Une fois de plus, le Niger vient d’être frappé, le mardi 10 décembre 2019, par une terrible attaque terroriste dirigée contre un camp militaire, situé au nord-ouest du pays, près de la frontière avec le Mali, plus précisément à Inatès, une localité située dans le département de Téra (région de Tillabéri). Le bilan fait état de 71 militaires tués, une douzaine de blessés et une trentaine de disparus.
Une lourde perte qui a endeuillé toute une nation, pour ne pas dire tout un continent. Cet attentat meurtrier, le plus sanglant de tous les temps au Niger, porte la marque de toute une coalition des différents groupes djihadistes opérant dans l’espace sahélo-saharien depuis plusieurs années.
En ces instants de deuil, tous les pays du Sahel doivent être solidaires du Niger, en raison du destin commun qui est le leur, face à l’hydre terroriste qui frappe indistinctement et principalement le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
D’autant qu’en plus de l’effet de surprise, tout porte à croire que l’ennemi était bien renseigné et s’était préparé en conséquence en déployant les grands moyens. A présent, il s’agit de trouver les voies et moyens pour faire face à la situation sécuritaire plus que préoccupante, surtout face à la puissance de feu déployée par l’ennemi. L’heure est d’autant plus grave que c’est la survie même de ces pays qui est ici, en jeu.
En tout cas, face à l’armada des terroristes, certains se demandent si l’on peut encore parler de guerre asymétrique quand l’ennemi est capable de déployer des centaines de combattants et d’utiliser des blindés et autres mortiers pour pilonner les positions des armées régulières, comme ce fut le cas dans l’attaque de la base militaire d’Inatès.
Quoi qu’il en soit, cette attaque, la plus meurtrière qu’ait connue l’armée nigérienne jusque-là, vient rappeler la nécessité de toujours garder l’arme au pied et surtout d’avoir un œil vigilant sur cette fameuse zone des trois frontières où pas plus tard qu’à la mi-août, l’armée burkinabè perdait 24 soldats suite à l’attaque du camp de Koutougou dans le Nord du pays, ainsi que Mondoro et Boulkessi au Mali.
Et selon toute vraisemblance, tout porte à croire que dans les deux cas, les assaillants sont venus du Mali voisin dont le Nord, et c’est n’est un secret pour personne, échappe au contrôle de Bamako. Du reste, en mi-novembre dernier, au motif de repli tactique, l’armée malienne elle-même abandonnait, face aux assauts meurtriers répétés des groupes armés terroristes qui écument la région, certaines de ses positions jugées trop isolées au Nord du pays, notamment celles de Labbezanga, Anderaboukane et surtout Indelimane où 54 éléments des Forces armées maliennes ont été tués lors d’une attaque, le 1er novembre dernier.
De ce point de vue, tant que le Nord du Mali, surtout la région de Kidal restera un nid d’abeilles où des individus sans foi ni loi pourront toujours trouver refuge après leurs forfaits, l’insécurité au Sahel aura de beaux jours devant elle. Et ce n’est pas demain la veille que l’on viendra à bout du terrorisme dans ces contrées.
En tout état de cause, l’on ne saurait raisonnablement aborder cette question sans évoquer la question du statut de la ville de Kidal qui appelle à une clarification. En tout cas, de plus en plus, des voix s’élèvent jusque dans des palais présidentiels, pour attirer l’attention sur le cas de Kidal.
Car, il n’est un secret pour personne tant que la ville rebelle de Kidal échappera au contrôle de Bamako et sera l’objet d’ambigüités de la part de la communauté internationale, les pays du Sahel ne connaîtront jamais la paix. A commencer par le Mali lui-même.
A ce propos, on continue de se demander si les récents propos du représentant de la MINUSMA ne trahissent pas sa pensée profonde et au-delà, la position de la communauté internationale qui l’a mandaté.
En rappel, lors du congrès du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) tenu en fin novembre 2019 à Kidal, le représentant de la force onusienne avait, dans ses propos, souhaité la bienvenue aux délégations « venues du Mali et de l’étranger ». Des propos qui ont suscité un tollé général au Mali et le courroux légitime des autorités de Bamako qui lui ont donné 24 heures pour quitter le pays. Quoi qu’il en soit, c’est peu de dire que dans la crise que vit aujourd’hui le Mali et qui a des répercussions sur l’ensemble de la sous-région ouest-africaine, il y a un véritable malaise qu’est Kidal. Et à l’analyse de la situation, l’on peut se demander si Kidal ne fait pas l’objet d’une vaste hypocrisie internationale où l’on clame de jour son appartenance au Mali, alors que de nuit, on en fait une entité à part entière.
En tout état de cause, l’urgence de la situation sécuritaire commande aux Nigériens, Maliens et Burkinabés de resserrer les liens de l’unité nationale et de la cohésion sociale en mettant en sourdine, ne serait-ce que momentanément, les querelles byzantines afin de faire bloc derrière les autorités politiques et les forces de défense et de sécurité, tout en priant le Tout-Puissant et le Tout- miséricordieux de nous donner la force nécessaire en ces circonstances douloureuses.
L’heure n’est point aux lamentations, ni à la chicanerie politique, encore moins aux débats stériles qui ne sont au finish, sources de division et de pertes d’énergie.