L’année 2019, qui vient de s’achever, a été marquée par un traumatisme collectif chez les Maliens. Les attaques terroristes ont été plus nombreuses et plus meurtrières que par le passé. Il en a résulté un désarroi tel qu’ils se prêtent à la manipulation la plus invraisemblable : les forces françaises venues les protéger de l’emprise jihadiste sont désormais perçues et traitées comme celles-là mêmes qui instrumentalisent, voire fabriquent le jihadisme aux fins de détruire ce qui reste du Mali et faire main basse sur les ressources de son sous-sol.
Aussi devient-il urgent de les chasser, à l’instar de celles de l’ONU, accusées de » ne servir à rien » quand elles ne participent pas, elles aussi, à un prétendu complot international contre le Mali.
Les traditionnels conflits entre sédentaires dogons et nomades peuls, récupérés et attisés par Amadou Koufa, ce fanatique qui rêve de ressusciter l’empire musulman du Macina, ont dérivé en guerre communautaire dévastatrice, faisant des centaines de tués et de blessés, ruinant les économies locales et jetant sur les routes des milliers de déplacés. Lesquels sont venus aggraver le spectacle de misère des grandes agglomérations, dont Bamako.
Les agressions, enlèvements, dépouillements et assassinats de personnes sont devenus le lot quotidien de nos compatriotes où qu’ils se trouvent.
Les luttes catégorielles, qui avaient atteint un pic dans la deuxième moitié de 2018 avec la grève de cent jours des magistrats, se sont poursuivies dans des secteurs ultra sensibles comme la santé et l’éducation. Au grand dam des couches démunies.
Mûs davantage par la cupidité, l’égocentrisme, les querelles de leadership que l’idéal qui animait le père fondateur de la République Modibo Keïta, les dirigeants politiques se sont avérés incapables de bâtir le consensus minimum indispensable au fonctionnement régulier des institutions. La conséquence en est que nous sommes dans un système qui s’apparente plus à une autocratie qu’à une démocratie. Avec en prime, si l’on ose écrire, une gestion clanique et familiale.
Le Dialogue National Inclusif (NDI) se présentait comme le cadre idoine pour la prise en charge de ces préoccupations (elles ne sont pas exhaustives) dans l’unité retrouvée de la classe politique et de la société civile. Ce ne fut pas le cas, il faut bien en convenir. Dès lors le régime en place se trouve face à un dilemme.
Se drapant dans sa nouvelle légitimé acquise auprès des 3000 délégués venus de toutes les régions (y compris Kidal la rebelle) et issus de tous les compartiments de la société, il peut être tenté de poursuivre la gestion du pays avec les seuls signataires de l’accord politique de gouvernance du 2 mai 2019. L’autre alternative consisterait à engager plus sérieusement la discussion avec les forces ayant boudé le DNI en vue de parvenir à un arrangement sur les points de frictions.
C’est la voie la moins aisée mais aussi la plus productive en termes de paix sociale et de stabilité politique. Celle qui offre la meilleure garantie pour la mise en œuvre réussie des résolutions pertinentes qui ont découlé de ces assises. Pour que 2020 ne soit pas une réédition de 2019. Voire pire.