Ironie de l’histoire ou malédiction divine, cette grande mobilisation du peuple malien (53,5% de taux de participation) va peut-être pondre la victoire d’un candidat qui n’a rien à prouver, Ibrahim Boubacar Kéita. Hier dans des propos écorchés, le ministre de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, Colonel Moussa Sinko Coulibaly a levé un coin de voile sur le tiers des résultats. Même s’il a affirmé que le travail de la Commission Nationale de centralisation des résultats est au niveau de la confrontation des données chiffrées avec les Procès-Verbaux, tous les esprits malins ont compris la suite.
Surtout, qu’il ajoutera que le candidat des tisserands garde une large avance sur son poursuivant direct, Soumaïla Cissé. Et quand cet écart est maintenu qu’il n’y aura pas de deuxième tour. En attendant, le reste des résultats provisoires et la déclaration officielle des sages de la Cour Constitutionnelle, tout laisse à croire que celui dont la seule marque distinctive lors de cette campagne a été la qualité de ses affiches, dirigera le Mali dans les cinq ans à venir. Des affiches confectionnées par une société étrangère, l’agence de communication Vodoo.
Sans faille, au moment où toutes les énergies convergent pour remettre debout notre chère patrie, les urnes viennent de l’inculquer un triste sort. Celui de la gestion d’un leader politique qui n’avait aucune retenue, après avoir jeté l’école malienne dans l’abîme, de dire aux pauvres enfants maliens que s’ils refusent d’aller à l’école que leurs enfants (des bourgeois) reviendront d’Europe pour les diriger ici. Celui qui, par obsession pour la force à mater dans ce pays tout ce qui bouge : élèves, enseignants, politiciens de l’opposition, religieux, vendeurs de pain…
Celui qui aurait proposé à Alpha Oumar Konaré de briguer un troisième mandat, afin de lui permettre de se la couler douce à la primature avec ses colportes d’opérateurs économiques, fabriqués de toutes pièces. Celui qui a défendu à cor et à cri le sanguinaire Laurent Gbagbo, pendant la crise ivoirienne. Celui qui s’est opposé à visage découvert à l’instauration du bureau du vérificateur générale au Mali.
Avant le coup de sifflet des sages de la Cour Suprême, tous les vrais fils de ce pays doivent méditer sur le sort du Mali entre les mains de cet homme sans programme de société mais grand ami des épaules galonnées et des têtes enturbannées. De ces vingt ans de parcours politique, celui qui risquera de gérer le Mali pour un nouveau quinquennat n’a jamais accepté de souffrir dans une quelconque opposition, il a toujours vécu dans une opulence tronquée où il trinquait avec des verbiages et de la logomachie pour embrumer tous les grands enjeux.
Par son désir ardent de monter coûte que coûte et quoi qu’il en coûte à Koulouba, nombreux de ses beaux discours teintés des mots latins sont passés inaperçus.
Dans la souffrance, les Maliens ont fait l’erreur de porter leur choix sur celui dont tout le monde sait qu’il a dans la tête un barrage intellectuel en béton armé, qui à la différence de celui de Manantali produit beaucoup d’électricité , mais vraiment jamais de lumière.