Mamoudou Gassama et Lassana Bathily, deux jeunes émigrés que la France «aime bien», étaient récemment à Dakar pour recevoir une distinction de la communauté soninké, selon un reportage diffusé par la TFM. Les deux jeunes, pour mémoire, ont été propulsés au-devant de la scène pour avoir accompli chacun, en de circonstances différentes, un acte héroïque, spontané et totalement désintéressé, en France. Ils ont tout simplement sauvé des vies en risquant les leurs. En retour, la France a vu en eux des patriotes et les a «fait» Français. En clair, ils ont été naturalisés, en passant du statut de «sans-papiers», expulsables à volonté, à celui de citoyens français en un laps de temps. Sur bien des aspects, ces jeunes qui ne se connaissaient pas et que le destin a rapproché, se ressemblent peu ou prou. Après différents hommages, voire des distinctions diverses, c’est encore un nouvel hommage que lui rend la communauté de Dakar. Une Occasion de revenir sur leurs parcours. (PORTRAIT CROISÉ).
La célébrité leur est tombée, par hasard, sur la tête un jour, presque à leur insu. Dans leurs rêves les plus fou, ces jeunes maliens n’espéraient peut-être pas rencontrer des chefs d’État et autres grandes personnalités mondiales. Pas plus qu’ils n’attendaient pas des messages de félicitations de célébrités et d’artistes planétaires ou encore être distingués. Mais hasard les y a conduits. Mamoudou Gassama et Lassana Bathily sont tous les deux originaires de la région malienne de Kayes (Sud-Ouest). Ils sont soninkés et confessent la foi musulmane. Ils ont décidé un jour de tenter l’aventure en France pour trouver une meilleure qualité de vie. Si Mamoudou, 23 ans, a emprunté le périple le plus dangereux et laborieux pour rallier illégalement en France en 2013, Lassana Bathily, 29 ans, est lui venu légalement dans l’Hexagone en 2006. Ils sont tous non instruits.
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Les deux jeunes sont arrivés en France à des périodes différentes et étaient tous en situation irrégulière. Mamoudou Gassama et Lassana Bathily auraient pu vivre leurs petites vies dans l’anonymat le plus absolu, tirant le diable par la queue, ne bénéficiant d’aucun égard et n’attirant aucun regard ni la moindre curiosité. Mais un geste de bravoure, sans aucun calcul et hop ! Les voici propulsés sous le feu des projecteurs. Leurs noms ont fait distinctement le tour du monde en un temps record et ils ont rencontré, dans la foulée, des personnalités des plus puissantes du monde. Ils ont connu une célébrité soudaine. En effet, ces deux jeunes maliens ont pris chacun un grand risque en mettant leurs propres vies entre parenthèse pour sauver celle des autres. En retour la vie de chacun a changé positivement.
Lassana Bathily, célèbre malgré lui
Lassana Bathily est sorti de l’anonymat, il y a bientôt 5 ans. En effet, lors de la prise d’otages de la porte de Vincennes, le 9 janvier 2015, suivi de l’attentat terroriste de l’hyper Cacher, le jeune homme, alors manutentionnaire dans l’établissement, pris au piège, a tout de même, pris sur lui de cacher des otages dans la chambre froide au sous-sol de l’hypermarché avant de réussir à s’échapper. En plus d’avoir sauvé quelques clients de la furie des meurtriers, le jeune employé de l’établissement attaqué a fourni de précieuses informations à la police afin de lui permettre de stopper le carnage. L’attaque revendiquée par l’État islamique et dirigée par un certain Amedy Coulibaly, avait notamment fait 86 morts et 458 blessés. L’acte de Lassana a été salué à l’unisson par les Français, notamment les responsables politiques de l’Hexagone y compris ceux qui n’ont de cesse d’exposer, sans complexe aucun, leur xénophobie au grand jour et d’afficher leur horreur à l’égard de l’émigré.
