La conjoncture sécuritaire consécutive à l’effondrement de la Lybie de Kadaffi s’est soldée pour nous par une crise profonde multidimensionnelle. Déjà fragilisé par une persistante rébellion, notre Maliba s’écroule en 2012. Plus des 2/3 du pays sont annexés et occupés par les séparatistes et leurs alliés djihadistes. Le régime du président ATT, trahi par ses soutiens politiques et associatifs, est balayé par une junte immature…
Pendant que les « chercheurs de pouvoir » s’entredéchirent à Bamako, les Katibas djihadistes font jonction et lancent l’assaut sur Konan, Diabali… Avec l’objectif de parachever leur conquête et proclamer la Charia à Bamako…
C’est dans ces conditions que la France est intervenue chez nous, à la demande de nos autorités légitimes de l’époque.
Notre Maliba a frôlé le fond, mais le pays de nos ancêtres, de nos pères est encore dans ses frontières héritées de la colonisation.
Six ans après, ce que nous vivons est indescriptible à tous égards : une insolente insécurité que notre armée appuyé par 13.000 hommes venus l’aider ne parviennent pas à juguler ; des populations civiles massacrées, des soldats maliens et étrangers tués… au quotidien !
Notre Maliba est à la croisée des chemins. Que faire pour sortir de la spirale ?
Pour les uns, qu’on s’assume advienne que pourra ! Pour nous autres, donnons le temps au temps, mettons en sourdine la passion pour faire face à la réalité. Avons-nous la solution à notre problème ? Avons-nous les moyens de notre ambition ? Avons-nous un plan B pour suppléer le départ de Barkhane, nos avions étant toujours cloués au sol.
Notre pays, comme ceux du Sahel, est à la croisée des chemins.
Nous sommes d’égal amour et d’égale passion patriotique pour ce pays. Divisés sur nos choix, nos ambitions (avouables ou inavouables), nos priorités, nous nous retrouvons aujourd’hui dans l’impasse.
Je reste convaincu avec tous les Maliens que ce n’est pas dans nos divergences puériles et dans nos accusations mutuelles surtout pas notre fuite en avant, à travers la recherche effrénée et constante de bouc émissaire que nous trouverons la solution à notre problème.
Une de mes amies m’a dit un jour : « la France, c’est le mal nécessaire ». J’acte.
Le 15 novembre dernier, sur le même sujet, j’avais écrit, je persiste et signe : « si la France se retire tout s’écroulera ».
Sans aucune désobligeance, je suis clair, très lucide et très constant : NOUS AVONS ENCORE BESOIN DE LA FRANCE. SANS LA PRÉSENCE DES FORCES INTERNATIONALES, LE MALI NE TIENDRA PAS, LE SAHEL S’EFFONDRERA DÉFINITIVEMENT !
Ceux qui espèrent tirer les marrons du feu suite à l’effondrement consécutif au retrait des forces internationales, notamment de Bakhane (« si la France s’en va, IBK va tomber nous prendrons sa place ») se gourent et se mettent le doigt dans l’œil.
Parce que dans leur aveuglement, beaucoup de ces compatriotes, peut-être sans le savoir, ne sont que les pions qui jouent le jeu des djihadistes. En clair : ils privilégient et défendent les postions de Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghaly.
En effet, selon leur avocat désormais attitré (Me Barry) les djihadistes ne demandent que deux choses : départ des forces internationales et l’application de la charia. Dans la pire hypothèse, croient-ils ce sont eux qui seront aux commandes à la place des Oulémans et des moudjahidines ?
Il est temps d’ouvrir les yeux !
Macron ne nous oblige à rien. La France ne nous dicte rien. A nous de décider.
Pour ma part, c’est décidé : la France reste ! Parce que nous ne sont pas prêts en termes de moyens humains et opérationnels. Tenir compte de ses limites n’est pas une faiblesse, mais une force. Même les Coulibaly ne souhaiteraient pas que leur pays soit défendu et protégé par les enfants d’autrui. Mais comme l’a rappelé IBK, il n’y a aucune honte de recevoir quand on a déjà suffisamment donné.
Qu’on n’arrête de se berner !
On ne peut et ne doit penser que l’engagement de la France à nos côtés signifie : nous on palabre à Bamako, on blablate sur les réseaux sociaux, les soldas français se combattent pour nous les djihadistes ! Non, N’deme N’Ka n’ga wara faga, a Koun b’i bolo dè !
Ils sont là et seront là pour nous aider. Mais notre honneur sera de nous préparer et de gagner la guerre par nous-même, avec ou sans leur aide. Aujourd’hui, leur aide nous est indispensable pour gagner.
Donc, disons à notre président d’aller fièrement à Pau, sans aucune honte de demander le maintien des forces françaises dans l’intérêt du peuple malien et suivant les attentes légitimes de nos populations.