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Opération Barkhane : "Les Français détruisent des réseaux djihadistes, mais peu à peu, d’autres reviennent"
Publié le samedi 30 novembre 2019  |  europe1
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Ce samedi, Catherine Nay dresse un état des lieux de l'opération Barkhane, quelques jours après la mort de 13 militaires français au Mali. Un hommage national leur sera rendu lundi aux Invalides. 

Lundi, dans la cour des Invalides, un hommage national sera rendu à nos 13 militaires morts dans un crash d'hélicoptères lors d'une opération de combat. Les Parisiens pourront venir se recueillir. Un grand moment d'émotion.

Tous les journaux ont publié les photos de ces soldats. Dans leur regard, on lit l'engagement, le courage. La plupart avaient des enfants. L'un d'eux allait être père. Ils étaient des maris, des fils, des frères. La douleur de chaque famille est unique, et pour toutes, l'irréparable est arrivé. On se sent envahi par la tristesse. Emmanuel Macron prononcera l'éloge funèbre. Cela fait partie des attributs du chef de l'État. Il devra rappeler le sens de l'engagement de ces hommes pour apaiser leurs familles traumatisées.




Un exercice difficile. Il faut peser chaque mot. Mais ce ne sera pas un discours stratégique sur la mission de la France au Sahel.

Non, mais cet accident intervient néanmoins à un moment où le doute s'installe, non sur le sens mais sur l'efficacité de la mission. Le principal défi est d'abord politique. Il tient à la faiblesse de l'État malien. Bamako est incapable de reprendre le contrôle de son territoire. Les Français détruisent des réseaux djihadistes, mais peu à peu, d'autres reviennent. Barkhane, c'est Sisyphe ! Il faut toujours tout reprendre à zéro. Quand en janvier 2013, le Mali a appelé la France au secours, les djihadistes avaient déjà mis sous leur coupe la moitié du pays, et le reste risquait de tomber très vite entre leurs mains. La France a répondu présente, en envoyant l'armée, c'était l'opération Serval, sans demander l'avis de ses partenaires européens. En un mois et demi, la France avait chassé les terroristes, et François Hollande était venu dire à Bamako que "le jour où il avait pris sa décision était le plus beau de sa vie".

Après Serval, l'opération Barkhane pour stabiliser la région, une opération longue durée, forcément.

Oui, et elle mobilise 4.500 militaires français. La France a fait appel aux Européens qui n'étaient pas très chauds. Cinq pays du Sahel participent aux combats dont la Mauritanie, le Niger, le Tchad. L'armée malienne subit de lourdes pertes. Deux à trois hommes par jour, ce qui souligne bien que le Mali a besoin de la France.

Malheureusement, il n'y a pas de défense européenne.

Les Européens ont quand même un peu répondu présents puisqu'ils assurent les deux tiers de l'assistance technique. Mais ils ne participent pas aux combats. Par exemple, il y a mille soldats allemands à Gao qui, avec leurs avions, acheminent chaque jour dans le désert, l'eau et il faut 30 litres par jour par militaire. La nourriture aussi pour les Français sur le terrain. Les Anglais ont envoyé trois hélicoptères Chinouk avec leurs pilotes. Il y a des Lituaniens, des Espagnols, des Danois. Les Américains, les Canadiens ont eu aussi acheminé du fret.

Quand Emmanuel Macron demande plus d'aides, est-ce que c'est un combat perdu d'avance ?

Il faut revoir la stratégie, dit-il. Mais on le sait, l'idée d'un retrait, synonyme de déstabilisation de toute la région, est le seul scénario qui ne peut être envisagé. Est-ce que le président s'y prend bien en attaquant l'OTAN, en l'accusant de "mort cérébrale" ? Pas sûr. Parce qu'il a heurté aussi bien Washington, Berlin, Londres, Varsovie ou Ankara. Comme le disent les Allemands, l'Europe et l'Alliance Atlantique sont les phases d'une même médaille. Et l'OTAN est quand même l'embryon d'une défense européenne puisque 22 pays sur 27 y participent. L'Allemagne est en train d'évoluer. Les menaces du retrait de l'Amérique font dire à Angela Merkel qu'il faut que les Européens dépensent davantage pour leur défense. Elle envisage pour l'Allemagne jusqu'à 2% de son PIB. C'est presque une révolution. Reste à convaincre le Bundestag, le chef suprême de l'armée. C'est une autre histoire.

Source Europe1
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