Ce geste de bravoure a permis au jeune malien, alors âgé de 25 ans, de sortir de l’ombre, de faire la une de la presse française et internationale et surtout d’être reçu par le président français d’alors, le socialiste François Hollande qui n’avait pas hésité à s’exclamer en ces termes en recevant Lassana Bathily à l’Élysée, le 25 janvier 2015 : «Ah, voilà mon Français préféré!». Décrit comme héro par des médias, Lassana décline modestement cette qualification avant même que certains Français ne le lui nient. «Je ne suis pas un héro», c’est sa réponse et c’est le nom du livre que Lassana a fait écrire. Il revendique plutôt une action humaine tout court.
Dans un livre intitulé «Hyper Caché, quatre heures dans la tête d’un otage», Yohann Dorai, un des otages de l’attentat écrit : «À aucun moment au sous-sol, je n’ai vu Lassana Bathily accomplir un acte héroïque […] J’ai découvert plus tard, à la télévision, le rôle de héros qu’on lui attribuait. J’en ai été plus que surpris». Yohann Dorai consent cependant devoir «une fière chandelle» à Lassana pour les indications données à la police pour lui permettre d’intervenir. Mais qu’importe ce qu’écrit Yohann. Toujours est-il que Lassana Bathily, en personne, ne réclame aucun acte héroïque. En revanche, au-delà de la France, son geste avait été salué par des personnalités influentes de stature et d’envergure mondiale.
Outre-Atlantique, par exemple, c’est l’ancien président des États Unis, Barack Obama, en personne, qui lui avait rendu un hommage appuyé, en mettant notamment en exergue le clivage religieux que certains essaient d’entretenir au détriment de l’humanité, de la solidarité, de l’empathie envers autrui : «Le monde sait que des Juifs ont été attaqués dans un supermarché casher à Paris. Nous devons nous souvenir de l’employé de ce supermarché, un musulman, qui a caché des clients juifs et leur a sauvé la vie. Et quand on lui a demandé pourquoi il avait fait cela, il a répondu : ‘’Nous sommes frères. Nous venons de pays différents, de différentes cultures et de différentes religions, mais il est important de nous inspirer des actes héroïques de ce modeste employé’», avait déclaré l’ancien Chef de la Maison Blanche.
Le chef de la Diplomatie américaine de l’époque, le démocrate, francophone et francophile John Kerry, de passage en France une semaine après les événements, avait rencontré Lassana Bathily au magasin Hyper Cacher, l’avait honoré dans son discours et a fait son éloge en français. Quelques mois après, le 24 mars 2015 à Los Angeles, Lassana Bathily reçoit la médaille du courage du Centre Simon-Wiesenthal, une ONG créée en 1977 et reconnue par les Nations Unies et l’UNESCO auprès desquelles elle bénéficie d’un statut consultatif spécial. Les voyages et les distinctions se sont enchainés pour Lassana Bathily. Le 29 janvier quelques semaines après l’attentat, Lassana est accueilli en grande pompe, au palais de Koulouba, à Bamako, par le président malien Ibrahim Boubacar Keita. Ce dernier a, à son tour, rendu hommage à Lassana : «[Amedy] Coulibaly a jeté le drapeau malien par terre, tu l’as redressé», avait lancé le président du Mali, rappelant, de facto que le drame a été planifié par un autre malien. Dans la foulée, le statut administratif de Lassana en France connaît va changer assez rapidement.
