Le militant franco-béninois et président d’Urgences panafricanistes Kémi Seba est en garde à vue depuis samedi à Ouagadougou. Il avait participé, samedi 21 décembre, à l’université de Ouagadougou 1, à un débat houleux sur le franc CFA.
Au cours de ce débat le 21 décembre à l'université Ouagadougou 1 sur le franc CFA, le militant franco-béninois Kémi Seba a traité le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré de « passoire politique ». Des propos mal accueillis par des jeunes proches du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Il a été amené à la gendarmerie, dans un premier temps, pour le mettre à l'abri de partisans du parti au pouvoir en colère. Mais dans un second temps, les gendarmes lui ont expliqué qu'il était en garde à vue. Maître Prosper Farama a pu rencontrer son client, samedi en fin d'après-midi :
« Dès mon arrivée, l'agent enquêteur lui a signifié que sur de nouvelles instructions du procureur, désormais, il devrait considérer qu'il était retenu dans le cadre d'une procédure engagée contre lui pour injure à l'encontre du chef de l'État, M. Roch Christian Kaboré. Au delà des injures, on lui reproche d'avoir incité les populations et notamment la jeunesse à la révolte ; d'avoir aussi, d'avoir tenu certains propos, notamment en disant que sous le régime du président Compaoré, la sécurité était mieux assurée au Burkina que sous le régime du président Kaboré. Il avait, par ce fait là, tenté de démoraliser, selon les termes de l'agent enquêteur, "tous ceux qui se battent au Burkina Faso contre le terrorisme. »
Pour Hervé Ouattara, le responsable du Front anti-CFA qui avait invité Kémi Seba à participer au débat, son interpellation marque les limites de la liberté d’expression au Burkina Faso.
« Pour nous, c'est une entrave à la liberté d'expression, déclare-t-il. Nous nous sommes battus pour cette liberté. Je pense que c'est au prix du sang que nous avons acquis cette liberté. Le président Kaboré est aujourd'hui le prix de cette lutte. Donc pour nous, arrêter Kemi Seba parce qu'il a juste traité le président Kaboré de "passoire politique", c'est revenir en arrière. L'attitude du régime actuel n'est pas pour favoriser le développement, l'expression de cette liberté ».