En Afrique particulièrement au Mali, financer sa copine ou sa femme pour qu’elle se fasse plus belle à l’occasion de la fête de Saint-Silvestre (31 décembre) est presque une obligation pour les hommes, à tel point que certaines femmes n’hésitent pas à faire la pression sur leurs compagnons afin de mettre la main sur cet argent. Robe, coiffure, chaussures, parfum font partie de cette liste interminable d’articles à se procurer à cette occasion. Mais, sur le sujet, les avis divergent, les arguments aussi
« Sortir déjà avec une fille à Bamako est devenu compliqué. 31 décembre ou pas, il faut subvenir à ses besoins et l’aider financièrement à chaque fois qu’elle devra se rendre à une cérémonie. Tu joues en quelque sorte le rôle du « papa ». Alors quand vient la Saint-Silvestre, il faut bien évidemment mettre la main à la poche et contribuer doublement ! Je crois que nous sommes déjà habitués à ce phénomène. A l’approche de la fête, tout doit être prêt pour faire plaisir à Madame, on sait déjà à quoi s’attendre dans le cas contraire. C’est plus qu’une obligation, c’est devenu un devoir, une condition non négociable », estime Baba Coulibaly, enseignant.
« Quand on aime une femme, la soutenir financièrement est une obligation, à moins que vous ne voulez qu’un autre le fasse à votre place. Alors, tu dois habiller ta femme pour le 31 décembre pour qu’elle soit la mieux appréciée de toutes et faire des jaloux », justifie pour sa part, Mamadou Sylla commerçant.
« Tout laisser au compte de l’homme est une mauvaise idée. C’est à la femme de se prendre en charge en ce 21è siècle ou du moins aider l’homme en simplifiant les dépenses. Surtout si ce dernier ne travaille pas, parce que, dans ce cas, il serait tenté, dans l’obligation de satisfaire aux moindres caprices de sa dulcinée, d’aller jusqu’à voler », dit, pour sa part Guadjala Timbely étudiante.
« Financer sa femme ou sa copine pour le 31 décembre n’est pas une obligation. D’abord, ce n’est pas une fête religieuse. Donc, il n’y a aucun caractère obligatoire. Je peux comprendre pour la Tabaski, ou le Ramadan, Noël ou Pâque, mais le 31 décembre c’est inexplicable», pense Fanta Anne Racky Sangaré.
« Les jeunes filles d’aujourd’hui sont prêtes à tout pour mettre la main sur cet argent de 31 décembre. Beaucoup d’entre elles se retrouveront enceintes juste après, puisque les hommes ne vont leur donner sans contrepartie. Alors obligation ou plaisir, je conseille aux filles de ne prendre de l’argent d’aucun homme. Restez sagement chez vous », conseille Ousmane Diarra, boutiquier.
Entre les partisans de l’autonomie des filles et les adeptes de la prise en charge, le débat n’est jamais tranché. A l’heure où l’on parle d’égalité et de la promotion du genre, la question a tout son sens !