Définitivement Français à part entière
Onze jours après le tragique événement, Lassana obtiendra la nationalité française alors qu’il avait déjà démarré de longues et laborieuses démarches en vain. Arrivé en France légalement le 10 mars 2006, Lassana entreprit des études dans le lycée professionnel Jean Jaurès (19è arrondissement de Paris) de 2006 à 2009 et obtint deux CAP, carreleur-mosaïste et de peintre, note sa fiche de présentation sur internet. En en 2009, comme la préfecture de police de Paris lui refuse un titre de séjour, Lassana Bathily sollicite le tribunal administratif en janvier 2010. L’injustice sera réparée. Lassana obtient sa carte de séjour le 22 juin 2014. Il vit d’emplois précaires (ménage, plonge, bâtiment commerce). Homme à tout faire, c’est cette tragédie de l’hyper Cacher qui va faire basculer sa vie sous maints aspects. Passé de l’ombre à la lumière de manière brusque, gérer cette nouvelle vue n’a pas été chose facile pour ce jeune homme réservé et peu loquace en apparence. «J’ai eu beaucoup de mal à gérer les nombreuses sollicitations des médias, confessait-t-il au micro de France 24, c’était beaucoup trop d’un coup», avait-il dit.
Depuis lors Lassana, n’a plus retravaillé pour Hyper Cacher qui ne lui a pas non plus promu après les événements. Il avait expliqué à France 24 avoir eu d’autres opportunités d’emplois. Il est désormais employé à la mairie de Paris. Lassana travaille dans un stade de la banlieue parisienne. Il veut désormais laisser les événements du 9 janvier 2015 derrière lui. En juin 2016, Lassana Bathily a sorti un livre autobiographique intitulé : «Je ne suis pas un héros : Du Mali à l’Hyper Cacher, l’itinéraire d’un homme qui a impressionné la France» Ed Flammarion. Aussi, a-t-il lancé un projet associatif d’aide aux habitants de Samba Dramanél, son village natal de Kayes où il est né le 27 juin 1990.
Naturalisé Français le 20 janvier 2015, après ce qu’il a vécu, curieusement, Lassana était le 7 mars 2015 à Bamako, le jour d’une fusillade dans le restaurant-boîte de nuit La Terrasse de la capitale malienne. De quoi raviver les mauvais souvenirs. «À ce moment, je me posais des questions, je me demandais si j’étais poursuivi. Je n’ai pas dormi pendant une semaine » confie-t-il. Comme si cela ne suffisait toujours pas, le 13 novembre 2015, à Paris, Lassana Bathily se trouvait à quelques centaines de mètres du Bataclan quand cette institution culturelle a été attaquée. Il reste alors caché dans un café de la zone jusqu’à cinq heures du matin. . La déferlante Bathily baissée, le 28 mai 2018, c’est Mamoudou Gassama que le monde entier découvre ahuri, pour avoir pris un risque incommensurable.
Mamoudou Gassama sauve un enfant d’une chute imminente
Un jour de 2018, un bébé s’est retrouvé dangereusement suspendu au balcon d’un immeuble de plusieurs étages au cœur de Paris. Ses parents de l’intérieur tentent de le récupérer pour lui éviter une chute imminente. L’opération est délicate et très risquée. Au sol, des passants observent la scène, impuissants, terrifiés et perplexes. Certains se contentant de filmer la tragédie qui devrait se jouer sous leurs yeux. Mamoudou Gassama qui était dans les parages, à la vue de la scène, comme poussé par une force impérieuse, inextinguible et irrésistible s’engage sans précaution aucune pour lui-même.
Tel un arachnide, Mamoudou escalade la façade de l’immeuble parisien de plusieurs étages avec une agilité, une facilité et une célérité impressionnante. Ça paraissait bien plus à une fiction qu’une réalité. En quelques minutes, Mamoudou réussit à atteindre le garçon délicatement tenu d’une main par son parent depuis le balcon alors que tout son poids était suspendu de l’extérieur prêt à chuter. Le jeune migrant de 22 ans, réussit à remonter le bébé à ses parents. C’est la délivrance ! Au sol des témoins ont immortalisé la scène avec des vidéos amateurs grâce à quoi le monde entier est informé. Il n’y a pas plus héroïque que ce geste. Sur internet, l’émouvante vidéo a été vue des millions de fois et l’exploit de Mamoudou lui a valu d’être reçu à l’Élysée quelques jours plus tard et de se voir promettre une naturalisation. Peut-être quelques secondes supplémentaires avant l’arrivée de Mamoudou Gassama à la hauteur du garçon, auraient été fatales. Agrippé au balcon, il aurait fini par être fatigué et lâché.
