Il existe des écoles de football partout au Mali, mais celles-ci manquent presque de tout pour être opérationnelles. L’Essor a fait un petit tour dans quelques centres de Bamako.
Manchester United, c’est le nom d’un centre de football dont les joueurs s’entraînent tous les jours sur le campus de la Cité des enfants à Niamakoro. A quelques mètres de là, évolue un autre centre qui porte le nom de son promoteur, Mamadou Sidibé. Des centres de ce genre, on en dénombre des centaines à travers Bamako et dans les grandes villes du Mali. Partout où l’on passe, on rencontre des mômes qui s’entraînent sur des espaces vides, dans les cours des écoles et souvent même, entre les murs de deux concessions. Impossible aujourd’hui de trouver un quartier à Bamako où il n’existe pas de centres de football.
En fait la prolifération des écoles de foot a commencé il y a plus d’une décennie et il existe trois types de centres : les écoles de football de l’état qui sont dirigés par des anciens sportifs, les centres privés et les centres appartenant aux clubs. Jusque-là, il n y a pas de statut proprement dit pour les centres de foot, mais on remarque que nombre de joueurs qui font actuellement le bonheur de l’Equipe nationale, sont les produits de ces écoles qui font rêver tant de mômes. Parmi ces joueurs, on peut citer le capitaine des Aigles Seydou Keïta dit Seydoublen, Cheick Tidiane Diabaté, Soumaïla Diakité, Adama Tamboura…
Mais si les centres de football ont permis à beaucoup de joueurs maliens de s’exporter et contribué au développement de notre football, force est d’admettre que ces écoles sont totalement dépourvues de moyens et ne disposent d’aucune administration digne de ce nom. «Quand nous avons créé notre centre, l’objectif était de former les enfants pour les vendre. Nous pensions qu’on allait avoir un peu de moyens pour réaliser notre projet, mais jusque-là, personne n’a accepté de nous accompagner. C’est très difficile de faire avancer les choses dans ces conditions», témoigne Dja Patrice le coach ivoirien de Manchester United.
Au total, une quarantaine de jeunes âgés de 6 à 14 ans sont inscrits dans ce centre dont Mohamed Touré élève en 5è année au collège Horizon et capitaine de l’équipe. «Je me suis inscrit au centre parce que je veux être un joueur professionnel et jouer un jour dans des grands clubs en France, en Espagne ou en Angleterre», dira le jeune «mancunien», en présence de sa mère, Mme Touré Awa Traoré qui vient encourager son enfant de temps en temps. «Mohamed est un fan de Lionel Messi, nous-a-t-elle confié, il voulait à tout prix s’inscrire dans un centre de football». Mme Touré Awa Traoré rendra ensuite un vibrant hommage au coach Dja Patrice pour son courage et son amour pour les enfants. «A chaque fois qu’un enfant tombe malade ou a un problème de quelque nature que ce soit en famille ou à l’école, il mobilise toute l’équipe», témoignera la mère de Mohamed Traoré. Boureima Traoré, 12 ans, élève en classe de 5e à l’école privée Alfas est également pensionnaire de Manchester United. “Je suis attaquant de Manchester United.
C’est mon père qui m’a inscrit dans ce centre, ici la cotisation mensuelle est de 1000F cfa, explique le môme. Les entraînements se font samedi et dimanche sur l’espace sportif de la Cité des enfants. Nous avons a joué une fois contre l’équipe du Brésil de Daoudabougou et on a perdu 4-1. Je me sens bien ici, mon rêve est de devenir un jour comme les Seydou Keïta, Frédéric Kanouté, Mamadou Samassa etc…», dira le jeune garçon.
Pour le secrétaire général du CSK, l’un des premiers centres de foot du Mali, les écoles de football sont comme des associations dont la création est libre au Mali. «Toutefois, précisera Yaya Sidibé, si l’on tient compte des textes de la FIFA aucun centre de formation au Mali n’est en règle». Ces propos seront confirmés par l’entraîneur Aliou Badara Diallo que nous avons joint au téléphone à Lyon et qui dira «qu’aucun centre de football au Mali ne respecte les textes en vigueur».
Selon lui un centre de foot doit obligatoirement avoir un logement, un infirmier, une cantine, des moyens de déplacement et une école pour tous ses joueurs, ce qui n’est pas le cas pour les nôtres. Exception faite peut-être du centre Jean Marc-Guilloux. Dans tous les cas, rappellera Yaya Sidibé l’objectif d’un centre, c’est la formation des jeunes, «or on s’aperçoit aujourd’hui les gens ont tendance à créer les centres pour pouvoir vendre les joueurs. Il faut réorganiser ces écoles pour les rendre plus efficaces, conclura le secrétaire général du CSK. Seydou Koné est étudiant à la Flash.
Ancien pensionnaire du centre de formation du Djoliba, il déplore lui aussi, les conditions de travail dans les écoles et assure que c’est le manque de moyens qui décourage la plupart des enfants à fréquenter les centres. «J’ai quitté le centre du Djoliba parce que j’ai eu une fracture au niveau du genou. Suite à cette blessure, je suis resté deux ans à la maison sans rien faire, et aucun dirigeant ne m’a rendu visite. Après ce calvaire, un ressort s’est cassé, je ne pouvais plus continuer ma carrière», confie l’ancien coéquipier des Sidi Yaya Keïta, Drissa Diakité et Daouda Diakité.
Le centre Barcelona que dirige l’ancien joueur du Sigui et du CSD, Mohamed Lamine Dembélé compte une cinquantaine de pensionnaires âgés de 6 à 15 ans. L’équipe s’entraîne sur le terrain du campus Christ à Niamakoro et comme l’avoue le coach lui-même, ici également on fait avec les moyens du bord. «Je me débrouille comme tout le monde», résume le technicien qui assure que l’idée de créer un centre lui est venu «comme ça». «Pour le départ, indiquera Mohamed Lamine Dembélé, j’ai commencé avec une poignée de jeunes.
Avec le soutien des familles des enfants, les choses sont allées vite et nous avons pu mettre l’équipe en place. Dans notre centre, l’inscription coûte 2000F cfa, tandis que la cotisation mensuelle est fixée à 1000F cfa», précisera le technicien. Pour lui comme pour tous les autres encadreurs, le salut passe nécessairement par une réorganisation des centres avec l’implication des autorités sportives du pays.