Une justice couverte d’autant de plaies est une menace sérieuse au climat des affaires au Mali. Vous êtes, l’espoir de tout un peuple assoiffé de justice, de toutes ses personnes qui croulent dans les prisons sans jugement…
Le Mali peut-il être fier de sa justice ? Difficile de répondre à cette question par l’affirmative au regard de la réputation et de l’image qu’elle projette au citoyen. Si dans une ville comme Bamako, des habitants préfèrent lyncher un présumé délinquant surpris en flagrant délit de vol plutôt que de le traîner devant les tribunaux, c’est que la justice malienne est malade.
Cette rupture de confiance entre le citoyen et la justice laisse planer une menace sérieuse sur l’atteinte de l’objectif des 17 objectifs de développement durable à l’horizon 2030 fixés par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 2015.
Bien loin des standards internationaux qui prescrivent 10 magistrats pour 100 000 habitants. Conséquence, les magistrats, submergés par des affaires, sont obligés de multiplier les renvois. Bonjour les lenteurs judiciaires, les procès qui se prolongent, les détentions préventives aussi.
Monsieur le ministre, « Je jure et promets de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de garder le secret des délibérations et de ma conduite en tout en digne et loyal magistrat ». Pour la plus part de nos compatriotes, ce serment est un récital pour amuser la galerie. Sans une intégrité du juge, cet engagement judiciaire perd sa qualité et refuse du citoyen.
Monsieur le ministre, il n’est point besoin de vous rappeler que la justice au Mali souffre également d’une maladie qui semble consubstantielle à la société malienne en général : la corruption. Nous ne cessons de le rappeler : Parmi les secteurs les plus corrompus au Mali, la justice n’y échappe. En plus de la corruption, le système judiciaire au Mali est victime du manque « d’impartialité » et « d’indépendance ». Alors que la Constitution du Mali fait du président IBK le garant de l’indépendance de la justice, ce dernier n’en a pas fait une préoccupation majeure. Les nombreux rapports du Vérificateur général l’attestent, eux qui sont laissés dans les tiroirs sans murmure ni tambour. Toutefois, l’espoir semble être permit avec l’instruction des dossiers sur la délinquance financière qui a abouti à la mise sous dépôt de certaines personnes.
Le Ministre, le chemin reste long et rocailleux. Qui parle de justice parle d’une justice saine. Vous devriez avoir les yeux sur chaque acte posé par un juge du début jusqu’à la fin d’une instruction car une justice couverte d’autant de plaies est une menace sérieuse pour l’avenir d’un peuple. Vous savez mieux que quiconque, l’insécurité judiciaire est aussi une menace pour les autres aspects de l’objectif de développement durable.
Homme de Dieu que vous êtes, faites en sorte que vos collaborateurs dans les juridictions soient autant. Personne ne peut nier que depuis votre arrivée, le pouvoir malien est en train de manifester sa volonté politique de favoriser une bonne administration de la justice.
L’ingérence des pouvoirs publics
Le Ministre, la corruption dans les systèmes judiciaires engendre l’impunité et sape l’Etat de droit, a souligné Transparency International. Se faisant Monsieur le ministre, partout dans le monde, la corruption dans le système judiciaire gêne le développement économique, érode les droits de l’homme et mine la confiance envers les institutions. Elle prive les victimes et les accusés du droit le plus élémentaire.
Monsieur le ministre, sachez que quand les systèmes de justice sont corrompus, tout le monde y perd. Particulièrement les plus démunis, qui se voient forcés de payer des pots-de-vin et n’en ont pas les moyens.
Monsieur le Ministre, la corruption judiciaire entre généralement dans deux catégories : l’ingérence politique du pouvoir exécutif ou législatif dans les procédures judiciaires, d’une part, et la pratique des pots-de-vin, d’autre part. Quand la justice est corrompue, tout le monde y perd, en particulier les plus pauvres, qui se voient contraints de payer des pots-de-vin alors qu’ils ont à peine les moyens de survivre.
Monsieur le Ministre, la petite corruption et l’ingérence du monde politique dans l’appareil judiciaire minent la cohésion sociale: « On constate que les pots-de-vin rendent non seulement la justice inabordable et compromettent l’impartialité des juges, mais ils mettent aussi à mal la capacité du système à contrebalancer les pouvoirs en place ou à promouvoir l’obligation de rendre des comptes. Le système judiciaire se doit d’être un obstacle à la corruption et pas une source ».
Au Mali, une crise de confiance s’est installée entre la justice et les justiciables. Pourtant, le contexte se prête pour donner un coup de pied dans la fourmilière.
le Ministre, vous connaissez les juges indélicats et les juges corrompus au Mali. Des attitudes se présentent donc à vous pour mettre un terme à la situation de corruption qui mine la machine judiciaire malienne. On quitte alors la République pour descendre dans une république bananière.