Nous nous sommes toujours dit que la société civile malienne était amorphe comme le petit animal de Madagascar dénommé le ‘’Paresseux’’. Il dort vingt-quatre sur vingt-quatre. Il se déplace très lentement, toujours somnolent. C’est pourquoi il porte le nom de ‘’paresseux’’. Tel semblé être le cas de la société civile au Mali depuis l’avènement de la démocratie. Même les simples marches pacifiques de protection sont soumises à l’accord du gouverneur. Tel ne devrait pas être le cas pour une marche, quelle que soit sa nature.
Le ras-le-bol généralisé de la situation sécuritaire a fait sortir la société civile du Mali de sa torpeur, notamment par rapport aux comportements de la France, dans le dossier de Kidal et la lutte contre le terrorisme. Elle semble taper du bon côté cette fois-ci en adressant une lettre d’une haute portée sur les récriminations de la société malienne contre le comportement des autorités françaises dans la gestion de la crise malienne. C’est dans le cadre du réveil de cette société civile qu’une pétition en même temps une lettre ouverte, donc non fermée et non confidentielle a été adressée non seulement au président de l’Assemblée nationale française, mais également aux honorables députés de l’Assemblée française au palais Bourbon. La rue est même bien indiquée pour éviter que le facteur ne se trompe de destination. En voici la portée des quelques griefs contenus dans ladite lettre ouverte. En résumé, la société civile après avoir constaté avec preuves que la France a trompé le Mali sur marchandise depuis l’opération « serval », au cours de laquelle, elle a empêché non seulement les FAMA de rentrer à Kidal et, mais elle est également allée chercher les groupes indépendantistes pour les installer à Kidal.
Aussi d’autres griefs sont au menu de la plainte de la société civile malienne à savoir le nombre de morts militaires et civils depuis le 1er janvier 2019 qui frôle le millier d’âmes et à cinq mille depuis 2012 en y ajoutant les pauvres habitants dans les villages du centre du Mali.La forte couverture militaro-technologique dont la portée en termes de bénéfices n’a pas profité au Mali, malgré la présence de 4 500 hommes pour Barkhane, 1 500 soldats tchadiens, 14 500 hommes de la MUNISMA et 5 000 soldats du G5-Sahel qui sont d’ailleurs sous-équipés et sans ressources financières .
Parmi cette couverture Hitch, il y a des drones de surveillance qui détectent même le mouvement d’une fourmi et tenez-vous bien même la nuit sur l’ensemble du Mali, sans compter des escadrilles supersoniques. Tout cet arsenal est employé contre 3 000 terroristes sans parvenir à remettre les pays du sahel dans leur droit d’être en sécurité.
La société civile malienne a donc une raison d’aller à la contre-offensive, contre les messages mensongers diffusés par les officiels Français. Cette lettre ouverte a fait savoir aux députés français que le Mali est resté sans voix et sans espoir lorsque 59 soldats maliens sont morts à Indelimane, car cet acte a été une descente aux enfers pour nos soldats bien que Barkhane soit présente. Ce qui est en cause, ce sont les propagandes d’un certain nombre de responsables français notamment l’ancien premier ministre Alain JUPPE « la Jupette » qui disait en 2012, que les rebellestouaregs avaient remporté d’importantes victoires sur les berges du Niger contre les FAMA et qu’il faille que le gouvernement accepte de négocier, alors que ces batailles emportées étaient dues aux djihadistes en joint-venture avec le MNLA.
Jean Yves LEDRIAN ministre des Affaires étrangères et non moins ancien ministre de la Défense française, disait au lendemain de la signature d’un accord imposé au Mali avec la bénédiction d’IBK que les deux peuples du Mali (celui du sud et celui du nord) ont coexisté ensemble sans pouvoir s’intégrer, qu’il faille par conséquent ‘’faire chambre à part’’. Ces paroles ont blessé la société civile.
Quant à Édouard PHILIPE l’actuel premier ministre, il souffle le chaud et le froid à la fois. Ce dernier n’a trouvé mieux que de dire que c’est la corruption dans les pays du sahel qui est la source d’incapacité à endiguer le terrorisme, au moment, où les forces Barkhane et la MINUSMA déployées pour ce faire n’ont à leur tableau de chasse que peu de résultats. Notre ministre des affaires étrangères Tiébilé DRAME est mis sous pression pour vite crier que la MINUSMA n’est pas l’ennemi du Mali. Ce double langage de l’opposant entré dans le gouvernement a fait révolter le peuple qui a été déçu par cette parole au moment où des chefs d’État d’autres pays à l’image de Macky SALL et Mohamed OuldGazouanidénoncent le manque de respect à l’égard du Mali et charge l’ONU en lui reprochant que sa force présente au Mali soit sans résultat concret.
Au même momentTiébilé DRAME disait que la MINUSMA est là au Mali pour accélérer la mise en œuvre d’unaccord dit d’Alger rédigé qui vise à diviser le Mali.En lieu et place des responsables maliens,c’estMacky SALL qui défend le Mali en disant clairement qu’il tient à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale de la République du Mali. Il proclame que le Mali est un et indivisible et qu’il faille que l’autorité de l’État malien s’instaure sur l’ensemble du territoire national. Nos autorités au lieu de défendre le pays, ne défendent que leur mandat dans une République qui n’existe pas en réalité. Ce sont toutes ces fuites de responsabilités de nos autorités qui font sortir la société civile de son gong pour prouver que le partage du Mali, même la mise en œuvre d’un accord fût-il celui d’Alger imposé au peuple, sans l’avis de l’Assemblée nationale, ne se réalisera jamais .
Le Haut Conseil Islamique du Mali ayant compris l’enjeu a également crié à la trahison des forces étrangères installées au Mali, lors du meeting organisé à cet effet, il y a deux semaines. Cette voix semble être l’annonciateur de l’unité d’action de la société civile désormais. La société civile se réveille contre l’accord signé par nos autorités aux Nations-Unies acceptantqu’en cas de désaccord dans le cadre de la mise en œuvre d’un acte quelconque entre les parties, alors le feu vert est donné aux Nations-Unies d’imposer son choix, même s’il s’agit du partage du Mali en deux états.
Nous osons espérer que la représentation nationale française aura compris le cri de cœur de la société civile malienne quant à la gestion de la crise malienne. La société civile a tenu à faire une ampliation au Président du Sénat français, au président de l’Assemblée nationale du Mali, au chef de la MINUSMA au Mali, qui est franco-tchadien, au président de la commission de l’Union Africaine, à celui du président du Parlement panafricain.Également une ampliation a été adressée au président de la commission de la CEDEAO au Nigeria, au président du Parlement de la CEDEAO au Nigeria, les représentations diplomatiques au Mali, à la Primature malienne, aux partis politiques restés jusque-là, dans un silence absolu, craignant de ne pas avoir un représentant du parti dans un futur gouvernement.
Ce réveil de la société civile semble être sur la voix de disqualifier le dialogue national exclusif. Va-t-il préparer le chemin de jonction de l’ensemble des forces vives de la nation pour prendre en main la destinée du Mali finalement ? Le temps nous le dira.