeudi 28 novembre 2019  |  studio tamani
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Une centaine de déplacés et plusieurs blessés accueillis à Diéma et à l'hôpital de Kati. D’importants dégâts matériels ont été également enregistrés. Voici le bilan d'un conflit survenu jeudi 21 novembre dernier dans la commune de Koumera, cercle de Diéma, dans la région de Kayes. Au cœur de ce conflit, le statut d’esclave attribué à certains habitants du village. A Koumera, des jeunes ont effectué une descente musclée sur les familles dites « esclaves », selon les témoins. Refusant ce traitement, ces familles ont été chassées du village.


Elles sont donc plusieurs familles contraintes de quitter le village de Kerouané pour se réfugier à Diéma ville. A l’origine de ce déplacement massif, leur refus d’accepter d’être appelés « esclaves », comme nous expliquent certaines témoins. « Dramane Coulibaly et Cheikna Coulibaly étaient dans leurs domiciles, faisant leurs habilitions, quand 4 jeunes sont rentrés pour leur dire ceci : on a entendu dire que vous ne voulez plus que l'on vous appelle esclaves. Est-ce que c'est vrai ? Il y avait pleins de gens qui attendaient autour de la maison. Depuis qu'ils ont répondu oui c'est la vérité, ils ont commencé à les frapper », nous explique le vice-président de Rassemblement malien pour la fraternité et le progrès, « Gabaana ». Pour Marabata Diarra, ces incidents ont fait 4 blessés graves qui ont été transportés au Centre de santé de Diéma. « Les autorités sanitaires ont d’ailleurs demandé une évacuation des cas les plus graves vers Bamako. D’autres sont actuellement à Kati », renchérit le responsable de l’association « Gambana ».
Ces déplacés, dont des femmes et des enfants, ont été donc évacués par les forces de sécurité à Diéma après les violents incidents. Aujourd’hui, ils disent avoir besoin d'une « assistance ». « Les militaires sont arrivés et ont commencé à évacuer tout le monde. Au total 105 personnes sont actuellement à Diéma, mais il y a encore des femmes et certains chefs de familles en fuite qu'on a toujours pas vus », témoigne le vice président de l’association « Gambana », Marabata Diarra.
Contactées par notre rédaction, les autorités politiques et administratives de Diéma se refusent à tout commentaire sur le sujet. Selon le préfet de la localité, l’affaire relève de la justice. Le maire de Diéma, lui, n’en dit pas plus, ni les dispositions prises pour la prise en charge des familles chassées qui sont arrivées dans sa commune.
Pour les organisations de défense des droits humains, « il s’agit d’une violation fragrante des droits de la personne ». « On ne reconnaît pas déjà l'existence de l'esclavage dans cette partie du pays. Les exactions qui sont commises sont maquillées autrement, même si les victimes portent plainte devant les juridictions nationales. Ces affaires ne sont pas traitées à hauteur de souhait », regrette le secrétaire chargé des affaires juridiques de l’Association malienne des droits de l’Homme, AMDH. Selon Ibrahim Konaté, « dans la plus part des cas, cela se termine par la condamnation des victimes qui ont porté plainte ». « C'est très regrettable qu'on en soit à ce niveau par rapport à la question d'esclavage, une réalité qui est en train de faire des victimes aujourd'hui dans cette partie du pays et aucune autorité ne s'indigne », dénonce le responsable de l’AMDH.
Ces événements interviennent alors que le Mali a ratifié des conventions relatives à l’élimination de l’esclavage et des pires formes d’exploitation humaine.

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