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Lutte contre la corruption: À quand le tour des fonctionnaires milliardaires ?
Publié le lundi 9 decembre 2019  |  L’Inter de Bamako
Conférence
© aBamako.com par AS
Conférence de presse du procureur du pôle économique et financier
Mamoudou Kassogué, nouveau procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune III et procureur du pôle économique et financier de Bamako, a animé une conférence de presse le Jeudi 22 Août 2019, pour dévoiler sa stratégie de lutte contre la corruption.
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Difficile de comprendre que depuis le début, en septembre 2019, de
la lutte implacable menée contre les prédateurs de notre tissu
socioéconomique, qu’aucun fonctionnaire milliardaire n’ait encore
été inquiété alors que des services de contrôle de l’État ont mis au
grand jour la gestion désastreuse de bien de commis de l’État qui
ont été nommés à la tête des directions de l’administration
publique.

De l’arrestation de Bakary Togola, président de l’Assemblé permanente

des chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), en septembre, à celle du
maire de la Commune II, Aba Niaré, en novembre dernier, en passant
par celle du président du Conseil régional de Kayes et de ses complices,
du maire de Baguinéda et certains de ses conseillers, aucune poursuite
n’a encore été lancée contre les fonctionnaires milliardaires, créés par le
régime ADEMA (Alliance pour la démocratie au Mali) incarné à l’époque
par l’ancien président, Alpha Oumar Konaré et l’ancien Premier ministre,
Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), aujourd’hui président de la République du
Mali. Comme on le dit, «les vieilles pratiques ont la vie dure».
En 2002, avec l’arrivée d’Amadou Toumani Touré (ATT), le cap a été
maintenu. Les fonctionnaires milliardaires ont continué à sucer le sang
du peuple malien au vu et au su du président ATT qui est parti en guerre
contre le fléau en créant un Bureau du Vérificateur général. Mais hélas !
Le nombre des fonctionnaires milliardaires est passé de vingt-un (21), en
1998, à soixante- neuf (69), en 2012. Et sous IBK, l’espérance déçue,
élu, en 2013, c’est l’ère des généraux milliardaires de l’armée malienne
ainsi que des élus de la nation. Que de gâchis sous le règne de ces vrais
faux démocrates !

Si le déclenchement de la lutte contre les fossoyeurs de la République a
été salué en son temps par la grande majorité de Maliens comme une
lueur d’espoir et qui souhaitaient depuis des lustres que les délinquants
financiers répondent de leurs forfaitures, les langues commencent à se
délier. Certains pensent que la lutte contre la corruption et la
délinquance financière est sélective, eu égard aux arrestations qui ont eu
lieu épargnant jusqu’ici les agents véreux de l’administration publique. Ils
considèrent que ceux-ci sont les plus grands délinquants financiers.
Moussa Sangaré, gestionnaire d’une salle de gym dans un quartier de
Bamako, la capitale malienne, est de cet avis. Il est convaincu que les
fonctionnaires vont se couvrir dans cette affaire en faisant porter le
chapeau par d’autres.

D’autres pensent le contraire. Quant à ceux-ci, ils estiment que toute
action a un début et invitent les tenants de la première thèse à la
patience. Amadou Coulibaly, enseignant dans une école privée de la rive

droite du fleuve Niger, est catégorique. ’’Tous ceux qui ont pris un
franc dans les caisses de l’État répondront tôt ou tard de leur
gestion’’, déclare-t-il.

Il serait bon pour enlever toute équivoque que le Pôle économique et
financier de Bamako fasse un tour dans le milieu des fonctionnaires
milliardaires. Cela pourrait convaincre les plus septiques à faire de
nouveau confiance à notre justice. Sinon, la lutte contre la corruption
aura un goût amer dans l’opinion publique malienne dont la grande
majorité dit haut et fort que tous les problèmes du Mali sont l’œuvre des
fonctionnaires véreux et corrompus. Et elle pense que la collusion entre
la politique et la religion portera un coup dur à la lutte contre la
corruption.

Les fonctionnaires milliardaires sous protection religieuse
Inquiets, paniqués au début de la lutte contre la corruption, les
fonctionnaires millionnaires se la coulent douce quatre mois après la
guerre déclarée contre le détournement de deniers publics. Un grand
nombre d’entre eux ont trouvé refuge sous le parapluie de certains
guides religieux musulmans. Ces derniers, depuis qu’ils sont parvenus à
obtenir, en avril dernier, la tête de Soumeylou Boubèye Maïga de la
primature, ont renforcé leur emprise sur les autorités politiques de notre
pays qui sont aujourd’hui obligées de réfléchir avant de prendre une
décision les concernant.
Avant cet épisode, l’immixtion de certains leaders religieux musulmans
dans l’arène politique a permis à pas mal de fonctionnaires d’être
parrainés par ceux-ci. Certains de ces agents de l’État avaient même élu
domicile dans leur mosquée en attendant que le chef religieux leur
trouve un point de chute juteux dans l’administration. Bénéficiant de
cette ‘’protection’’, ils se sont mis à piller les biens de l’État sans demi
mesure, devenant ainsi les bailleurs de fonds des manifestations de ces
leaders religieux à qui ils doivent leur promotion.
Les rapports de vérification du Bureau du Vérificateur général et de la
Cellule d’appui aux services de contrôle de l’administration (CASCA) font
foi. Ils ont laissé des trous de centaines de millions et de milliards dans
leurs services. On se rappelle que la Direction administration et
financière d’un département ministériel du temps de Amadou Toumani
Touré (ATT) a investi en seul jour onze millions dans l’achat du thé. La
suite est connue de tous. Aucune poursuite n’a été engagée contre les
personnes mises en cause dans ce gangstérisme financier.
Il sera difficile à l’heure où nous sommes d’aller extirper ces hommes et
femmes qui financent les mosquées, les manifestations, les prêches
avec l’argent volé à l’État pour entretenir des guides religieux qui
veulent à tout prix s’enrichir en se réfugiant derrière le nom de Dieu.

Parce que les autorités ont la peur bleue pour aller à l’affrontement avec
des hommes dont la capacité de nuisance peut porter préjudice à leur
pouvoir.
Et ils sont nombreux les Maliens qui pensent que la justice ne pourrait
rien faire contre ces bandits financiers qui sous protection de certains
guides religieux musulmans.
Epargnés aujourd’hui, parce qu’en complicité avec certains hommes de
foi pour s’adonner à des détournements du bien public, qu’ils sachent
que la roue de l’histoire tourne.
Yoro SOW
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