La diaspora contribuait, en 2018, par ses envois d’argent, à près de 7 % du PIB malien. Une manne qui permet de maintenir la consommation et un taux de croissance de près de 5 %, malgré l’insécurité qui persiste depuis 2012.
Les trois enfants d’Aminata (le prénom a été modifié) vivent depuis plusieurs années dans l’Hexagone. Ils travaillent dans l’hôtellerie et sacrifient chaque mois une partie de leur paye pour leur mère : « En tout, je reçois près de 300 euros de leur part. » Cette cantinière à la retraite précise que l’argent de sa première fille part dans les factures, celui de la seconde dans les soins, et l’argent de son fils dans la nourriture. Un revenu bienvenu qui complète sa pension de retraite de 60 000 francs CFA (90 euros). D’après une source proche du ministère des Maliens de l’extérieur, les fonds reçus de la diaspora malienne en 2016 étaient dépensés à 80 % pour les besoins sociaux, à 15 % dans le développement communautaire et 5 % étaient consacrés au secteur productif.
Selon la Banque mondiale, le Mali décroche la 9e place des pays recevant le plus d’argent de sa diaspora, et la 3e place des pays francophones – derrière le Sénégal et la République démocratique du Congo –, avec 900 millions de dollars (812 millions d’euros) en 2018, contre 1,059 milliard de dollars en 2017, soit 6,7 % du PIB national. Sur ce total, 245 millions provenaient des 120 000 Maliens vivant en France en 2016. Ces données sous-estiment les sommes envoyées à l’origine car elles n’incluent pas les coûts de transfert ni les circuits informels difficiles à capter, et dament le pion aux 473 millions d’euros d’aide publique au développement accordés par la France entre janvier 2013 et septembre 2017.
Un facteur de stabilisation de l’économie
En février, Soukeyna Kane, la directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Mali, la Guinée, le Niger et le Tchad, basée à Bamako, précisait que « ces transferts proviennent principalement de la France, du Nigeria et du Gabon ». « En outre, si l’on prend aussi en compte les montants reçus par des canaux informels, les transferts au Mali représentent sans nul doute un facteur important pour le financement du développement dans ce pays », ajoutait Mme Kane. Avec une augmentation notable au début de la crise sécuritaire (offensive des groupes djihadistes fin 2012) – passant de 784 millions de dollars en 2011 à 827 millions en 2012, puis à 895 millions en 2013 –, les transferts constituent un facteur de stabilisation de l’économie malienne, permettant de maintenir la consommation et un taux de croissance de près de 5 %, malgré l’insécurité qui persiste depuis 2012.