«Je ne pensais pas aux risques»
Des images restent encore frissonnantes. Autant l’enfant était en danger de mort, autant le risque pris par Mamoudou dépasse était incommensurable. Parce qu’il suffisait d’un moindre faux pas et c’en était fini pour le sauveteur de circonstance lui-même. C’est fort de cela que tout croyant ne peut s’empêcher de voir la main de Dieu derrière cette histoire qui s’est bien terminée. Quelle témérité pour le jeune Gassama qui n’est pas un secouriste professionnel ! Même le sapeur-pompier aurait pris quelques précautions. «Quand, je suis arrivé, j’ai vu qu’un enfant voulait se jeter du balcon. J’étais par là et je suis venu le secourir. Je ne pensais pas aux risques, je pensais juste à le sauver. Quand je suis monté ici, ça m’a donné le courage de poursuivre. C’est quand l’enfant est sauvé que je me suis rendu compte de ce qu’il s’était passé. J’ai commencé à trembler», a déclaré Mamoudou aux médias.
Originaire du village de Yaguine (région de Kayes) Mamoudou quitte son pays natal pour l’Europe en 2013. Après avoir transité par le Burkina Faso et le Niger, il arrive en Libye où il a connu la prison et la torture. Après une première tentative ratée, il parvient en Italie courant 2014 après avoir été récupéré en mer par l’un des navires de l’opération Mare nostrum qui patrouillent la Méditerranée. Hébergé dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Castelnuovo di Porto, près de Rome, il suit alors une formation de pizzaïolo. Il rejoint Paris le 16 septembre 2017 et retrouve son frère qui l’héberge dans le foyer pour migrants où il réside à Montreuil, en proche banlieue parisienne, il gagne sa vie en travaillant au noir dans le bâtiment. Mais tout ça, est désormais du passé.
Comme son compatriote, Lassana Bathily reçu par François Hollande en 2015, Mamoudou a été à son tour reçu par Emmanuel Macron avec qui il a eu des échanges Illettré, la barrière linguistique limite profondément sa volonté à interagir avec ses interlocuteurs, en l’occurrence les journalistes afin de raconter l’évènement. Mais ils s’en sort tant bien que mal. Après cet acte de bravoure, l’immeuble est devenu le point de mire des curieux qui cherchent à comprendre comment Mamoudu a pu prendre un tel risque. Le le 4 juin 2018, il a reçu la médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris, les félicitations d’Emmanuel Macron à l’Elysée
L’acte héroïque qu’il a accompli va changer sa vie de manière féérique. Dans la foulée, il a été naturalisé français, intégré à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris le 3 décembre 2018 pour une formation de 10 mois. Au cours de cette période, il va gagner 472 euros (309.000FCFA), 600 euros (392.000FCFA) selon d’autres sources. Évidemment le courage dont il a fait montre , le nec plus ultra pour le jeune malien ne pouvait être que celui des soldats de feu. Mamadou Gassama est sollicité par plusieurs médias pour des émissions. Mais au show de Laurent Ruquier, « On n’est pas couché» diffusé samedi soir, il a décliné l’offre.
Le Spiderman malien de Paris
Surnommé Spiderman et à juste titre, il a ému la planète entière pour avoir sauvé la vie, in extremis, à cet enfant de 4 ans. Comme Lassana, Mamoudou a aussi fait la une de la presse mondiale. Gasssama a notamment participé à un plateau tv, co-invité avec Lansana Bathily qu’il a retrouvé entretemps. Ce dernier qui a connu quelques années presque la même histoire, la même euphorie, dit avoir conseillé à son jeune compatriote de ne pas se prendre la tête, de rester modeste et d’avoir les pieds sur terre. «Il m’a demandé mon expérience sur ce que j’ai vécu pendant les attentats, pour lui donner des conseils, a-t-il expliqué. On n’y était pour rien, mais après tout le monde s’intéresse à nous», rapporte Lassana à la Bbc. Il explique avoir organisé cette rencontre avec le jeune homme de 22 ans afin de lui prodiguer des conseils sur la façon de gérer cette soudaine notoriété. Dans une très courte vidéo postée sur Facebook, on voit les deux jeunes assis côte à côte et filmer et se chahutant réciproquement. « L’homme fort, c’est lui le plus fort », indique en souriant Lassana Bathily, en montrant du doigt Mamoudou. C’est le «Spiderman» parisien aux côtés du «héros de l »Hyper Cacher».
