Le tragique accident d'hélicoptères survenu au Mali renvoie durement la France à l'ampleur de ses missions.
Le don de sa propre vie, prix ultime de l'engagement dans le métier des armes, est soudain venu rappeler une vérité cruelle : le sacrifice des soldats envoyés au Sahel et le deuil de leur famille est infiniment plus proche du sentiment d'appartenance nationale que les expéditions lointaines.
Le chef d'Etat-major des armées, le général Lecointre, affirme très dignement son volontarisme : "Si je pensais cette mission impossible, il y a longtemps que j'aurais changé de métier". Mais il exprime aussi son réalisme et son esprit de responsabilité : "Je crois que nous n'atteindrons jamais une victoire définitive. Contrairement aux grands conflits du XXe siècle, jamais les armées françaises ne défileront en vainqueur sous l'arc de Triomphe". Avec 38 militaires français tombés depuis 2013, le cas du Mali n'est pas un sujet de polémique ; il oblige à méditer sur la dichotomie entre la profonde justesse de la cause - le combat contre le djihadisme ravageur - et l'étendue imprédictible du risque.