Le vendredi 20 décembre 2019, en marge des travaux du Dialogue national inclusif, le Haut Conseil Islamique avait invité les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix (CMA et plateforme) à une grande prière. Réunis autour du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, cette prière s’est très vitre transformée en second round du Dialogue, réservé aux repentis. En effet, Maître Harouna Touréh, prenant la parole, déclarera que les groupes armés de la CMA et de la Plateforme implorent le pardon du peuple malien.
L’information très vite fait le tour des réseaux sociaux et alimente les débats. Si certains Maliens saluent le pardon et estiment que ce pardon permettra de tourner la page de la division nationale, d’autres, par contre, exigent la justice et le retour immédiat de l’armée malienne à Kidal. Les débats prennent une autre tournure lorsque, dans la nuit du vendredi et tôt le matin du samedi, des voix officielles de la CMA et de la Plateforme déclarent que Maître Harouna Toureh n’a reçu aucun mandat pour parler en leur nom. Des communiqués officiels tombent à la mi-journée du samedi 21 décembre 2019.
Dans le communiqué N°25/CD/CMA/2019, signé par son porte parole Eouari Ibrahim AG EOUEGH, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) se désolidarise des déclarations de Me Harouna Toureh.
La CMA rappelle rappelle que Me Toureh n’a reçu aucun mandat pour parler à son nom et qu’en conséquence, ses propos n’engagent pas la CMA. Toujours dans son communiqué, la CMA soutient que ses revendications sont légitimes et qu’au stade actuel, il est prématuré de présenter des excuses quelconques. « La Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) à pied d’œuvre depuis 2016 pour faire l’état des lieux est un outil important pour déboucher sur un ensemble de mesures propres aux pardons et aux réparations méritées. La CMA participe activement à cet exercice et ne saurait anticiper sur les procédures mises en œuvre », précise le communiqué.
Même son de cloche du coté de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014. Dans un communiqué signé de son porte-parole, Moulaye Ahmed Ould Moulaye, ces groupes armés proches de l’Etat malien déclarent n’avoir commis aucun acte qui puisse nuire à la nation malienne ou à ses valeurs.
Créée le 14 juin 2014, la Plateforme regroupe l’ensemble des mouvements ayant en partage la défense de l’unité nationale et la sauvegarde des valeurs républicaines. Elle dit être restée loyale à la République et fidèle à ses idéaux de création. Pour le Mali, la Plateforme dit avoir enduré les sacrifices ultimes. Elle se dit victime des comportements pour lesquels le sieur Harouna Toureh a cru devoir demander pardon aux Maliens en son nom.
La Plateforme va plus loin encore dans son communiqué en donnant une indication des personnes qui, selon elle, devraient demander pardon au peuple. Ce sont :
• Ceux qui ont des cas de conscience pour avoir versé à tort le sang des maliens innocents,
• Les responsables de crimes contre les populations et les FAMAS,
• Ceux qui ont endeuillé des centaines de familles maliennes fauchant des milliers de veuves et d’orphelins,
• Ceux qui ont empêché nos enfants d’aller à l’école,
• Ceux qui servent de couverture pour les groupes terroristes.
Pour terminer la Plateforme rappelle que Me Harouna Toureh n’appartient plus à la plateforme et n’a aucune légitimité à parler en son nom.