Mais comme toujours en pareilles circonstances, il ne manque pas de fausse note. D’aucuns ont voulu faire croire par tous les moyens, mais en vain, que cette scène de sauvetage de l’enfant ne serait qu’un montage d’une histoire de toute pièce. Ce qui reviendrait à dire que le scenario a été savamment orchestré, méthodiquement planifié et intelligemment déroulé. Mais les images appréhendées sous d’autres angles de vue invalide cette thèse complotiste supposée.
D’ailleurs beaucoup de gens, plus sensés, en plus de reconnaître à Gassama son héroïsme, pense que son acte le plus héroïque c’est le fait d’avoir traversé, stoïque, le chemin périlleux de la méditerranée et d’avoir survécu . C’est le cas du teigneux chroniqueur de «On n’est pas couché» sur France2, l’écrivain Yann Moix, qui dénonce la récupération politique faite par certains en France.
L’héroïsme de Gassama n’est pas d’avoir sauvé cet enfant
L’écrivain dénonce avec force l’instrumentalisation du geste du jeune malien à des fins inavouées. «Le geste le plus héroïque c’est d’avoir traversé le désert comme il l’a fait et d’avoir connu l’enfer libyen pour enfin arriver en Europe», soutient M. Moix. Fervent défenseur du migrant et virulent dénonciateur de la politique migratoire de l’Europe, Yann Moix qui n’en démord pas, parle de pornographie de l’utilisation que le président Emmanuel Macron a faite de cette affaire. En pareille circonstance, les Français sont unanimes pour qu’un tel acte soit reconnu.
Dans «L’heure des pros» sur Cnews, le publicitaire et pharmacien Jacques Séguéla a ouvertement plaidé avec force argument la naturalisation de Mamoudou Gassama, et par la même occasion rendu justice aux émigrés, objet d’ostracisme de certains Français. «Il (Ndlr : Mamoudou) est sans papiers, mais sans peur et sans reproche. Quelle leçon de civisme nous donnent les sans-papiers ! », s’est exclamé Jacques Séguéla. Il poursuit : «Ce qui est magnifique dans cette histoire-là, c’est qu’on s’aperçoit que quand qu’ils franchissent les frontières, ils arrivent avec une humanité que parfois, on ne témoigne pas à leur égard. Je suis persuadé que le geste du président de la république est un geste qui compte». Pour lui, il n’ya aucun doute Gassama est un héro. «Ce qui est magnifique, c’est la spontanéité. Il n’a réfléchi à rien, il n’a pas pensé à ses papiers. Il a vu un gosse qui allait mourir, il a risqué sa vie pour aller le sauver. Si ce n’est pas un héros comment ça s’appelle ça », s’est emporté Séguéla, agacée par une contradictrice qui nage à contre-courant. Il s’agit de la journaliste, polémiste Élisabeth Levy, chroniqueuse de «L’heure des Pros», l’ émission matinale sur Cnwes. La journaliste a dit son opposition aux «faveurs» accordées à Mamoudou Gassama. «Ce qui me choque c’est qu’on en fasse du foin. Ça me choque qu’on le reçoive à l’Elysée. Je suis pour qu’on lui donne ses papiers. Je ne suis pas pour que ce soit extrêmement public. Quand il y a des incidents négatifs qui mettent aux prises les sans-papiers, on me dit tout de suite pas d’amalgame ; Surtout ce sont des cas isolés », déclare Elisabeth Lévy en opposition au 7 autres débateurs du plateau.
