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Lutte contre le terrorisme au Sahel : En finir avec les déclarations d’intention
Publié le vendredi 29 novembre 2019  |  Le Point
Conférence
© Autre presse par DR
Conférence des chefs d`État du G5 Sahel
Ouagadougou a abrité le mardi 5 février la 5e conférence des chefs d`État du G5 Sahel La Conférence des Chefs d`Etat du G5 Sahel tenue à Ouaga le 5 février 2019
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Des sommets extraordinaires des chefs d’Etat de gouvernements consacrés à la lutte contre le terrorisme n’en finissent pas. Ces sommets se tiennent dans un contexte où le Sahel et le Mali, en particulier, font face à une recrudescence des attaques terroristes contre les populations civiles et les positions des Forces de défense et de sécurité.
Il intervient surtout dans un contexte de doute légitime sur l’efficacité des moyens et des efforts des Etats à tous les niveaux en matière de lutte contre le terrorisme. Le doute est de plus en plus prononcé sur l’efficacité du G5 Sahel mis en place depuis 2015 et qui a du mal à être véritablement opérationnel sur le terrain. Des voix commençaient d’ailleurs à s’élever sur l’utilité de cette organisation sous-régionale réunissant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Pour bien des observateurs, cette organisation est pratiquement inutile et sert plus des intérêts étrangers à ceux de la sécurisation des pays concernés. D’autant plus qu’elle a été créée dans un contexte qui exigeait une réaction rapide, pragmatique et efficace sur le terrain.
Alors que la création de cette organisation exigeait un temps et un processus de mise en place, un dispositif organisationnel et opérationnel, des moyens à mobiliser. Mieux, la stratégie de lutte contre le terrorisme de cette organisation repose sur deux piliers trop lourds à mettre en place : d’une part, le renforcement des capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité et la mise en place de la Force conjointe du G5 Sahel et, d’autre part, des investissements structurants pour le développement durable des zones exposées à la radicalisation. Malheureusement, 4 ans après ces bonnes intentions, le G5 reste encore l’ombre de lui et incapable d’apporter une contribution véritable à la réduction du terrorisme dans les pays concernés. Bien au contraire, la situation semble aller de mal en pis. Même le quartier général de la Force conjointe du G5 Sahel à Sévaré, au Mali, a été touché par des attaques terroristes qui ont contraint l’organisation à le déplacer à Bamako. Bref, pour bien des analystes, l’idéal aurait été de rechercher des solutions dans les cadres déjà existants que sont la CEDEAO, l’Union africaine et les autres organisations régionales.
En élargissant donc la recherche de solution au péril terroriste à la CEDEAO et à d’autres pays comme le Tchad et le Cameroun, le Sommet sur la paix de Ouagadougou tenu en octobre dernier répond donc d’un impératif. Et ce Sommet a conclu, entre autres, à l’impératif de la mutualisation des efforts et la coordination des initiatives de lutte contre le terrorisme. « La Conférence renouvelle son engagement en faveur de la mutualisation des efforts et de la coordination des initiatives. Elle réitère son appel à renforcer les actions menées par la Force conjointe du G5 Sahel, la Force multinationale mixte du Bassin du Lac Tchad, ainsi que l’Initiative d’Accra et à renforcer la coordination opérationnelle entre ces Forces. En outre «la Conférence approuve le principe d’une implication de la Force en attente de la CEDEAO dans la lutte contre le terrorisme. Elle demande aux ministres en charge de la défense et de la sécurité d’étudier les modalités pratiques de cette implication. (…) Les Etats membres s’engagent à mettre en place un système sécurisé permettant le partage d’informations et l’accès réciproque à leurs bases de données biométriques respectives suivant des procédures agréées. »
Enfin, est-on tenté de s’écrier. En lieu et place de la création du G5 Sahel, l’on aurait avancé si les Etats avaient commencé par là en 2015. Il ne reste plus qu’à espérer que les bonnes résolutions prises à Ouagadougou seront suivies d’engagements véritables de chacun des pays membres. Et surtout que la Commission réussira à mobiliser toutes les ressources annoncées (un milliard de dollars US) pour contribuer à renforcer les capacités des Etats et de l’organisation sous- régionale.
Autrement, ce sera encore de belles intentions face à un phénomène qui est réel et exige de l’action, dans l’urgence et en toute efficacité. Finalement, les Etats africains ont-ils les moyens d’assurer la sécurité de leurs populations ? L’Afrique est-elle condamnée à compter sur les autres pour vivre en paix ? Si tel est le cas, il faut craindre que les autres n’entretiennent durablement les conflits et autres menaces terroristes pour étendre leur domination sur le continent.
Assi de Diapé
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