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Think tank : Quelle Première Dame pour le Mali?
Publié le lundi 29 juillet 2013  |  Le 22 Septembre




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Dans tous les cas de figure, l’élection présidentielle en cours sera sanctionnée par l’avènement d’un nouveau Président de la République, après les deux mandats respectifs d’Alpha Oumar Konaré et d’Amadou Toumani Touré et la deuxième Transition que nous venons de vivre.

De toute évidence également, elle le sera par l’émergence d’une nouvelle Première Dame. L’occasion est donc bonne à saisir pour réfléchir sur le statut de l’épouse officielle du Président de la République, une institution au statut flou sous nos cieux et qui, ipso facto, laisse la porte ouverte à tous les abus et à toutes les déviances dommageables pour la bonne marche du pays. Et qui, dès lors, besoin d’être codifiée, clarifiée.


C’est dans l’ordre des choses qu’une Première Dame ne soit pas une citoyenne lambda et qu’elle ait droit aux égards et honneurs, en sa qualité d’épouse du premier magistrat du pays. Il est même naturel que, conformément à nos valeurs traditionnelles et sociétales, elle vole au secours d’un parent, elle crée une Fondation et s’investisse dans l’humanitaire, dans la promotion des jeunes, des arts et des artistes, la protection de l’environnement, tout cela dans les règles de l’art.
Mais, de là à devenir une République dans la République, il y a plus qu’un pas, qui a souvent été allègrement franchi au Mali. Ce faisant, la Première Dame devient la porte d’entrée principale de la corruption et de toutes les pratiques malsaines.


Les «chercheurs de places» dans la haute administration, de grades dans l’armée, de marchés juteux, sont nombreux à venir s’aplatir devant elle, dignité, sens de l’honneur et orgueil pliés en quatre dans la poche arrière du pantalon.


Certains vont jusqu’à se métamorphoser en griots, pour flatter son ego et lui prêter des mérites qu’elle n’a pas. Quand ce n’est tout simplement pas en mendiants pleurnichards. Pour eux, tous les moyens sont bons pour parvenir à leurs fins.


Cet exercice est même devenu un sport national. Et la pauvre Première Dame, n’étant certainement pas une grande âme, se rend subitement compte qu’elle jouit, par le fait même qu’elle est l’épouse du chef de l’Etat, d’un immense pouvoir. Vite elle se laisse prendre au jeu. Fleurissent alors une abondante littérature dithyrambique et des épithètes du genre «la Dame au grand cœur». Une Première Dame très souvent donc au cœur en or, pour ne pas dire en diamant.


Bonjour alors la collusion entre la haute sphère politico-administrative et les milieux d’affaires. Au grand dam de la bonne gouvernance et de l’orthodoxie financière. L’appétit, qui vient en mangeant, se transforme rapidement en boulimie. Résultat: une poignée d’arrivistes finissent par disposer de la plus grande partie des richesses nationales, au moment où l’écrasante majorité des Maliens n’a même pas le minimum vital. Situation qui consacre la fracture sociale et prépare le lit de mouvements insurrectionnels.


Il urge de mettre le holà à de telles pratiques si nous ne voulons pas retomber dans le gouffre dont nous sommes en train de nous relever. Pour ce faire, il convient de mener une réflexion sur le statut à accorder à la Première Dame qui devra se garder de se transformer en mauvaise conscience de son mari de Président, évitant ainsi de le voir courir à sa perte.
Yaya Sidibé

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