Pourtant quelle que xénophobe que soit Marine Le Pen, la patronne du Rassemblement national,(ex-FN, extrême droite), les actes comme celui de Lassana Bathily et de Mamoudou Gassama, pour elle, méritent le cadeau de la France. C’est la naturalisation. A maintes occasions, elle a dit et réaffirmé que pour les étrangers la nationalité française doit se mériter. Il faut faire preuve de patriotisme.
Gassama distingué jusqu’aux États-Unis
Mamadou Gassama qui était un parfait anonyme est passé de l’ombre à la lumière en peu de temps. Son aura a franchi les frontières hexagonales. Les réseaux sociaux aidant, l’histoire et les images ont fait le tour du monde en un temps record. Après le président Emmanuel Macron, c’est le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), qui a reçu le jeune émigré. D’ailleurs, IBK l’avait déjà appelé au téléphone pour le féliciter suite aux évnements. Oumou Sangaré, la diva de la musique malienne a salué, elle aussi, son jeune compatriote pour son geste courageux. Des surprises vont s’enchainer Mamoudou Gassama. Comme Lansana il se rendra Outre-Atlantique pour recevoir une distinction qui témoigne la reconnaissance des anonymes ou des personnalités pour leur engagement dans une cause et leur courage. Il s’agit du prix de «héros humanitaire». Le prix a été remis à Mamoudou aux côtés de cinq autres lauréats lors de la cérémonie des BET Humanitarian Award , à Los Angeles. Parmi les lauréats, il y avait la petite Naomi Wadler, 11 ans, engagée contre les armes à feu aux Etats-Unis, ou encore Anthony Borges, héros de la fusillade de Parkland qui s’est opposé au tireur. «Nous distinguons ces héros et les remercions de nous donner de l’espoir et de nous rappeler que tout le monde a l’opportunité de faire quelque chose d’extraordinaire », a déclaré le chanteur John Legend, dimanche 24 juin 2018, en remettant les six prix.
Né le 1er janvier 1996 à Diafounou Diongaga, dans la région de Kayes, le jeune émigré doit avoir oublié ce qu’il a traversé pour atteindre l’Europe. Teint noir, cheveux crépus, Mamoudou Gassama s’est montré ému à maintes occasions. Il a le regard parfois évasifs. Malgré le changement qui s’est opéré dans sa vie, voici son conseil aux autres. «En Europe ce n’est pas du tout facile. Il Ne faut pas penser que parce que nous on est en Europe, tout est rose. Ceux qui peuvent gagner leur vie, ici ce n’est pas la peine de risquer à venir en Europe. Afrique. Mais si on a des solutions, il faut pendre la voie légale pour rallier l’Europe», a déclaré Mamoudou Gassama sur Tfm lors de son passage à Dakar
Lassana Bathily et Mamoudou Gassama en vertu de la politique migratoire de la France n’auraient pu acquérir aussi facilement la nationalité française. Après tout Lassana Bathily et surtout Mamoudou Gassama ont risqué leur vie pour sauver les autres. Ils n’en attendaient rien. Ils ont juste fait preuve d’humanité comme le dit avec une éloquence inégalable Jacques Séguéla. Glaner un immeuble, à mains nues, jusqu’au 4ème étage, cueillir un enfant de 4 ans agrippé au balcon dont la juste imminente, ce n’est pas donné.
Une petite maladresse aurait pu tourner au vinaigre pour le sauveteur et la personne en détresse. Et on aura perdu deux vies. Mais là, on est obligé de faire montre de bonne foi et de l’admettre. Dans tous les cas, ce sont deux émigrés que la France aime bien. Ils sont définitivement «Franco-Maliens». L’existence de cette histoire doit beaucoup aux technologies de l’information et de la communication. Puisque la scène a été filmé in extenso et partagée sur les réseaux sociaux.