Le 31 octobre 2019, le Tribunal de la commune V a eu la main lourde contre les deux activistes, en les condamnant à 2 ans de prison ferme suite à une plainte conjointe du Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et du Syndicat libre de la magistrature (Sylima). Gardés à la Prison centrale après le jugement, les deux condamnés n’y ont passé qu’environ 16 jours. Ils ont été libérés lundi à la Cour d’appel de Bamako, qui a revu leur peine, transformée en condamnation à 2 ans avec sursis.
Cet allègement de la peine des deux activistes, faut-il le rappeler, est le fruit d’énormes médiations menées par des personnes de bonne volonté. Ce, après une lettre d’excuses adressées aux magistrats par les deux condamnés.
“Dans notre démarche, on avait décidé de ne pas porter plainte contre les hommes de presse et les activistes que nous pouvons considérer comme des partenaires. Parce que nous sommes des organisations syndicales, nous avons besoin d’eux pour faire passer nos messages. C’est pourquoi lorsque nous étions en grève, l’animateur Vieux Blen a dit des contre-vérités sur le salaire au niveau de la corporation. Très remontés, les deux syndicats se sont décidés à porter plainte contre lui, mais aux termes d’un vote à l’interne, nous avons laissé tomber la plainte. Ce n’est pas tout. Durant cette même grève, Abdoul Niang a dit sur les ondes que les membres de notre syndicat auraient été aperçus avec des militaires. Nous avons aussi renoncé à porter plainte contre lui à cause de son statut. Aussi l’activiste Ras Bath a affirmé que notre mouvement de grève a été infiltré et que certains voulaient le coup d’Etat. Nous nous sommes réunis aussi après ces propos, notre position n’a pas changé : laisser les activistes et les hommes de presse”, a expliqué le président du Sam à la barre. Il a ajouté que de nombreuses personnes sont intervenues, mais qu’il a fléchi à cause de Me Abdrahamane Ben Mamata Touré, qui est son ami de longue date. Le président du Sylima, Hady Macky Sall, a précisé que ce procès était pédagogique et que c’est à la veille de l’audience en appel que les deux syndicats se sont réunis pour accepter le pardon demandé par les activistes.
Accompagner désormais la justice
A la barre, les deux jeunes activistes ont parlé d’incompréhension et demandé à nouveau pardon aux magistrats. Ils ont réitéré leur ferme volonté à les accompagner désormais dans l’accomplissement de leurs missions.
“Moi, je suis le président d’un mouvement qui s’appelle Mali-Dambé en marche. Et tout le monde sait au Mali que cette organisation a été créée non seulement pour la promotion de nos valeurs sociétales, mais aussi pour le respect des personnalités, car, de nos jours, on rencontre toutes sortes d’insultes sur les réseaux sociaux à l’égard des autorités et des vieilles personnes. Ce n’est pas tout : j’ai eu à défendre maintes fois les magistrats dans mes vidéos, donc vous comprenez aisément que je ne peux pas me contredire en insultant cette corporation. Donc comprenez que c’est une incompréhension et je vous présente toutes mes excuses et considérer moi comme votre frère et un de vos soutiens”, s’est défendu Bouba Fané. Même son de cloche chez Abdoul Niang qui a aussi demandé la clémence des magistrats.
Les avocats des deux jeunes ont remercié les deux syndicats et toutes les personnes de bonne volonté qui se sont investies pour cet heureux dénouement.
“Je suis très content pour leur libération, ce sont des jeunes dynamiques, valables qui auront beaucoup à apporter à ce pays. Leur incarcération était une incompréhension, c’est pourquoi je remercie le Sam et le Sylima pour leur sens du pardon”, a confié Cheickna Bathily, vice-président de Mali-Dambé en marche qui s’est beaucoup investi pour leur libération, tout comme un homme de radio très connu de la place et de nombreux autres confrères à l’image d’Abdoulaye Koné.