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Focus : Routes et infrastructures d’avenants !
Publié le samedi 7 decembre 2019  |  Aujourd`hui
Travaux
© aBamako.com par A S
Travaux de Réhabilitation de la route Kati-Kolokani-Didiéni
Bamako, le 29 octobre 2018 La ministre des Infrastructures et de l’Equipement, Mme Traoré Seynabou Diop, s’est rendue hier, à Kati pour visiter le chantier du projet de réhabilitation et de renforcement du tronçon Kati-Kolokani-Didiéni
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Un ministre, plus précisément une ministre, qui se plaint des insuffisances d’une de ses directions nationales, cela ne se voit pas souvent. Naturellement, si cela est, c’est pour forcément attire l’attention, comme le cas de Mme Seynabou Diop, ministre de l’Equipement et des infrastructures, qui relève à haute et intelligible voix le manque de professionnalisme d’une direction nationale placée sous son autorité et pas des moindres, puisqu’il s’agit de celle très stratégique, en charge des routes du Mali.

Même si l’année 2019 qui s’achève dans moins d’un mois est marquée par de grandes réalisations, Mme Seynabou Diop exige, néanmoins, de l’administration des routes (Direction nationale des routes, Ageroute et Autorité routière) ainsi que des attributaires de marchés et contrats, plus de synergie d’actions, d’efficacité et de profondeur dans les interventions. “Vous devez être des modèles et avoir comme seul souci de servir le Mali, rien que le Mali” leur lance-t-elle du haut de la tribune de la rencontre annuelle des services des routes, tenue à Sikasso le 21 novembre 2019.

On a l’impression, en entendant parler Mme Seynabou Diop, ministre de l’Equipement et des Infrastructures, qu’elle est vraiment agacée par les pratiques très éloignées de l’orthodoxie de la gestion des affaires publiques, dans lesquelles se trouvent empêtrés les marchés de réalisation des infrastructures nationales, par la faute de cadres en manque de rigueur et de professionnalisme dans leurs interventions.

Ainsi donc, sans prendre des gants, Mme Seynabou Diop a tapé du poing sur la table, pour imager le rappel à l’ordre énergique qu’elle a fait sur les principes qui doivent guider la démarche des acteurs de l’administration routière dont principalement la Direction nationale des routes.

“…Nous devons mettre fin au népotisme, au clientélisme et au retard dans l’exécution des travaux. Nous devons rechercher constamment la performance et l’action sur le terrain”.

Et voilà ! Mme la Ministre, dans un langage nettoyé de toute circonlocution, a choisi de soigner la plaie qui est en voie d’être gangrenée par le triptyque répugnant pour une administration publique comme celle chargée des équipements et infrastructures au plan national, notamment : népotisme-clientélisme-retard dans l’exécution des travaux.

Et pan ! La Direction nationale des routes se voit plaqué sur le bitume car citée nommément par Mme la Ministre qui lui demande de jouer pleinement son rôle afin de faire respecter les délais de réalisation des travaux : “Concernant particulièrement la Direction nationale des routes, je l’exhorte à plus de professionnalisme, je dis bien : plus de professionnalisme, aussi bien dans l’analyse des rapports d’études que dans l’exécution des travaux afin d’éviter au maximum les multiples avenants. Je l’ai indiqué l’an dernier, dans mon discours, au cours de la réunion annuelle des routes, que le recours aux avenants doit être une exception. En effet, si certains avenants peuvent s’expliquer, il n’en est pas pour d’autres. D’où, l’impérieuse nécessité d’interroger nos méthodes d’approbation des études techniques… La Direction Nationale des Routes doit effectuer fréquemment et régulièrement des missions de terrain et veiller strictement au respect des engagements contractuels”.

C’est donc du bis repetita car malgré le rappel à l’ordre de la Ministre lors de la rencontre du même genre tenue l’année dernière, la Direction des routes continue de faire des avenants une règle et non une exception. Une situation qui révèle des insuffisances professionnelles, pour ne pas nous aventurer à chercher ce qui se cache derrière ces multiples avenants qui saignent le Trésor public et étalent une image très négative de la gestion des affaires publiques par les services de l’Administration malienne.

Le changement d’approche et de méthodes s’impose donc, comme en appelle Mme la Ministre en des termes crus, de nature à exprimer à quel point elle tient à voir ses services s’améliorer, pour mieux répondre aux besoins croissants des populations. Besoins croissants, non seulement en termes de quantité, mais aussi et surtout en termes de qualité. Et c’est pourquoi, Mme la Ministre réfute les attitudes illégalement soutenues par des discours du genre : “On a l’habitude de faire comme ça !”. Sa réplique est assez pertinente : “Toute action que nous posons doit avoir une base légale”. Ah, le mot est lâché : la légalité ! La légalité !

Au vu de ces constats qui ont fini de convaincre de la gravité de la situation, l’on se demande bien pourquoi Mme la Ministre se contenterait-elle de ces récriminations qu’elle formule depuis au moins deux ans, au lieu de sévir. En effet, après une sortie pareille, même si peut-être on ne s’attendait pas à ce que cela tombe dans des oreilles de gens aussi indiscrets que les journalistes, on est en droit de s’attendre à un nettoyage à grande eau, en commençant par la Direction nationale des routes, particulièrement ciblée par la sortie de Mme la Ministre. En effet, il faut nettoyer les écuries d’Augias !

Il faut donc prendre des mesures énergiques dont la première est, naturellement, de relever de leurs fonctions tous les responsables de ces services qui manquent de professionnalisme dans leur approche et leur gestion des marchés publics d’infrastructures nationales. Des cadres compétents et sérieux, pour pourvoir à leur remplacement, ce n’est pas ce qui manque au Mali. Nous n’osons pas croire que ce pouvoir de nomination et de défenestration de cadres véreux lui échappe au point qu’elle se console de récriminations ouvertes.

Surtout que Mme Seynabou Diop sait de quoi elle parle. Elle est dans son élément, puisqu’elle ingénieure. Mais aussi pour avoir séjourné assez longtemps au sein de la Direction nationale des marchés publics au cours de sa carrière professionnelle. Par conséquent, c’est à juste titre qu’elle dénonce les nombreux avenants dont la plupart ne se justifient pas. En plus, si les études de faisabilité sont bien menées, doit-on recourir en permanence à des avenants ? De deux choses l’une : soit c’est le signe d’une carence professionnelle que de recourir à ces multiples avenants ou c’est fait en toute connaissance de cause et en ce moment cela devient un grand sujet de préoccupation nationale.

En tout cas, bravo Mme la Ministre pour avoir dit ce qu’il fallait sans sourciller afin que les choses changent pour aller de l’avant. Mais aux paroles, il faut joindre les actes pour atteindre le changement positif tant souhaité.

Amadou Bamba NIANG
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