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Le Niger et les pays sahéliens ébranlés par l’attaque jihadiste d’Inates
Publié le jeudi 12 decembre 2019  |  AFP
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Avec 71 morts et des disparus, l'attaque d'Inates au Niger, une des plus meurtrières jamais menées contre les armées du Sahel, ébranle les pays de la région et les relations avec la France, remettant en cause la stratégie de lutte contre des groupes jihadistes toujours plus audacieux.

Des centaines d'assaillants jihadistes ont mené mardi un assaut de plusieurs heures contre le camp militaire d'Inates, dans l'ouest du Niger, près de la frontière malienne, infligeant un revers sans précédent à l'armée nigérienne.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou est rentré en catastrophe dans la nuit d'une conférence internationale en Egypte sur "la paix durable, la sécurité et le développement", pour présider à Niamey jeudi matin une réunion du Conseil national de sécurité.

Après l'annonce de cette attaque, le président français Emmanuel Macron a annoncé dans la nuit le report à janvier du sommet consacré au consacré à l'opération Barkhane et à la force conjointe du G5 Sahel, qui était programmé le 16 décembre.

Il s'agissait de clarifier avec les dirigeants des cinq pays du sahéliens du G5 (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie) les positions de chacun sur la présence militaire française au Sahel, de plus en plus contestée par les opinions publiques.

M. Macron voulait une rencontre symbolique à Pau (sud-ouest de la France), où étaient basés la majorité des 13 militaires français tués fin novembre en opération au Mali dans une collision d'hélicoptères. Le président français avait essuyé une salve de critiques sur la forme de l'invitation à ce sommet, qui selon beaucoup d'observateurs s'apparentait à une convocation aux relents néo-colonialistes.

Passé le choc et la colère, l'attaque d'Inates met clairement en lumière les difficultés des forces armées à lutter contre les groupes jihadistes.

- "Hit and run" -

L'attaque menée à Inates est la plus meurtrière depuis le début de l'offensive jihadiste en 2015 au Niger, pays pauvre mais disposant d'importantes ressources en uranium. Au-delà, c'est tout le Sahel - en particulier le Mali, le Niger et le Burkina -, qui est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes armés, en dépit de la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane.

Le Mali a été frappé par une série d'assauts sanglants, lors desquels plus de 140 soldats ont été tués, provoquant un véritable traumatisme. Le Burkina avait perdu 24 militaires en août, dans un assaut contre la base de Koutougou, également près de la frontière malienne.

Après des attaques de type guérilla "hit and run" (on frappe et on s'enfuit), comme des embuscades montées avec des mines posées le long des routes empruntées par des convois militaires, les groupes jihadistes n'hésitent plus désormais à attaquer de front des postes militaires.

De ce point de vue, l'attaque de mardi est significative: elle était l'oeuvre de "plusieurs centaines" de combattants "lourdement armés" selon le ministère de la Défense nigérien, et les combats ont été d'une "rare violence". Les assaillants étaient organisés tactiquement, bien équipés avec des mortiers et des "véhicules kamikazes".

Les forces étrangères française et américaine ont beau monter en puissance, les jihadistes semblent de plus en plus déterminés malgré des moyens conséquents pour les contenir. Les Français ont promis d'armer leur drones et sans doute d'en multiplier le nombre à terme.

Le président de la commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a "condamné fermement" l'attaque, tandis que le président tchadien Idriss Déby a souligné qu'il fallait "fédérer (les) efforts et poursuivre sans relâche la lutte contre le terrorisme et l'obscurantisme".
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