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Pour refus de se soumettre à une pratique dite coutumière: Bakary Tako Konaté séquestré par six jeunes
Publié le mercredi 11 decembre 2019  |  Le Démocrate
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Les faits se sont déroulés dans la commune de Ambidédi, cercle de Kayes, où un jeune du nom de Bakary Tako Konaté a fait les frais d’une séquestration par d’autres jeunes dans son champ, le 05 octobre 2019, à LanyMody. So crime : avoir refusé de participer aux travaux « mutuels », une pratique coutumière.



Suite aux hostilités entre des habitants des villages de Lanytounka, LanyTakoutalla et LanyMody sur des pratiques dites traditionnelles, nous nous sommes rendus dans les lieux pour nous enquérir de la situation. Au cours de nos investigations, différentes versions sur ladite pratique nous ont été expliquées par les protagonistes.

Selon les chefs des villages, ce qui se passe chez eux, c’est la tradition et la coutume, et non l’esclavage, comme beaucoup l’interprètent. « Il n’y a pas d’esclavage dans nos villages ici. Nous savons que l’esclavage est aboli », a laissé entendre Boubou Soumaré, porte-parole du chef de village de LanyMody. C’est une convention entre familles qui consiste à travailler mutuellement, ajoute-t-il. Demandé pourquoi cette violence autour de la question, M. Soumaré de dire que ce sont eux les propriétaires des terres. Ils les louent à qui ils veulent. Or, les terres qu’occupent ceux qui refusent de respecter la coutume ont été obtenues grâce à cette même coutume, explique-t-il. C’est pourquoi on leur a demandé de laisser les parcelles qu’ils cultivent s’ils ne veulent pas continuer avec la tradition, poursuit-il.

Mahamadou Bathily, fils du chef de village de LanyTakoutalla, d’ajouter que c’est de l’entraide. A ses dires, il n’y a rien entre eux. C’est juste la coutume. Pour lui, cette question d’esclavage a été orchestrée pour déstabiliser la cohésion sociale dans leurs villages. « J’ai reçu 58 convocations sur cette affaire, avec une peine de 12 mois de sursis et un million de FCFA », affirme-t-il.

Pour les « victimes », c’est de l’esclavage pur et simple. Sinon, pourquoi leur retirer les terres pour un simple refus de travail mutuel ?

« Même nos propres filles, on ne peut pas les donner en mariage. Ce sont les « maitres » qui les donnent en mariage », a révélé un membre de la communauté « esclave » qui a requis l’anonymat.

Quand nous avons décidé de ne plus faire les travaux des esclaves, c’est là qu’a commencé notre calvaire, dénonce un autre membre. On nous réprime pour qu’on reste sous leur contrôle.

En 2018, Seydou Ladji Kanouté a été agressé par Birama Kondjo Bathily, le frère cadet du chef de village de Lany Tounka, pour avoir célébré la salat. Suite à cette agression, les familles dites « esclaves » ont décidé d’arrêter l’exécution de certaines tâches qui leur sont destinés, selon les victimes. C’est là qu’a commencé les conflits car, les « maitres » étaient mécontents de notre position, racontent-ils. Des embargos de tous genres nous ont été imposés. Pire, nos terres nous ont été retirées, indiquent-ils. « En 2018, nous n’avons pas cultivé », nous confie l’un des jeunes de cette communauté « esclave » au cours de nos investigations à Kayes.

Aussi, avons-nous rencontré Bakary Tako Konaté au tribunal de Kayes, la dernière victime de la localité, dont l’affaire est devant le tribunal.

Selon ce dernier, il a été agressé par six jeunes parce qu’il est esclave. « C’est dans mon champ que Salia Kanouté, Antioumane Kanouté, Djiguinè Kanouté, Kaou Kanouté, Bilaly Kanouté et Djibi Kanouté sont venus m’agresser en me demandant de quitter mon champ. Et ils m’ont attaché, frappé et m’ont pris par mon sexe pour m’amener dans leur jardin, de 16 heures jusqu’à 21 heures », explique la victime. Aussi, ajoute-t-il, ils ont enlevé mon téléphone et les clefs de ma moto jusqu’ici je ne les ai pas eus.

Aux dires de Bakary Konaté, les auteurs affirment n’avoir pas peur parce qu’ils ont un soutien au sommet de l’Etat. Ce soutien serait un conseiller à la primature, du nom de Sidi Kanouté. Et que cette affaire n’ira nulle part. Lors de nos investigations, des sources concordantes ont affirmé que ce dernier a appelé à plusieurs reprises concernant cette affaire. Même si elles ignorent dans quel but.

De toute façon, les agresseurs sont sous contrôle judiciaire, selon nos informations recueillies auprès du tribunal de Kayes.

Oumar SANOGO, envoyé spécial
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